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À LA RECHERCHE DE CAPTAIN CANADA : LES HÉROS DES ANNÉES 1970

Ce qui montre combien la BD a été dominée par les États-Unis au cours des années 1950 et 1960, c'est que lorsque les superhéros canadiens effectuèrent finalement leur retour au cours de la période 1969-1974, ils étaient, au début, des bouffons. À croire que les dessinateurs et les auteurs canadiens reconnaissaient l'absence de héros canadiens, mais qu'ils ne parvenaient pas tout à fait – après avoir été soumis pendant 20 ans à un régime constant de BD étrangères – à prendre de tels personnages au sérieux. Néanmoins, après une véritable invasion de Captain Canada époustouflants et d'autres superhéros nationaux satiriques plutôt étranges, des créateurs entreprirent de représenter des personnages de superhéros nationaux de façon plus sérieuse. Deux facteurs contribuèrent à la reprise de cet intérêt : la publication de Patrick Loubert et Michael Hirsh, The Great Canadian Comic Books, une étude des BD publiées par Bell Features, et une exposition présentée en tournée par le Musée des beaux-arts du Canada, intitulée « Comic Art Traditions in Canada, 1941-1945 ». Ces deux réalisations firent redécouvrir aux dessinateurs et amateurs de BD canadiennes leur patrimoine perdu. Le même processus était en cours au Québec où la première étude historique des BD québécoises fut publiée en 1973 dans un numéro spécial de la revue littéraire La Barre du Jour.(5)

THE NORTHERN LIGHT

The Northern Light, le premier de la seconde génération de superhéros nationaux sérieux, vit le jour avec difficulté. Sa première histoire parut en juillet 1974 dans le second numéro d'Orb, revue de BD parallèle de Toronto. Écrite par l'Américain T. Casey Brennan, elle avait d'abord été destinée au personnage de BD américain, E-Man. John Allison, un artiste d'Orb, apprit l'existence de ce manuscrit non utilisé de Brennan et proposa de collaborer avec lui à la création d'une histoire. James Waley, l'éditeur d'Orb, accueillit l'idée, et Brennan et Allison préparèrent une histoire en deux parties dans laquelle ils utilisèrent le texte de Brennan, mais ils changèrent le nom du personnage pour celui de Phantom Canadian. Le nom ne plaisait pas à Waley, qui demanda à Brennan d'en trouver un autre. Celui-ci proposa le nom de White Light qui, à la suggestion de l'épouse de Waley, Sharon, fut changé pour celui de Northern Light.

Les difficultés relatives au baptême de Northern Light, qui portait un collant rouge et blanc avec un capuchon rouge, des gants blancs et une grande cape (celle-ci disparut dans le no 4 d'Orb), laissaient présager des problèmes encore plus graves découlant de la conception originale du personnage. Dans sa première aventure, Northern Light se rendait sur la planète Mars où il se trouvait entraîné dans un conflit entre le Haut conseil martien et un superhéros local, Lone Guardian, chargé de protéger sa planète contre les fléaux de l'humanité. Bien que cette histoire en deux parties révélât le grand talent de dessinateur de John Allison, l'aventure martienne ne constitua pas un bon départ pour Northern Light. Le texte était en effet ampoulé et peu convaincant, sans compter que l'identité canadienne du personnage n'était pas très apparente. La première version de Northern Light n'était donc rien de plus qu'un superhéros américain de deuxième zone portant un nom et un costume canadiens.

Le personnage fut récupéré et considérablement remanié par l'équipe qui prit la relève – l'auteur James Waley et l'artiste James Craig. Dans la seconde et dernière aventure de Northern Light, une histoire en trois épisodes, commencée en 1975-1976 dans les nos 4 et 5 d'Orb et terminée en 1977 dans le no 4 de la revue de BD américaine Power Comics, Waley et Craig donnèrent une nouvelle identité au personnage en le transformant en un puissant superhéros national. En fait, comme son nom l'indiquait, Northern Light rappelait quelque peu Nelvana of the Northern Lights, qui l'avait précédé.

Northern Light personnifiait maintenant un architecte désabusé du nom de Ian Davis, devenu un superhéros après que sa famille et lui furent enlevés par des extraterrestres. Ceux-ci se livrèrent à d'atroces expériences sur leurs captifs et tuèrent l'épouse et le fils de Davis. Davis fut secouru avant de subir le même sort. Les expériences auxquelles il avait été soumis lui laissèrent des pouvoirs surhumains dérivés des propriétés de la lumière, tels que la capacité de se fondre avec celle-ci (et donc, de devenir invisible), de briller d'un éclat insoutenable et de se déplacer sur des rayons de lumière. Il avait également acquis une force extraordinaire. Après ces épreuves (qu'il ne se rappela que lorsqu'il fut de nouveau capturé par les extraterrestres), il se retira dans une forteresse secrète dans le nord du Canada et devint le principal agent d'Alert, une agence de sécurité.

À la fin de sa dernière aventure, Northern Light, vêtu d'une nouvelle armure de combat, affronta finalement le chef des extraterrestres, Conquermind, responsable de toute la tragédie dont avait été victime la famille Davis. Méprisant, Conquermind informa le « plus grand superhéros du Canada » que les expériences sur sa famille et toutes les autres interventions des extraterrestres avaient tout simplement été faites dans le cadre d'un voyage éducatif organisé par les membres d'une culture bien supérieure. Furieux, Northern Light l'attaqua et, contre toute attente, supprima celui qui avait entrepris de conquérir son pays. Northern Light ne put savourer sa victoire, car son aventure se termina par une scène où on le voyait écrasé par la perte de sa famille. Comme beaucoup de héros de cette époque, le nouveau superhéros national du Canada était une âme tourmentée. Manifestement, détenir des pouvoirs surhumains dans les années 1970 était une expérience bien plus angoissante que celle qui consistait à détruire les pouvoirs de l'Axe dans les années 1940.

Bien que Northern Light ait été le premier superhéros national sérieux à apparaître après la période de l'âge d'or, son influence fut limitée en raison de plusieurs facteurs, dont la fermeture d'Orb avant que Craig et Waley n'aient vraiment trouvé leur rythme de croisière. Il est fort probable que le personnage aurait gagné en importance et en intérêt, car le travail ultérieur de Craig montra combien ce genre lui convenait.

Un autre facteur qui contribua à éclipser la création de Waley et de Craig fut la publication, en juillet 1975, de Captain Canuck (no 1). Bien que Captain Canuck soit apparu un an après Northern Light, il le devança chez les marchands de journaux et de BD, car le premier numéro d'Orb à être distribué nationalement fut celui de novembre 1975. Canuck s'était alors déjà imposé comme superhéros national canadien-anglais des années 70. En fait, sa première sortie peut être considérée comme le début de l'âge d'argent de la BD canadienne-anglaise. Le succès de la BD Captain Canuck tenait aussi au fait que, contrairement à Orb, qui était publiée en format magazine et principalement en noir et blanc, elle était en couleurs et en format type de revue de BD. Elle fut la première revue du genre à présenter un superhéros national canadien depuis près de 30 ans.

CAPTAIN CANUCK

Comme les débuts de Northern Light, ceux de Captain Canuck ne furent pas très prometteurs. Captain Canuck fut imaginé en 1971 par Ron Leishman, un artiste de Winnipeg, qui voyait la nécessité d'un superhéros résolument canadien pour incarner le nationalisme et le patriotisme croissants au pays. L'année suivante, Leishman rencontra un autre artiste, Richard Comely, avec qui il entreprit la création de son personnage. Ils voulaient, au début, appeler leur superhéros national Captain Canada, mais, pour des questions de droits d'auteur, ils se rabattirent sur Captain Canuck. Avant que le personnage fût complètement mis au point, Leishman quitta Winnipeg en 1974, laissant Comely terminer seul le travail. Après une année laborieuse, Comely publia lui-même le premier numéro de Captain Canuck. Bien que cette BD suscitât beaucoup d'intérêt dans les médias du fait de sa nouveauté, le premier numéro laissait beaucoup à désirer sur les plans du dessin et du texte, ce qui s'expliquait en grande partie par l'inexpérience de Comely.

Mais Comely persista, et ses dessins et ses textes s'améliorèrent dans les numéros suivants. En outre, grâce à son flair d'éditeur, il reconnut immédiatement l'énorme talent de deux jeunes artistes, George Freeman et Jean-Claude St-Aubin, qui lui proposèrent, en 1976, de travailler avec lui pour Comely Comix. À partir du no 3 de Captain Canuck, Freeman et Saint-Aubin se chargèrent de plus en plus des dessins, et Comely se concentra sur les textes.

Contrairement à ses prédécesseurs de l'époque de la guerre, Canuck s'enveloppait du drapeau, portant un costume rouge et blanc orné de deux feuilles d'érable rouges. (Le drapeau canadien de 1965 se prêtait évidemment plus à des créations vestimentaires que le Red Ensign.) Canuck paraissait aussi plus sensible à la dualité canadienne et formait un tandem avec un superagent québécois – Kébec, le premier de plusieurs héros secondaires canadiens-français à apparaître dans des BD canadiennes-anglaises. De plus, à cause de la foi chrétienne profonde de Comely et de sa volonté de donner à Canuck une identité indiscutablement canadienne, le personnage évitait autant que possible la violence. En un sens, ce superhéros convenait parfaitement à une puissance moyenne quelque peu méfiante de l'héroïsme et très consciente des limites du pouvoir. La plupart des aventures de Canuck se déroulaient dans les années 1990, au moment où le Canada était devenu une superpuissance grâce à ses ressources naturelles.

Canuck, comme Northern Light, avait acquis ses pouvoirs surhumains à la suite d'une rencontre avec des extraterrestres. Alors que Tom Evans, un agent de l'Organisation canadienne de la sécurité internationale (OCSI), campait avec un groupe de scouts, il se réveilla en pleine nuit et s'aperçut de la disparition des garçons. Il découvrit que des extraterrestres s'étaient emparés d'eux, puis fut lui-même capturé par eux et exposé à des rayons zeta. Ni Evans ni les scouts ne se rappelèrent cette rencontre, à part, dans le cas d'Evans, certaines images floues et agaçantes qui lui revenaient parfois à la mémoire. Les scouts étaient toujours contrôlés par les extraterrestres, alors que les rayons zeta avaient doublé la force et la vitesse normales de Evans. L'OCSI décidait de le recruter à cause de sa force surhumaine et d'en faire à la fois un symbole de la puissance et de l'autorité de l'OCSI et un héros représentatif du Canada.

Bien que la première aventure de Canuck ait servi à présenter le personnage ainsi que son milieu et ses associés, l'histoire, qui mettait en scène une invasion communiste au Canada et un système de contrôle psychique, n'était pas particulièrement mémorable. Et malheureusement, si sa seconde aventure – qui se passait en partie dans une cité perdue des Incas – était indiscutablement plus intéressante et ambitieuse, les lecteurs du premier épisode, paru dans Captain Canuck (no 3) au cours de l'été 1976, durent attendre jusqu'en 1979 pour connaître la fin de l'histoire. Comely travaillait alors au plan de la seconde moitié des aventures de Canuck, qui allaient faire de Captain Canuck l'une des plus remarquables BD de superhéros jamais publiées. La quête d'un superhéros protecteur du Canada, commencée au début des années 70, paraissait avoir enfin abouti.

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