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Commentaires sur l'exposition Jordaens
par Michael Jaffé
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Peintures
23 Une esquisse inédite jusqu'à présent de Jordaens pour cette
composition se trouve dans une collection privée de Londres (fig.
2). Historique: H. R. Knipe (XIXe siècle); vente de Lord Nathan of
Churt, à Londres (Sotheby's), 21 mai 1963, lot 150, achetée par E.
Lucie-Smith. Le style de cette oeuvre se rapproche de celui des nos
140 et 141, quoiqu'on envisage une scène statique plutôt qu'une scène
d'extérieur. La vache dessinée en perspective et vue de l'arrière
(elle n'est pas comprise dans la peinture) ressemble à l'animal qui
figure à la gauche de l'OFFRANDE À CÉRÈS (ALLÉGORIE DE LA FÉCONDITÉ)
[no 141] de Witt. On a ajouté un chien et un cheval dans la
peinture de Mayence, mais les trois bergers qui se trouvaient debout
derrière la Vierge n'y sont pas représentés. Le cheval est
semblable à l'animal représenté dans ce dessin de la collection
Witt, bien qu'il soit inversé. Michel Le Moël et Pierre Rosenberg,
Revue de l'art,
VI, 1969, p. 58-59, font remarquer que
l'historique donné par le musée de Mayence est celui du retable de
Grenoble [no 11]; ils reprennent une suggestion de M. Jacques
Foucart à l'effet que la peinture de Mayence pourrait correspondre
à un autre tableau de mêmes dimensions, avec le même nombre de
personnages, qui est également une scène d'extérieur au soleil:
cette dernière toile faisait partie de la vente du Duc de
Saint-Aignan, Paris, 17 juin 1776, lot 15, achetée par Louis XV. Le
ricordo dessiné par Gabriel de Saint-Aubin dans sa copie du
catalogue de vente semble cependant ne pas représenter la tête de
la mule et différer de l'original en quelques autres détails de
peu d'importance. Si plausible qu'elle soit, l'identification de M.
Foucart ne permet pas de conclure; je lui suis toutefois
reconnaissant de m'avoir signalé ce fait. La peinture est plus
concentrée, elle comporte moins de personnages que ce dessin; et la
scène est transportée à
l'extérieur. (12)
25 J. Síp et O. J. Blazicek, 17th Century Flemish Painting, Londres,
1963, pl. 50 et 51, représente l'étude de Prague en couleurs.
26 / 27 Les têtes de ces deux études sont disposées en motifs latéraux
plutôt qu'en groupes organiques: ce style pourrait donner une
indication précieuse sur l'auteur des QUATRE TÊTES DE NÈGRES de
Knowsley, qu'on attribue diversement à Rubens et à Van Dyck (voir
Thos. Agnew, Londres, Van Dyck: a loan exhibition, novembre-décembre
1968, no 10, reproduction en page couverture). Il s'agit
d'un petit panneau sur lequel l'étude des têtes est faite à la même
échelle que celle du no 27; la projection de la forme, le motif de
la structure interne des oreilles, la forme des joues et des mâchoires,
l'éclairage incandescent ou l'ombrage qui souligne les silhouettes,
houettes, tout cela s'épelle Jordaens. Voir également no 12
ci-dessus.
31 Held doute de l'attribution de cette peinture, mais moi je la
maintiens. (13)
33 Une autre version de cette oeuvre, peinte sur panneau,
correspond apparemment par ses caractéristiques principales, à
la peinture de San Francisco (sauf pour une inclinaison différente
de la tête de l'ange); on a récemment constaté son existence en
faisant une radiographie de L'ADORATION DES MAGES du musée de
Cherbourg, pendant la restauration de ce tableau au Louvre. (14) Mme
Hours croit que cette version que l'on ne peut voir autrement est
autographe. Il se pourrait bien qu'il en soit ainsi, sans qu'on ait
à émettre des doutes sur la peinture de San Francisco, qui est
certainement autographe.
34 Weltkunst aus Privatbesitz, Cologne,
Kunsthalle, 1968 (F18, Abb. 9, huile sur toile, 87 x 77 cm, 34 1/4 x
30 5/16 po), comportait une autre version de cette oeuvre; il s'agirait
de l'original de Jordaens, à partir duquel on a exécuté une copie
qui serait la version de la collection Thyssen. Cette première
version, inédite jusqu'à présent, appartient à August von
Joest sen., de Weiseling bei Bonn; je ne la connais malheureusement
que par la reproduction du catalogue. On admet qu'elle a été rognée
de tous les côtés. Même si la qualité de cette oeuvre permet de
l'exposer comme oeuvre autographe, la peinture de la collection
Thyssen n'est pas réduite au rang de copie pour autant (voir par
exemple la situation décrite dans le cas du no 33 ci-dessus en ce
qui concerne les peintures de San Francisco et de Cherbourg). Mme
Hella Robels situe la version Joest et le no 33 vers 1618, car elle
identifie le modèle de l'Enfant-Jésus comme étant Élisabeth
Jordaens. La version de la collection Thyssen date des environs de
1620; mon attribution de cette toile à Jordaens lui-même est
soutenue par J. C. Ebbinge Wubbe dans le catalogue de la collection
Thyssen pour 1969 (no 210).
36 Ajouter à BIBL.: Gravée par James Fittler (1758-1835),
attribuée à Rubens (OFFICIER ESPAGNOL), VS, p. 190, no
303; A. L. Mayer, BurlM, avril 1938, p. 190 (attribuée à
Jan Cossiers).
Mayer semble s'être basé sur l'apparence espagnole du modèle
pour énoncer son opinion. Attribuer des portraits peints à
Cossiers demeure un peu hasardeux dans l'état actuel de nos
connaissances. Les seuls renseignements sûrs que nous possédions
sur son style de portraitiste (outre cinq dessins à la craie de
lui-même et de ses quatre fils) consistent en une gravure de Conrad
Lauwers du Rév. Père Anton Vigier, S. J. (aet. 94); il ne s'agit
pas là d'une comparaison très juste. Les seuls autres
renseignements que je possède et qui nous viennent du dix-septième
siècle concernent un portrait de l'Abbé de Tongerloo (15) et deux
portraits commandés par Peiresc, l'un de GEVARTIUS, terminé après
deux ans de travail en avril 1628, (16) et l'autre de PUTEANUS, terminé
en février 1629. (17) On ne saurait certainement pas attribuer les nos
36 et 37 à Cossiers; la signature qui apparaît en bas à droite
sur le no 36 a beau être indistincte, il est impossible de lire «
Jo.C »,
et encore moins « J. Cos. f. F. », et d'ailleurs, la comparaison du
style de ces tableaux avec celui du tableau 1952 E du Louvre TROIS
JEUNES ÉLÉGANTS, signé par Cossiers et daté de 1626, (18) ne permet
pas d'en douter. La National Gallery of Art de Washington a acquis
le no 36 comme oeuvre de Jordaens.
38 On peut également comparer ce tableau avec une Vierge à
l'Enfant représentée à la même échelle dans une peinture exécutée
vers 1618, qui appartient au musée d'État de l'Ermitage, à Léningrad
(no 2041, acquis de la collection Crozat de Paris en 1772). Quoique
cette oeuvre ait été classée dans le catalogue de 1916 comme
étant « Jordaens (?) »,
et dans le catalogue de 1958 comme étant « École de Jordaens »,
les personnages ont été peints par Jordaens lui-même sur un fond
pourpre, après que Andries Daniels eut peint les guirlandes de
fleurs sur un fond gris. En 1959, j'ai attiré l'attention de Mme
Varshavskaya sur la part que Jordaens lui-même a prise à l'exécution
de cette peinture et qui permet de la qualifier d'autographe.
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