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Au début du siècle, les provinces de l'Ouest étaient en plein développement. De grands espaces à cultiver attendaient les colons. Le gouvernement, avec l'aide des sociétés de colonisation et des agents d'immigration, invitait des familles de partout dans le monde à venir s'installer dans le pays et à participer à son développement. Les premières années du vingtième siècle furent donc d'une importance majeure au niveau de l'augmentation de la population canadienne.
Les colons francophones
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Certaines communautés francophones avaient été fondées lorsque l'Ouest faisait toujours partie des Territoires du Nord-Ouest. La majorité des francophones qui se sont établis dans l'Ouest venaient des États-Unis ou du Québec. Certains venaient des provinces maritimes (les Acadiens) tandis que certains venaient de l'Europe. Le cas de Beaumont n'est pas exceptionnel : « Beaumont, tel qu'on le connaît aujourd'hui, semble avoir été établi avant la fin du 19 siècle. Parmi les plus anciennes grandes familles, les aînés semblent être nés avant l'immigration, tandis que les cadets seraient nés dans ce qui était encore les territoires du Nord-Ouest. Plusieurs des mères se plaisaient à dire « ces deux ou trois-là sont des Norwesters. » On aimait aussi se raconter le voyage plus ou moins confortable de Calgary à Edmonton sur un chemin de fer qui était loin d'être achevé. Plusieurs avaient déjà tenté fortune aux États-Unis avant de se diriger vers les prairies canadiennes. » (Histoire de Beaumont, 1985: 151)
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Le voyage en train
Lorsqu'on déménageait du Québec, on voyageait en train pour se rendre dans l'Ouest. Le voyage était très long et l'on amenait tous ses biens et ses animaux sur le train. Un des premiers habitants de Saint-Vincent décrit le voyage en train du Québec jusqu'en Alberta :
« En 1907, après une visite de l'abbé Ouellette, colonisateur qui sollicitait des familles pour venir défricher en Alberta, la famille décida de quitter parents, amis, propriétés, espérant acquérir de plus grandes fermes et de pouvoir mieux établir leurs enfants. Ils partirent à la fin de mars. Jean-Baptiste Corbière chargea un char de fret, animaux, volailles, voitures, meubles, caisses de linge. Comme compagnon de voyage, il avait M. Anatole Poirier. Durant ce trajet de treize jours, il fallait soigner et faire boire les animaux. Sa femme voyageait dans un char de passagers avec ses cinq enfants, âgés de deux à huit ans. Elle était accompagnée de son père, Louis Martin, M. Jos Girard et deux messieurs Poirier, amateurs de chant qui nous faisaient entendre les belles chansons, ce qui faisait oublier le départ et les longs dix jours en train.
Rendus à Winnipeg, les voyageurs purent se reposer à la gare et se procurer de la nourriture pour le reste de leur voyage. Puis nous remontons dans le train jusqu'à Vegreville. Là M. Maillet transportait passagers et courrier à Saint-Vincent, départ, à huit heures du matin... onze heures du soir, nous étions sur le lac Saint-Vincent. » (Souvenirs de Saint-Vincent, 1981: 189)
Les efforts pour attirer des colons
« Par ailleurs, ils avaient recours aux prêtres-colonisateurs de Montréal, plus particulièrement au curé Ouellette pour faire rentrer des colons de langue française. Ils s'efforçaient d'obtenir pour Saint-Paul une salle des immigrants pour abriter les colons en attendant qu'ils se placent. » (Souvenirs de Saint-Vincent, 1981: 18)
Mais, ce n'était pas que les prêtres qui recrutaient de nouveaux colons : « Maillet abandonna son commerce au lac pour devenir, au Montana, agent de rapatriement des Canadiens-français. » (Souvenirs de Saint-Vincent, 1981: 18)
Le rêve d'une vie meilleure
« Les parents rêvaient d'un avenir meilleur pour leurs enfants en leur procurant une bonne instruction. Mais hélas! trop souvent, ils n'en avaient pas les moyens ou se trouvaient trop éloignés des centres. Aussi très tôt les jeunes devaient quitter l'école pour travailler à l'entreprise familiale. La plupart des fils de cultivateurs le devenaient à leur tour et les filles épousaient les garçons de leur milieu. Pourtant, ce désir ardent de voir leurs enfants réussir continuait à animer et à encourager ces vaillants pionniers. » (Souvenirs de Saint-Vincent, 1981: 464)
Les traîneaux à chiens
À cette époque, on voyageait très souvent en traîneau à chiens, surtout dans les régions plus éloignées dans la forêt : « Arrivée des pères Rémas et Vegreville. Ce dernier est reparti pour Saint-Albert avec le père Demarias. Ce père est arrivé avec un traîneau à chien. » (Inscription dans le Codex historicus de la mission Saint-Joachim datant du 18 janvier 1895)
Les concessions
Lorsqu'on arrivait dans l'Ouest canadien, il fallait se choisir une concession. Il était très facile de repérer un quart de terre une fois qu'une région avait été arpentée « le gouvernement canadien, dans ce temps-là, avait un grand registre où on gardait la description légale des homesteads. On y voyait la forêt, le bois, les marécages, le type de sol et la topographie générale du terrain. Les terres nouvellement arpentées étaient indiquées par une cheville en fer au coin de chaque quart de section, avec la description légale. Il y avait 4 trous carrés creusés dans la terre, approximativement 20 pc. de profond, distancés de 8 pd. Ainsi, si la cheville était enlevée, on pouvait retrouver l'endroit où l'arpenteur l'avait placée. » (Histoire de Saint-Paul: 43)
La préemption
Dans certaines régions semi-arides de l'Alberta et de la Saskatchewan, les colons qui le désiraient pouvaient s'assurer la possession non seulement d'un homestead (carré d'un demi mille de côté, soit 160 acres ou environ 64 hectares), mais aussi d'une seconde pièce de terre de même étendue et désignée sous le nom de préemption. La préemption ne constitue pas, comme le homestead, un bien de famille insaisissable et ne s'obtient pas tout à fait gratuitement. » (Borel, 1928: 142)
« Squatter »
Lorsqu'une région n'avait pas été arpentée, les colons s'installaient sur une terre en attendant l'arrivée de l'arpenteur : « Comme les townships au nord de la ligne de correction ne devaient être arpentés qu'en juillet par Hopkins, les Martin bâtirent trois « shacks » provisoires, à quelque distance les uns des autres pour pouvoir « squatter » sur des quarts différents." (Souvenirs de Saint-Paul, 1981: 14)
Quitter sa concession
Très souvent, le concessionnaire quittait sa terre pour aller travailler et ainsi gagner de l'argent. Parfois, il ne revenait jamais : « Arrivés au printemps de 1906, les trois frères Mercier, Louis, Théodule et Alexandre, prirent trois quarts de terre dans la même section. Chacun se bâtit au centre de la section sur son propre quart, si bien que tous étaient ensemble, ayant chacun son « shack. » Puis les frères Mercier s'en allèrent travailler en dehors. Alexandre retourna dans l'Est, tandis que Louis et Théodule allaient gagner dans une briqueterie à Missoula, au Montana. Ces deux derniers revenaient défricher leurs terrains après deux ans. » (Souvenirs de Saint-Vincent, 1981: 13)
Recensement et population
Population des villes de l'Alberta.
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1906 |
1901 |
Calgary |
11 937 |
4 091 |
Edmonton |
11 534 |
2 626 |
Strathcona |
2 923 |
1 550 |
Lethbridge |
2 325 |
2 072*
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Wetaskivin |
1 654 |
550 |
Red Deer |
1 420 |
323 |
Mc Leod |
1 144 |
796 |
High River |
1 018 |
153 |
Lacombe |
1 015 |
499 |
Staffordville |
623 |
** |
Fort Saskatchewan |
585 |
306 |
Ponoka |
473 |
151 |
* Comprenait alors la population de Stafford maintenant Staffordville.
** Était compris dans Lethbridge." (Le Courrier de l'Ouest, 02/08/1906, p.8)
« D'après un recensement qui vient d'avoir lieu, la population de Calgary serait de 16 000 habitants, cela en comptant les faubourgs. » (Le Courrier de l'Ouest, 25/01/1906, p. 1)
« Le recensement de la population du Manitoba, de la Saskatchewan de l'Alberta était à 419 512 en avril 1901, comparativement à 808 863 en juin 1906. » (Le Courrier de l'Ouest, 11/07/1907, p.7)
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