Musée des beaux-arts du Canada / National Gallery of Canada

Bulletin 13, 1969

Accueil
English
Introduction
Histoire
Index annuel
Auteur et Sujet
Crédits
Contact


Cliquez figure 16 ici pour une image agrandie








Cliquez figure 17 ici pour une image agrandie








Cliquez figure 18 ici pour une image agrandie

Commentaires sur l'exposition Jordaens

par Michael Jaffé

Pages  1  |  2  |  3  |  4  |  5  |  6  |  7  |  8  |  9  |  10  |  11  

            12  |  13

On a pu faire les observations suivantes:

1 Jordaens avait acquis très jeune une obsession: il détestait gaspiller le moindre bout de papier sur lequel il pouvait dessiner. Cette économie ne lui était pas imposée par des raisons financières: il n'a jamais été pauvre et il est devenu un homme riche. Les raisons qui explique ce comportement étaient sans doute d'ordre psychologique et peut-être même moral. À ce point de vue, on pourrait même soutenir que Jordaens était disposé psychologiquement à embrasser la religion calviniste.

2 L'artiste semble presque avoir préféré travailler sur une feuille de papier composée de petits morceaux collés - soit par lui-même, soit par sa famille, soit par ses élèves, on n'en sait rien-pour peindre ou pour dessiner [voir nos 59, 82 à 84, 147,158 et 171], plutôt que d'utiliser une nouvelle feuille. Il semble qu'il ait généralement fait une exception à cette ligne de conduite un peu bizarre pour ses études de portrait [voir nos 178, 179 et 193], ainsi que pour les dessins destinés à être gardés ou vendus en tant que « pièces d'exposition », pour eux-mêmes, en quelque sorte [voir nos 187 et 231]. Comme on pourrait également s'y attendre, les premières feuilles des calepins de croquis demeurent entières [voir nos 131 et 132].

3 Jordaens n'aimait pas ébarber les bords de son papier (fabriquait-il son propre papier?). Les bords primitifs apparaissent clairement au nos 148 et 218. Le support de ces deux dessins a été agrandi de façon à former un rectangle convenable; l'artiste a collé un morceau de papier au bord ébarbé au-dessous du bord barbé. De tels agrandissements ne sont ni des réparations ni des additions ultérieures. Dans les cas où sa grande feuille de papier avait des bords déjà ébarbés, bien qu'irréguliers [voir nos 256, 258, 259 et 262], l'artiste l'agrandissait quand même en y ajoutant des bandes de papier. Mais encore là, ces additions étaient faites avant qu'il ne commence à dessiner.

4 Quelquefois cependant il ajouta des morceaux de papier et dessina dessus après que son premier dessin eut été complété. La chose apparaît plus clairement alors qu'il décida au cours des années 1660, d'agrandir des dessins très brillants à l'aquarelle [voir nos 222 et 263] en ajoutant des morceaux dessinés tout simplement à la sanguine et au fusain avec de l'encre appliquée à la plume ou au lavis.

5 Quand Jordaens se heurtait à des problèmes complexes dans la composition d'une oeuvre, il n'hésitait pas à prendre son couteau et sa colle et à découper des morceaux ou à en ajouter [voir nos 167, 192, 223].

Notes sur le Catalogue

Introduction générale

En plus de ce qu'on a déjà dit (p. 47) à propos des hommages que Jordaens a rendus à Goltzius, il faudrait souligner l'existence d'une gravure de 1596 de Saenredam, d'après le CULTE DE CÉRÈS, de Goltzius, qui a sans doute été une source d'inspiration pour Jordaens lorsqu'il a entrepris de représenter lui-même ce sujet; voir les nos 141 et 171 ci-dessous.

En ce qui concerne la prédilection de Jordaens pour tout ce qui se rattachait à la tradition dans le goût flamand, on a pu remarquer que son grand intérêt pour la représentation de la lumière d'une scène d'intérieur - particulièrement par les reflets sur un mur des rayons de soleil filtrés et modelés par les panneaux vitrés - s'inspire de l'amour qu'il partageait d'ailleurs avec ses compatriotes pour le SAINT JÉRÔME DANS SON ÉTUDE de Dürer (B. 60). À l'exposition, on a pu observer cette tendance en particulier dans « LES JEUNES PIAILLENT COMME CHANTENT LES VIEUX » [no 65] de Valenciennes et dans TÉLÉMAQUE CONDUIT THEOCLYMENE DEVANT SA MERE PENELOPE (HOMÈRE, L'ODYSSÉE, XVII,85-97) [no 180] de Stockholm.

On aurait dû mentionner cette recrudescence occasionelle des idéaux de la Grande Renaissance, la bisymétrie axiale et les groupements pyramidaux, traits qui se remarquent dans les compositions du Jordaens de l'âge mûr; on les voit de façon évidente dans LA SAINTE FAMILLE EN BATEAU [no 105] de 1652; dans LA MORT DE CLÉOPÂTRE [no 107] de 1653; dans le GROUPE DE MARIAGE [no 106] de Leningrad; et plus tard encore dans le modello de LA RÉSURRECTION [no 113] de Gand, ainsi que dans LE CHRIST GUÉRISSANT DES MALADES (MARC, 1, 23) [no 260] sous sa forme définitive. Ce goût acquiert quelque variété par le groupement des personnages orientés vers la droite ou vers la gauche selon un style apparenté à la frise, par exemple dans les nos 109, 111, 112, 115, et 259, qui datent de 1657 ou se situent aux environs de cette date.

On aurait dû inscrire le nom d'Annibale Carrache aux pages 49 et 50. On a discuté de l'influence possible de Carrache dans les commentaires sur L'EMBARQUEMENT [no 173] et sur NEPTUNE CRÉANT LE CHEVAL [no 81]. On aurait dû également souligner la possibilité que le professeur J. S. Held a discutée et illustrée dans sa critique de l'exposition paru dans le Burlington Magazine (6), à l'effet que Jordaens se serait inspiré de la gravure de Willem van Haecht d'après LA SAINTE FAMILLE EN BATEAU de Carrache; l'artiste flamand en aurait tiré « l'idée de la voile gonflée et de l'Enfant-Jésus debout que l'on retrouve dans ses propres oeuvres [nos 105 et 245] ».

Page Suivante
| Peintures 1 à 21

1
  |  2  |  3  |  4  |  5  |  6  |  7  |  8  |  9  |  10  |  11  |  12  |  13

Haut de la page


Accueil | English | Introduction | Histoire
Index annuel
| Auteur et Sujet | Crédits | Contact

Cette collection numérisée a été produite aux termes d'un contrat pour le compte du programme des Collections numérisées du Canada, Industrie Canada.

"Programme des Collections numérisées, droit d'auteur © Musée des beaux-arts du Canada 2001"