|
|
|
|
|
|
|
La survie
« La famille pionnière d'autrefois avait pour souci principal la lutte contre tous ces facteurs naturels qui avaient raison de sa survivance : c'étaient la gelée qui détruisait les récoltes, la forêt à défricher, la nourriture et l'eau à s'enquérir quotidiennement et tous ces autres risques et périls, héritage de saisons successives. » (Souvenirs de Saint-Vincent, 1981: 464)
Le feu
Le feu était un danger pour les colons. Le feu pouvait brûler les récoltes du colon ainsi que sa maison, son écurie, etc. Il pouvait lui-même y périr. Le feu de brousse consume les herbes, les feuilles sèches et les broussailles. Les arbres échappent habituellement au feu. Le feu de brousse n'a généralement que quelques pieds de largeur. « Le feu de brousse proprement dit n'est guère dangereux; il ne court pas loin, le premier ruisseau l'arrête. Le feu de forêt, au contraire, est très redoutable. Il ne se produit qu'après une sécheresse excessive. Mais alors ce ne sont pas seulement les broussailles, ce sont aussi les arbres de haute futaie qui flambent. Le brasier mesure parfois cent mètres et plus de largeur et la chaleur interdit l'accès aux lieux. Les arbres tombent en travers des rivières ou les flammèches, chassées par le vent, propagent souvent le feu à une distance considérable. » (Borel, 1928: 114)
Les feux de prairie
« Les feux de prairie étaient toujours un danger, alors il fallait faire un garde-feu autour de tous les bâtiments. Les premiers colons construisaient leurs étables et leurs sheds avec des petites logs, utilisant de l'herbe pour l'isolation, et de la paille ou du foin pour le toit. Le fourrage pour les animaux était entreposé sur ces toits pour le protéger des lièvres, qui alors étaient surabondants. » (Histoire de Saint-Paul: 49)
La sécheresse
La prairie est semi-aride, c'est-à-dire qu'il n'y a pas beaucoup de pluie ou de neige. Au printemps et en été, lorsqu'il ne pleuvait pas, cela diminuait la qualité et la quantité de graines produites par les plantes. « Depuis longtemps, le gazon de la Prairie s'était desséché; (...) Le blé de Dunkirk, semé au début d'avril dans une terre bien préparée l'été précédent, végétait encore. Mais mon avoine, haute de huit ou dix pouces à peine, déjà épiait; l'instinct confus de la conservation la poussait, puisqu'il lui était interdit de se développer davantage, à concentrer toute sa substance à la formation de maigres épis destinés à assurer la survivance de l'espèce. » (Borel, 1928: 110)
La sécheresse et les vents chinooks
Les vents du chinook ne sont pas qu'un phénomène hivernal. L'été, des vents brûlants pouvaient balayer les prairies. Si ces vents venaient lorsque la sécheresse sévissait, les récoltes des fermiers étaient infailliblement anéanties.
Le gel
Une gelée hâtive peut détruire en une nuit toute une récolte. Les colons craignaient les nuits froides du mois d'août. « La nuit du 23 au 24 août, les colons de la Red Deer vécurent quelques heures de grande appréhension. Les blés en étaient alors à la maturité de lait, stage au cours duquel les grains gonflés d'un suc épais mais non solidifié encore ne sont pas entièrement à l'abri du gel. Toute la journée, le vent froid du Nord-Est avait soufflé. Mais, au coucher du soleil, il s'était subitement apaisé. Le ciel, très pur, autorisait la conjecture que le thermomètre tomberait bien bas jusqu'au matin. Je ne dormis guère cette nuit-là et me levai à plusieurs reprises pour consulter le thermomètre. Vers minuit, la colonne d'alcool indiquait 3 degrés au-dessus de zéro. (...) à cinq heures il atteignait -1.5 degrés. Quelques instants plus tard, je vis émerger le disque de soleil à l'horizon (...) Il s'en était fallu d'un demi degré à peine que le gel anéantit la moisson mûrissante. » (Borel, 1928: 198)
|
Les moustiques
Les moustiques, ou les maringouins, ont été davantage un problème pour les premiers pionniers. Au début du siècle, il y avait beaucoup de petits marécages dans les bas-fonds des terres. Ces lieux étaient très propices aux moustiques qui ont besoin d'eau stagnante pour se reproduire. La vaste majorité de ces petits marécages ont été drainés et asséchés avec le défrichage progressif des terres. Ces maringouins ont fait souffrir les premiers colons et, surtout, leurs chevaux et boeufs qui les affolaient.
« Peu nombreux les années sèches, les moustiques pullulent celles où viennent les grosses pluies. À maintes reprises, pendant mes labours, j'avais été obligé d'enduire le corps de mes chevaux d'une préparation à base de goudron destinée à les préserver de la piqûre des cruels insectes et de me couvrir moi-même le visage d'un grand voile. (...) Du 26 août au 4 septembre, aucune brise, si légère fut-elle, ne souffle sur la Prairie. Pendant la journée, le soleil chaud encore, n'était plus ardent comme en juin, en juillet et en début août. C'était le temps préféré des moustiques, éclos par millions sur les bords de mes marées à moitié desséchées. Les matins, dès que l'air s'attiédrissait, ils quittaient en vols serrés leurs retraites et se mettaient à tournoyer autour de mes chevaux. » (Borel, 1928: 220)
La chaudière à boucane
« Le nouveau pays présentait bien des inconvénients. Par exemple, les maringouins qui arrivaient en nuages au printemps. Le seul moyen de tempérer leur rage était la « chaudière à boucane. » (...) Ils gênaient les colons jusque dans leur sommeil et affolaient les boeufs durant le travail, au point que les pauvres bêtes prenaient l'épouvante pour aller se mettre à l'abri dans les broussailles. » (Souvenirs de Saint-Vincent, 1981: 16)
La grêle
« Or en 1901, une grêle formidable se déchargea sur St-Paul et détruisit complètement le foin et la récolte. Afin de sauver leur troupeau, les pères cherchèrent des pâturages dans les endroits non grêlés. » (Souvenirs de Saint-Vincent, 1981: 12)
Les incendies
Les incendies étaient également des catastrophes fréquentes de cette époque. Les maisons construites en bois, l'utilisation dangereuse du pétrole comme source d'énergie et l'installation nouvelle et parfois peu perfectionnée de l'électricité augmentaient les risques de feu :
« Incendie considérable. Quatre magasins, une confiserie, un café et le théâtre Kevin. Le bloc, étant en bois, est vite devenu la proie des flammes. On attribue (le feu) à une explosion de pétrole dont on se servait le dimanche en remplacement de l'électricité qui ne fonctionnait pas ce jour-là. » (Le Courrier de l'Ouest, 25/07/1907, p. 2)
« L'usine électrique de Fort Saskatchewan a été entièrement détruite par un incendie. La ville sera obligée de s'éclairer au pétrole pendant trois semaines, temps nécessaire pour la reconstruction des locaux et l'installation des machines. » (Le Courrier de l'Ouest, 24/10/1907, p.5)
« Le moulin à scie de Commell & Daniels, situé sur le bord de la rivière à l'est de l'hôtel Astoria, a été complètement détruit par le feu, de bonne heure mardi matin. Le moulin était assuré pour un montant de 1000 $. On ne connaît pas encore les pertes. » (Le Courrier de l'Ouest, 07/06/1906, p. 5)
|
Les accidents
« Une jeune fille électrocutée. Une jeune Allemande, nommée Alphonia Smythe, âgée de 14 ans, au service de M. Thos Bennett de Strathcona, a été victime hier d'un affreux accident. Comme elle entrait dans une place sombre elle posa, par inadvertance, la main sur un fil électrique qui n'était pas recouvert du tissu isolant. Elle fut foudroyée instantanément. » (Le Courrier de l'Ouest, 08/11/1906, p. 8)
Les enfants devaient prendre des précautions pour ne pas se blesser. Il arrivait, cependant, qu'il y ait des accidents. « Au printemps de 1891 nous avons mouvé sur la terre à papa et nous avons resté là pour deux ans et demie. La deuxième année que nous étions là sur la terre à papa, un soir, il a fait une feu de camp dehors et moi, en jouant, j'ai tombé les deux mains dans le feu à l'âge de cinq ans et j'ai passé trois mois les deux mains enveloppées. » (L'histoire de ma vie par Joseph O. Tremblay. Document des archives provinciales, no 80.331 SE)
Les accidents de ferme
Les accidents sur la ferme étaient assez communs. Cependant, les hôpitaux étaient très souvent éloignés et la médecine n'était pas aussi avancée que de nos jours. Après un accident, on était très souvent incapable de travailler pendant plusieurs mois. « La semaine d'ensuite après notre arrivée, un soir pour aller faire mon ménage, traire les vaches et soigner mes chevaux, j'ai monté dans une échelle au grenier de l'écurie et j'ai jeté du foin en bas pour soigner mes chevaux. Et partant pour descendre en bas, je mis le pied sur un petit tas de foin et j'ai glissé et aussi tombé en bas. Il y avait là aussi un des barreaux de l'échelle qui dépassait d'à peu près quatre pouces et ce bout de barreau-là m'a percé le côté droit et m'a déchiré tous près de quatre pouces de long et ensuite j'ai tombé sur le dos, en bas. Alors j'ai resté là sans connaissance et au bout de quelque temps voyant que je ne revenais pas à la maison, papa est venu voir ce qu'il y avait et il me trouva là sans connaissance. Alors ils m'ont transporté à l'hôpital aussi vite que possible et là ils m'ont opéré de suite et ils ont été obligés de me mettre une plaque d'argent pour me soutenir le côté et j'ai porté cette plaque pour des années et des années. J'ai passé six mois à l'hôpital et j'ai encore été six autres mois sans travailler. » (L'histoire de ma vie par Joseph O. Tremblay. Document des archives provinciales, no 80.331 SE)
Mauvaise eau
L'eau est traitée de nos jours dans des usines avant qu'elle se rend à nos robinets. Ce n'était pas le cas au début du siècle. L'eau n'était pas très polluée, mais il arrivait que parfois les gens soient malades à cause de l'eau. « Une mère est à l'hôpital malade avec cinq enfants. La cause est la mauvaise eau. » (Inscription dans le Codex historicus de la mission St-Joachim datant du 15 novembre 1898)
Les inondations
Les inondations de la rivière Saskatchewan étaient rares mais arrivaient quand même à l'occasion : « La rivière est débordée et on ne peut la traverser. L'eau a franchi les rives des deux côtés, elle atteint le moulin de M. Walter et a inondé sa cour. La brasserie de M. Cairns est entourée d'eau et le terrain plat derrière la brasserie jusqu'au pied de la colline n'est qu'une nappe d'eau. De mémoire d'homme, on n'a pas vu pareille crue de rivière. » (Inscription dans le Codex historicus de la mission St-Joachim datant du 17 août 1899)
***
|
Pour en savoir plus sur le sujet, voir « Vivre l'hiver, les dangers du froid » dans la section « L'hiver ».
|
|
|
|
|
|
|
|