|
|
|
|
|
|
|
Construire les routes
En 1905, les routes pavées n'existaient pas. Habituellement, une route n'était qu'un sentier battu dans la forêt ou la prairie et était très souvent impraticable lorsqu'il pleuvait beaucoup. Lorsqu'on construisait une route ou en améliorait une autre déjà existante, il fallait faire le travail à la hache et avec des chevaux :
« Pour améliorer les chemins, on se servait d'écorcheuses tirées par des chevaux. On couvrait le chemin de rondins dans les endroits où le terrain était mou, ce qui empêchait des ornières de se former. Cette base était appelée chemin de rondins. Les fermiers des alentours travaillaient ensemble avec leurs chevaux et, de cette façon, pouvaient améliorer jusqu'à un mille par jour. La machine à entretenir les chemins étaient tellement grosse qu'on devait se servir de huit chevaux pour la tramer. » (Histoire de Beaumont, 1985: 161)
Les voitures de l'époque
« Au cours des années de la colonisation et à cause du contact avec le fait anglais, le parler français de l'Ouest a acquis des mots anglais dont la prononciation a été francisée et dont la signification appartient presque uniquement à la vie colonisatrice. Très souvent, ces mots n'ont pas leur équivalent en français et ne sont pas dans le dictionnaire. »
- Buggy : voiture à quatre roues tirée par un cheval et montée d'un siège ;
- Démocrate : voiture à quatre roues ressemblant au buggy mais plus longue et plus large, tirée par deux chevaux. La démocrate avait souvent deux sièges à ressorts et parfois même trois ;
- Team (prononcé « tsime ») : paire de chevaux attelés ensemble ;
- Freighters (prononcé « fréteur ») : pionniers qui allaient à Vegreville vendre leur grain et acheter les marchandises nécessaires ;
- Stoneboat : traîneau à roches.
(Souvenirs de Saint-Vincent, 1981: 8)
Le transport de marchandises
À l'exception des villages situés près de la voie ferrée, tout devait être transporté par des attelages de chevaux ou de boeufs. Très souvent, cela exigeait plusieurs jours, voire même plus d'une semaine, pour parcourir des distances qui aujourd'hui, nécessiteraient à peine plus d'une heure par camion. « Tous les produits devaient être transportés jusqu'à Vegreville (à 80 miles) par attelage de boeufs. Les marchandises pour les magasins de St-Paul devaient aussi être transportées de la même façon. Imaginez-vous, l'hiver, marchant derrière le traîneau durant presque tout le trajet pour ne pas geler, et arriver aux places d'arrêt avec les mains si engourdies que le conducteur ne pouvait pas dételer son attelage. » (Histoire de Saint-Paul: 44)
Lorsqu'on avait un magasin général, il était nécessaire d'aller chercher et transporter sa marchandise d'un plus grand centre et cela, parfois plusieurs fois par semaine. Il est écrit dans Le Courrier de l'Ouest du 14 mai 1908 : « Un nouveau magasin vient d'être installé en face de l'église dans la maison de M. Ouellette par M. Gauthier, venant d'Athabasca Landing. M. Gauthier attend incessamment sa soeur et sa famille. M. Morneau a confié son magasin à M. Fortin, fils du juge Fortin de Montréal, et le courant des affaires qui exige jusqu'à trois voyages en ville par semaine. » (Histoire de Beaumont, 1985: 178)
|
Le transport du grain
Lorsque l'agriculteur avait des surplus de grain, il fallait le transporter jusqu'à la voie ferrée pour le vendre. En 1905, le réseau de voie ferrée n'était pas aussi étendu qu'aujourd'hui. « En hiver, on transportait 1000 minots de blé en bobsleigh, avec deux attelages, jusqu'à l'élévateur d'Owlseye. Lorsqu'il faisait beau on pouvait faire trois voyages. Souvent, au mois de mars, il y avait de l'eau sur la glace et ça nous faisait un peu peur. Une fois, les chevaux de mon père défoncèrent la glace juste avant d'arriver de l'autre côté du lac. Ses chevaux étaient Kate et Dark. Je conduisais un étalon noir, Mart, et un cheval gris, Prince. Nos chevaux se nourrissaient principalement de paille en hiver, ce qui ne les rendait pas tellement faciles à contrôler lorsqu'il fallait les faire travailler. Il y a eu bien des fois que les chevaux se sont emballés et j'ai fait bien des trajets à l'épouvante tout en ressentant tous les cahots. » (Histoire de Saint-Paul: 50)
Le frettage
Avant l'arrivée de la voie ferrée, le transport de la marchandise se faisait surtout avec des chariots. La charrette de la Rivière Rouge avec ses conducteurs métis, par exemple, avait été le moyen de transport privilégié dans l'Ouest canadien pendant plusieurs décennies. En 1905, ce n'était que les régions éloignées, sans accès à la voie ferrée, qui avaient toujours recours au frettage par chevaux ou boeufs. M. Joseph Tremblay nous décrit une telle expédition qu'il avait fait en 1903. «Alors en 1903, j'ai pris un contrat pour la Hudson Bay Compagny d'Edmonton à Athabasca Landing, à peu près cent milles de chemin, et cela prenait huit jours pour faire le voyage, aller et retour, et nous avions que 50 cents du 100 livres Et j'ai couché dehors souvent pour ménager nos cinquante cents. La dernière année, j'ai eu un compagnon, Mr. Ovide Boisjolie. Cela était bien moins ennuyant. Aussi, j'ai à vous dire que nous n'avions pas de chemins comme aujourd'hui. Rien que de petites trails de sauvage. Il fallait souvent mettre deux teams de chevaux pour passer les trous de boue et, aussi, monter les côtes. » (L'histoire de ma vie par Joseph O. Tremblay. Document des archives provinciales, no 80.331 SE)
***
|
Pour en savoir plus sur le sujet, voir « Vivre l'hiver, les transports » dans la section « L'hiver ».
|
|
|
|
|
|
|