Les prêtres colonisateurs ont recruté un bon nombre de francophones pour s'installer dans l'Ouest. Ces colons francophones se regroupaient ensemble et créaient des paroisses. « Après que l'Ouest fut ouvert à la colonisation, plusieurs agents colonisateurs s'engagèrent à établir des colonies dans l'Ouest afin de développer cette vaste partie du pays. Parmi ces agents il y avait bon nombre de religieux. Ceux-ci étaient intéressés à grouper ensemble les gens et les familles catholiques et françaises qui cherchaient un sort meilleur que celui qu'ils avaient au Québec. » (Histoire de Beaumont, 1985: 13)
« La colonisation par les groupes canadiens-français dans l'Ouest a été initiée surtout par l'Église. Les Québécois qui émigrèrent dans l'Ouest étaient en quête de terres sur lesquelles ils pourraient installer leurs familles grandissantes et leurs églises. Ils croyaient que la langue et la foi se conserveraient plus facilement dans les familles « habitantes » que dans les centres urbains et tenaient à s'installer sur des fermes. Afin de conserver leurs droits minoritaires, les prêtres colonisateurs groupèrent les colons en paroisses où le curé remplissait plusieurs fonctions. En plus d'être chef spirituel, ce dernier était le conseiller en bien des matières profanes. » (Souvenirs de Saint-Vincent, 1981: 30)
Le curé, chef spirituel et communautaire
L'Église catholique et les religieux étaient au centre de la vie spirituelle et communautaire de ces nouvelles communautés francophones de l'Ouest canadien. « L'Église était la raison d'être du village et, sans elle, le district serait sans doute demeuré une agglomération de fermes plus ou moine éparpillées, sans noyau communautaire. Le curé donnait la direction spirituelle. Il était aussi conseiller dans bien des domaines. » (Histoire de Beaumont, 1985: 13)
Le missionnaire
Avant qu'une paroisse soit établie avec son église et son presbytère, où habitait le prêtre, les catholiques devaient attendre l'arrivée du missionnaire pour célébrer la messe. Très souvent ces cérémonies religieuses avaient lieu dans la maison d'un particulier.
« Au groupe de familles catholiques établies, il fallait au début un missionnaire qui irait leur porter les secours de la religion et les encouragements nécessaires. Mgr Grandin délégua le révérend père Perreault, o.m.i., alors chargé de la mission de Stony Plain, pour desservir la colonie qui était connue sous le nom de Sandy Lake. Il y venait régulièrement, une fois par mois. Son arrivée était généralement annoncé par un drapeau blanc hissé au haut d'une longue perche sur la colline qui dominait les alentours. C'était un signe de fête et tout le monde se préparait. La messe se disait dans la maisons des particuliers, le plus souvent chez Louis Chartier, un des pionniers établi au village. » (Histoire de Beaumont, 1985: 18)
Les premières églises
Tout comme les habitations des premiers colons, les premières églises étaient très souvent très rudimentaires, construites de rondins. C'était le cas de la première église à Beaumont : « Après quelques temps, la messe était dite dans la première petite église, qui n'était qu'une cabane faite de troncs d'arbres, avec une simple croix de bois sur le toit. Cette église était près de l'école Fouquet. » (Histoire de Beaumont, 1985: 18)
Les prochaines églises
Lorsque les communautés étaient plus prospères, ces premières églises étaient très souvent remplacées par de nouvelles bâtisses plus grandes et plus luxueuses. C'était l'évêque qui choisissait le site de la nouvelle église, quoiqu'il pouvait délégué cette responsabilité à une autre personne. Le curé devait superviser la construction de l'église et devait se procurer des ornements et d'autres objets nécessaires au culte ainsi que les meubles pour le presbytère. Les colons travaillaient ensemble pour construire l'église :
« Durant l'hiver 1894-1895, n'ayant pour toutes ressources que son dévouement et le travail des colons, l'abbé Poitras réussit à faire couper et à faire charroyer le bois voulu pour la construction d'une église de 46 pieds par 28 pieds, plus un sanctuaire de 16 pieds par 14 pieds. Au printemps 1895, l'église était élevée. » (Histoire de Beaumont, 1985: 19)
Les objets de culte
Pour des dons on demandait aux paroissiens, mais, très souvent, un prêtre allait dans « l'Est » -- surtout le Québec -- ou en Europe pour solliciter le matériel qui était nécessaire. Le père J.B. Morin a énuméré dans le registre de la paroisse en 1896 le matériel qui avait été recueilli pour la première église à Beaumont :
« M. l'abbé Morin nous a apporté à différents temps, les objets suivants :
- 1 cloche de 800 livres venant de la paroisse Verchères
- 1 set de chandeliers en argent venant des pères rédemptoristes
- 1 set d'ornements venant du révérend père Piette, prêtre
- 1 chemin de croix venant de Verchères
- 1 missel venant du curé Jeannot, prêtre
- 1 calice, burettes, encensoir, lampe, linge de Monseigneur Grandin
- 1 boîte de linge, surplis, aube, etc., Dame Villeneuve
- 1 paquet de livres, de fleurs, etc., Dame Juge Gill
Des objets ont été acquis à divers titres; la cloche a coûté 100,00$, les chandeliers 30,00$, le reste a été donné à titre gratuit. » (Histoire de Beaumont, 1985: 20-21).
Les meubles du presbytère
Lorsqu'on construisait une église, on construisait aussi une résidence pour le prêtre, le presbytère. Parfois, les deux se retrouvaient dans le même édifice, mais habituellement le presbytère était tout près de l'église mais détaché de celle-ci. Ces premiers presbytères étaient petits avec de meubles très modestes :
« Les commencements de Beaumont s'annoncent bien dans leur modestie. Cette année 1896 vit la construction d'un petit presbytère de 22 x 22 pieds. Les travaux furent poussés si promptement que le curé put en prendre possession le 1er novembre. (...) Le révérend père Leduc d'Edmonton nous gratifia d'un joli petit ménage dont : 2 poêles, 2 couchettes, 1 table, 2 lavabos, 6 chaises, quelques vaisselles, 1 moulin à laver, 1 bureau, 2 matelas et garnitures pour 2 lits. La Mission de St-Albert fournit cheval, attelage et voiture. » (Histoire de Beaumont, 1985: 22)
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