Asbestos, une histoire minière et syndicale depuis plus de cent ans
Asbestos, une histoire minière et syndicale depuis plus de cent ans
Asbestos, une histoire minière et syndicale depuis plus de cent ans Asbestos en photos Filons d'histoire Johns-Manville Photo Société d'histoire d'Asbestos
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Cantons de l'Est
Origine
de l'exploitation minière

Naissance d'un village
Milieu en formation
(1907-1918)

Exploitation minière
et urbanisation
(1919-1929)

Dépression
des années 1930
Vie ouvrière,
syndicalisation et grève

Conclusion
Filons d'histoire
Pages : 1-2-3-4-5

Dépression des années 1930 – Page 3

En marge de la crise : la « cité » d'Asbestos
Bureau de poste d'Asbestos
Bureau de poste d'Asbestos
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Ayant insisté davantage jusqu'ici sur l'action des élus municipaux concernant le secours direct et les différentes formes de soutien apporté aux familles dans le besoin, il ne faut pas oublier que, durant toutes ces années, la communauté vivait au rythme typique d'un village. Il existait bel et bien une vie parallèle à cette détresse humaine qui a longtemps retenu l'attention du conseil qui, de son côté, se devait de vaquer aux fonctions quotidiennes. La vie continuait malgré tout. La table du conseil planifiera une gestion permettant non seulement de capitaliser sur les forces locales, mais aussi d'assurer le renouvellement de politiques efficaces afin d'améliorer le visage de la communauté. Tout fut mis en oeuvre dans le but de faire progresser Asbestos pour qu'elle puisse aspirer à de nouveaux horizons.

Dès l'aube des années 1930, la municipalité173 va s'intégrer dans un nouveau créneau, celui des réseaux d'organismes destinés à représenter et à défendre les intérêts de ses nombreux membres et ce, peu importe leur importance géographique. La Ville va adhérer à une entité bien connue de nos jours : l'Union des Municipalités du Québec174, ouvrant ainsi une porte de plus à sa reconnaissance en tant que composante importante de la région. Mais la Ville conservera sa préoccupation constante de voir prospérer ce fleuron de l'économie locale, la Canadian Johns-Manville. Pour ce faire, la municipalité appuiera cette entreprise de manière presqu'inconditionnelle. On tentera de faciliter la tâche de la compagnie dans ses nombreux élans expansionnistes, notamment sur la question de l'expropriation des habitants ou plutôt du rachat des terres convoitées par l'industrie :

Expansion de la mine
Expansion de la mine
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« Que la population du village d'Asbestos qui est d'environ cinq mille âmes dépend entièrement pour sa subsistance de l'exploitation par la compagnie Canadien Johns-Manville Company Limited de sa mine d'Asbestos à cet endroit; Que pour faire face à la concurrence la compagnie doit diminuer au plus bas prix possible son prix de revient et pour cette fin elle a acquis une quantité considérable de terrains à des particuliers, afin de pouvoir exploiter à la surface, ce qui est moins coûteux que d'exploiter en profondeur, comme elle est obligée de le faire actuellement [...] Que les terrains que la compagnie a ainsi acquis sont situés du côté est de l'endroit où elle exploite actuellement et comprennent près de 99 % du bloc de terrain formant une superficie située entre sa mine et la rue Saint-Aimé et borné au nord, à l'est et au sud par la rue Saint-Aimé et à l'ouest par la ligne des rues Saint-Georges et Nicolet [...] Que la compagnie n'a pu acquérir à l'amiable ce qui reste de ce terrain [...] C'est pourquoi la Corporation du village d'Asbestos prie humblement votre Honneur de bien vouloir donner votre sanction à une loi intitulée "Loi concernant la Corporation du Village d'Asbestos". »

Le mot d'ordre était donc de favoriser au maximum l'essor du seul et unique moteur économique local pour mettre à flot les coffres municipaux, et d'autre part, s'assurer de la durabilité des investissements et de l'exploitation du minerai d'amiante à l'intérieur des limites du territoire d'Asbestos. On savait par surcroît que la menace initiée par le krach de 1929 planait audessus du potentiel économique de l'entreprise et de la ville.

Hormis cette prévenance aux doléances de la compagnie, le conseil n'en a pas moins porté ses efforts de gestion sur la vie quotidienne de la communauté, travaillant les orientations de l'administration courante. Dans le cadre de cette volonté interventionniste, au plus fort de la crise, on assistera à l'établissement d'une ligne de conduite commune, teintée d'une certaine discipline de vie. C'est dans cette optique que la prohibiton, par l'intermédiaire du règlement no. 88412, sera maintenue pendant toute cette période dans un but de garantir un équilibre social dans le village comme sur les chantiers de travail.

Jeune équipe de hockey
Jeune équipe de hockey
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Un autre fléau sera également enrayé à l'époque, d'une toute autre nature que le précédent, mais d'un facteur de risque aussi élevé : il s'agit de cette habitude prise par la jeunesse locale qui, en hiver, pratique allègrement la luge dans plusieurs artères de la ville. La compagnie formule une plainte au conseil, qui procèdera par la suite à l'interdiction pure et simple de cette activité dès l'année 1933. Ce sera aussi l'occasion pour la municipalité d'établir un couvre-feu dans le but de permettre une meilleure surveillance des rues le soir venu, et d'éviter une flânerie inutile et perturbante des jeunes à l'endroit des gens occupés à vaquer à leur travail ou aux familles en quête de repos :

« que ce conseil établisse le couvre-feu dans la municipalité, et qu'à partir de mercredi soir et à tous les jours l'alarme sonnera à huit heures et demie pour avertir les enfants dans leur famille et à qui les polices sont autorisés à passer par les différentes rues du village et s'ils rencontrent de ces jeunes dans les rues, de bien vouloir aller les mener chez eux et avertir les parents pour qu'il n'arrive pas d'autres choses si ils sont encore dans la rue une autre fois ou par la suite. »175

En fait, il semble bien que la municipalité tente de s'introduire dans diverses sphères d'activités, assumant pleinement le rôle qu'elle était appelée à jouer vis-à-vis la communauté. En fait, rien n'échappe à l'oeil vigilant des élus qui proposent de multiples mesures, dans les limites des pouvoirs qui leur sont attribués, pour gérer le plus adéquatement possible le noyau villageois dont ils sont responsables. Ainsi, on verra l'émergence de plusieurs résolutions, législations locales, pétitions, propositions ou suggestions, tendant à grossir un cadre municipal qui devient de plus en plus lourd à mesure que le milieu grandit. Bref, tout sera pour la municipalité le moyen d'agir sur l'évolution du milieu en procédant à des actions sous diverses formes : Comme la sensibilisation gouvernementale, en 1934, à savoir « s'il n'y aurait pas moyen de faire adopter une loi fixant un salaire minimum pour les mineurs et autres employés de mines et moulins d'amiante, ou faire autre chose qui serait un peu à l'avantage de ces mineurs ou employés176 »; le règlement de la question de l'heure avancée, « vu que la compagnie minière avancera ses horloges d'une heure [...] que ce conseil approuve et adopte pour cet été l'heure avancée à partir du 29 avril 1934 jusqu'au 30 septembre 1934 inclusivement177 »; le financement des activités religieuses de la fabrique, comme en 1936, concernant l'enterrement des personnes indigentes :

« Comme il arrive de temps à autre que des personnes ou familles étant à la charge de la municipalité décèdent et pour éviter tout embarras des membres du conseil au sujet de l'enterrement au point de vue religieux, que ce conseil est consentant à allouer la somme de 13 $ pour le service, cloche et fosse, à l'oeuvre de la Fabrique Saint-Aimé178 »; ou la recherche de fournisseurs de service pour la municipalité, entre autres, pour la question liée à l'alimentation électrique de la localité :

« Au sujet des comptes d'électricité reçus de la Shawinigan Water & Power, et vu que le contrat avec la Canadian Johns-Manville Co. pour nous fournir le pouvoir électrique n'est pas encore terminé et que ce conseil n'a pas de contrat direct avec la Shawinigan Water & Power un contrat direct avec eux, à des conditions plus avantageuses que nous avons actuellement à que ce conseil communique avec la dite compagnie pour avoir un contrat179 »;

Travailleur à la mine CJM
Travailleur à la mine CJM
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Même la compagnie minière est visée par ces mesures, alors que l'on adresse à celle-ci des requêtes bien précises, comme en 1937, pour l'embauche des travailleurs « que ce conseil demande aux autorités de la Canadian Johns-Manville Co. Ltd par son gérant H. K. Sherry, en vue de coopération avec ce conseil, de donner la préférence aux résidents de la municipalité [...] qui se présenteront au bureau de placement »180.

« Attendu que ce conseil municipal et les organisations locales désirent faire une belle célébration lors de la fête légale de Saint-Jean-Baptiste le 24 juin prochain, que demande soit faite aux autorités de la Canadian Johns-Manville Co. Ltd de suspendre toutes leurs opérations minières sur tout le plan du 24 au matin jusqu'à minuit le soir. Une proclamation du maire fermera toutes les places publiques pour ce jour férié. »181

Autant de domaines où la municipalité s'est montrée dynamique et préoccupée de poursuivre des politiques de gestion intégrée.

Enfin, il ne faut surtout pas oublier que le village d'Asbestos obtient son vocable de Ville en 1937, suite à des démarches entreprises précédemment pour obtenir cette « accréditation » auprès des autorités concernées :

« George VI par la grâce de Dieu, Roi de Grande-Bretagne, d'Irlande et des territoires britanniques au-delà des mers, Défenseur de la Foi, Empereur des Indes. Attendu que par la loi des cités et villes décrite, que le lieutenant-gouverneur en conseil peut ériger par lettres patentes a pris l'accomplissement des formalités présentés, le territoire d'une municipalité de village en municipalité de ville, s'il contient une population d'au moins deux mille âmes; Attendu que le conseil de la municipalité du village d'Asbestos dans le comté municipal de Richmond, conformément à une résolution régulièrement adoptée [...] nous a présenté une requête demandant que le territoire de la dite municipalité du village d'Asbestos soit érigé par une lettres patentes en municipalité de ville [...] Nous avons érigé et par les présentes érigeons la municipalité du village d'Asbestos, dans le comté municipal de Richmond, en municipalité de ville, conformément aux dispositions de la loi des cités et villes. »182

______________________

173 Procès-verbal du Conseil Municipal d'Asbestos du 2 avril 1930.
174 Procès-verbal du Conseil Municipal d'Asbestos du 5 février 1930.
175 Procès-verbal du Conseil Municipal d'Asbestos du 15 mai 1933.
176 Procès-verbal du Conseil Municipal d'Asbestos du 7 février 1934.
177 Procès-verbal du Conseil Municipal d'Asbestos du 21 mars 1934.
178 Procès-verbal du Conseil Municipal d'Asbestos du 4 mars 1936.
179 Procès-verbal du Conseil Municipal d'Asbestos du 6 avril 1936.
180 Procès-verbal du Conseil Municipal d'Asbestos du 8 février 1937.
181 Procès-verbal du Conseil Municipal d'Asbestos du 8 février 1937.
182 Procès-verbal du Conseil Municipal d'Asbestos du 8 mai 1937.


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