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La diversité des peuples de l'Ouest
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Les francophones n'étaient pas les seuls à s'implanter dans l'Ouest canadien. Tout autour, ils avaient des voisins Anglo-Américains, Allemands et Slaves : « Donc, vers Beaumont qui avait une superficie d'environ un township, se dirigea une population presque entièrement française catholique, tandis que le township au sud avait les Anglais protestants du Clearwater, le township au nord et celui à l'ouest près du Clearwater, les Allemands, et à l'est, les terres de Looma pour les Russes et les Polonais. » (Histoire de Beaumont, 1985: 152)
Dans la région de Saint-Paul, des Ukrainiens s'y sont installés. Un des anciens de Saint-Vincent raconte que les habitations des Ukrainiens étaient faites en « crépi de glaise, » c'est-à-dire que l'habitation était recouverte de mortier. (Souvenirs de Saint-Vincent, 1981: 17)
Nouveaux immigrants
« Pour l'année finissant le 31 décembre 1905, il y a eu une augmentation de 10 395 sur l'année précédente. Le nombre des immigrants qui sont entrés au Canada en 1905 est de 144 618. » (Le Courrier de l'Ouest, 25/01/1906, p. 1)
« Un wagon de colons allemands est attendu pour la semaine prochaine, grâce à la German American Colonisation Comyany de Calgary. (...) Ces colons amènent avec eux huit wagons d'effets et seront immédiatement citoyens canadiens, avec tous les avantages que cela implique. » (Le Courrier de l'Ouest, 11/04/1907, p.6)
« Il y a actuellement 15 000 immigrants en route pour le Canada. Ce sont des Anglais, des Écossais et des Irlandais pour la majorité. (...) D'après les rapports d'agents d'immigration, l'Alberta recevra le plus gros contingent. » (Le Courrier de l'Ouest, 30/05/1907, p.5)
« On estime à 300 000 le nombre d'immigrants qui arriveront au pays d'ici la fin de l'année. (...) Sont encouragés ceux qui sont aptes à cultiver la terre ou à travailler au chemin de fer, ainsi que les servantes.(...) Depuis les neuf derniers mois, 4583 servants, 4118 commis et 1567 mineurs sont arrivés en province. » (Le Courrier de l'Ouest, 13/06/1907, p.2)
« Le département de l'immigration dit que le nombre total d'immigrants arrivés au pays depuis six mois est de plus de 200 000. » (Le Courrier de l'Ouest, 25/07/1907, p.7)
« Il y avait là des Anglais, des Écossais, des Irlandais, des Canadiens des provinces de l'Est, mais aussi quelques émigrés des pays scandinaves, deux Belges, deux Slovaques et un Allemand. Pas de Français, pas de Suisses non plus; en revanche plusieurs colons des États-Unis, des États les plus rapprochés, le Montana, les deux Dakotas et le Wyoming, où les concessions disponibles étaient accaparées. » (Borel, 1928: 179)
La plupart des colons étaient de jeunes hommes de 20 à 30 ans. « Presque tous, simples manoeuvres des industries citadines ou employés de ferme, étaient venues dans la Prairie avec l'espoir de s'y créer un avenir meilleur. » (Borel, 1928: 180)
Plaintes et craintes pour la culture française
Par contre, l'arrivée de tant d'individus possédant une autre culture, une autre langue ou une autre religion, en dérangea plusieurs : ceux qui voulaient protéger leur propre culture, langue ou religion et ceux qui ne voulaient pas que les bâtisseurs du pays soient des individus « indésirables », rejetés de leur propre pays.
Dans un discours à la Chambre des communes, M. Armand Lavergne affirma : « Nous ne serons plus les maîtres de notre pays, nous serons esclaves de ces gens qui ne pourront rien comprendre à nos institutions, nos moeurs ni nos conceptions politiques et sociales. » (Le Courrier de l'Ouest, 18/04/1907, p. l)
Selon l'avis de plusieurs, la culture française est fortement menacée: « La politique de l'honorable Frank Oliver a pour but, selon messieurs Bourassa et Lavergne, de noyer les Canadiens sous un flot d'étrangers de toutes races, langues et religions. Cet afflux menace aussi la population de langue anglaise. » (Le Courrier de l'Ouest, 18/04/1907, p.4)
« Dans le Nord-Ouest, les Français composent le groupe qui s'accroît le plus lentement. (...) Pour 10 colons de langues étrangères, il y a 1 colon français. Et cela n'inclut pas les immigrants des États-Unis et de l'Angleterre, sinon l'écart est de 41 colons d'une langue étrangère pour 1 colon français. » (Le Courrier de l'Ouest, 02/05/1907, p.4)
Prévention contre les « indésirables »
Pour ce qui est des « indésirables », on tente d'imposer des mesures de prévention :
« Un inspecteur recommande au gouvernement de mettre en vigueur un règlement exigeant que les immigrants débarquant au Canada soient possesseurs d'une somme d'argent d'un minimum fixé, leur assurant les moyens d'attendre avant qu'ils aient trouvé un emploi.(...) Ces mesures permettraient d'arrêter un grand nombre d'immigrants non-désirables. (...) Jusqu'ici, on n'exige des immigrants arrivant au Canada qu'une bonne santé et de bonnes intentions. » (Le Courrier de l'Ouest, 03/10/1907, p.1)
Intégration
« Plusieurs Français de la colonie Rivière Bataille sont descendus passer l'hiver à Red Deer, où ils travaillent dans le bois pour le compte de M. Dumas. (...) À tous, nous souhaitons bon succès. Mais en attendant, ce mélange de Français qui, arrivés ici depuis peu, ne parlent pas un mot d'anglais, et d'Anglais ne parlant pas un mot de français, c'est curieux. Mutuellement, ils essaient de se comprendre, et dans la rue, les « Good Day » lancés par des Français s'essayant à parler anglais s'entrecroisent avec les « Bonjour » des Anglais s'essayant à parler français, produit un drôle d'effet et reflète assez exactement l'image de l'entente cordiale que l'on célèbre à Paris et à Londres. » (Le Courrier de l'Ouest, 11/01/1906, p.8)
Les barrières linguistiques
Ce n'était pas tous les francophones qui parlaient l'anglais et parfois cela occasionnait des difficultés lorsqu'un commerçant ne parlait pas français. « Les gens qui venaient de la province du Québec ne parlait pas anglais. Le propriétaire du magasin de Vegreville ne parlait pas français, alors personne n'était intéressé à aller faire l'épicerie. » (Histoire de Saint-Paul: 82)
Les maisons d'immigration
Le premier arrêt pour les nouveaux colons était la maison d'immigration. Très souvent les immigrants arrivaient sans argent et sans ressources. « Quelle misère à la maison des immigrants! Pauvres gens, ils sont tous malades et cependant ils sont réduits à se coucher sur le parquet. » (Inscription dans le Codex historicus de la mission Saint-Joachim datant du 4 avril 1895)
Immigrants sans emploi
Les immigrants arrivaient en grand nombre. Cependant, certains ne se trouvaient pas d'emploi et, faute de travail et d'argent, ils quittaient le Canada pour les États-Unis. « Des colons sans ouvrage retournent dans les États. » (Inscription dans le Codex historicus de la mission Saint-Joachim datant du 10 mai 1898)
Les mormons
Un mormon est un adhérent à une religion fondée aux États-Unis en 1830. L'opposition à certains éléments de la doctrine des mormons maintenant abandonnés, dont la polygamie, les a obligé à se réfugier aux bords du Grand Lac Salé en Utah. Les livres sacrés des mormons sont la Bible et le Livre de mormon. De là, certains mormons sont venus s'établir au Canada. Les premiers mormons se sont établis au sud de Lethbridge en Alberta. Les mormons étaient eux aussi des éleveurs, parfois méprisés par les autres. Aux États-Unis, la coutume voulait que tout animal âgé de plus d'un an et sans marque appartenait au premier homme qui le marquait avec son fer. Les mormons tenaient à cette coutume ce qui enrageaient les éleveurs qui préféraient ne pas marquer leur bétail tous les ans ainsi que la police montée qui était déjà débordée de travail. (Kelly, 1913: 17)
Les noirs dans l'Ouest canadien
Après leur libération de l'esclavage, certains Noirs du sud des États-Unis se sont dirigés vers l'Ouest américain. Certains sont aussi venus s'installer dans l'Ouest canadien. John Wake était un bouvier expert, grand dompteur de chevaux sauvages. Un forgeron dénommé Dyson s'est établi à Pincher Creek. Il était originaire de Chatham en Ontario. (Kelly, 1913: 18) Le colonel Macleod de la police montée avait aussi une garde-malade pour les enfants qui était une femme noire âgée. (Kelly, 1913: 19)
Les anabaptistes
Le terme « anabaptiste » tire ses origines du grec et signifie baptiser de nouveau. Les anabaptistes croient que le baptême des enfants est nul à cause de l'absence de tout acte personnel de foi. Les anabaptistes remontent à la réforme qui a eu lieu au XVIe siècle. Nous retrouvons maintenant au Canada trois différents groupes distincts qui sont considérés comme des anabaptistes: les mennonites, les huttérites et les amish. Toutes ces sectes sont des « Églises libres » qui se tiennent à l'écart de l'État. Ces trois groupes parlaient des dialectes allemands. Les fidèles sont aussi des pacifistes, refusant le service militaire.
Le Chinois du Far-West
Des immigrants de l'Asie étaient venus dans l'Ouest canadien pour tenter eux aussi de gagner leur vie. Beaucoup ont travaillé pour construire la voie ferrée. Dans les provinces des Prairies, il n'avait pas de villages peuplés d'immigrants chinois, mais ils y étaient. « Le Chinois, que l'on rencontre à chaque coin de rue dans les grandes cités américaines ou canadiennes des bords du Pacifique, est un type beaucoup plus rare dans la Prairie. Pourtant, dans toute petite ville de l'Alberta qui se respecte, se trouvent une blanchisserie et un ou deux restaurants tenus par des Célestes; souvent, blanchisserie et restaurant sont réunis sous le même toit, dans une promiscuité médiocrement engageante. » (Borel, 1928: 41)
Les mennonites
Les mennonites appartenaient à une secte religieuse originaire de la Russie, quoiqu'ils étaient des Allemands. Ils ont immigré au Manitoba de 1874 à 1876 pour sauvegarder leur culture et leur religion de l'intervention du gouvernement russe. Ils étaient opposés à la conscription, les serments et le service public. Ils voulaient se tenir loin de toute forme de gouvernement. Ils étaient des fermiers paisibles qui croyaient aux vertus d'une vie simple. Leurs communautés n'étaient habituellement qu'une rangée de maisons sans peinture le long d'une route. Habituellement, il y avait en arrière, un porche rattaché à la maison, mais aussi une écurie et un poulailler. Les hommes avaient une barbe, les femmes portaient un châle et ils parlaient l'allemand. (McGowan, 1975: 96)
- La colonisation mennonite
La loi obligeait chaque concessionnaire de construire une maison sur leur terre et d'y habiter avant que soit accordé le titre de propriété. Les mennonites étaient opposés à cela. Ils voulaient vivre regroupés ensemble dans un petit hameau. Cela aidait à conserver l'eau et facilitait leur pratique religieuse. Ils ont demandé au gouvernement fédéral de leur réserver des terres et de leur permettre de s'y installer regroupés autour de leur église. Le gouvernement a accédé à leur demande et, en 1905, un bon nombre de mennonites ont quitté le Manitoba pour la Saskatchewan et, éventuellement, l'Alberta où il y avait toujours des concessions disponibles. Les mennonites étaient très expérimentés dans la culture de régions semi-arides et ont pu prospérer dans le sud des Prairies. (McGowan, 1975: pp. 96-100)
- La pratique religieuse
Les mennonites n'ont que deux sacrements : le baptême et la communion. Le baptême se fait à l'âge adulte. La communion est accompagnée du lavement des pieds qui est un symbole d'humilité et de dévouement. L'unité de base de la vie religieuse est la congrégation. Les anabaptistes, dont les mennonites, avaient rejeté l'autorité du Pape et toute la hiérarchie catholique. L'autorité religieuse repose sur les Écritures Saintes et les croyants sont appelés à lire l'Évangile. L'individu doit faire son propre choix spirituel en toute liberté. Les mennonites, comme tout anabaptiste, croient que pour assurer son salut, en plus de la foi, il faut aussi démontrer sa piété par de bonnes actions. Le retour du Christ est vu comme imminent et, à son retour, Jésus-Christ doit trouver son Église pure et sans tache. Ce perfectionnisme a entraîné de nombreux schismes et, par conséquent, de nombreuses sectes d'anabaptistes ont été créées.
- Progressistes ou conservateurs
Les mennonites et les autres anabaptistes ont différentes perceptions du progrès. Certains, dont les amish et les Old Order Mennonites, ont rejeté le progrès et sont demeuré fidèles au mode de vie agricole traditionnel, à la tenue vestimentaire des aïeux, à la langue allemande et aux formes liturgiques traditionnelles, cette vie étant perçue comme exemplaire. D'autres ont choisi plutôt de s'adapter et de s'intégrer dans la société dominante.
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Les hutterites
Les hutterites n'ont immigré des États-Unis au Canada qu'en 1918, car ils se faisaient persécutés pour avoir refusé le service militaire pendant la Première Guerre mondiale. Les huttérites ont un mode de vie communautaire : tous les biens appartiennent à la communauté. Cependant, la vie familiale est respectée et chaque famille a son propre appartement privé. Ils ont conservé la tenue vestimentaire de leurs ancêtres ainsi que leurs coutumes, la langue allemande. Ils ont un mode de vie simple, étant des agriculteurs, mais n'ont pas rejeté toute innovation technologique.
Les amish
Certains ont immigré au Canada après la révolution américaine, mais ils se trouvent surtout en Ontario.
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Les doukhobors
Les doukhobors ont aussi immigrés au Canada, car ils se faisaient persécutés dans leur pays, la Russie. Cette secte de dissidents russes s'est séparée de l'Église orthodoxe. Les doukhobors n'ont pas de textes liturgiques mais transmettent plutôt oralement leurs traditions et leurs préceptes. Les doukhobors croient que Dieu est dans chaque homme et non seulement dans l'Église. La Bible a été remplacée par des psaumes et des hymnes, le Livre Vivant. Le chef était révéré; l'on considérait qu'il était inspiré par Dieu. En 1898 et 1899, plus de 7000 Doukhobors quittent la Russie pour la Saskatchewan. Ils ont reçu des concessions, tout en habitant en communauté. Cependant, en 1905, le gouvernement fédéral s'est ravisé et a exigé que les doukhobors prêtent serment pour obtenir le titre de leurs terres. Les doukhobors ont refusé cette exigence et ils ont déménagé en Colombie-Britannique où ils ont acheté des terres. Un petit groupe de dissidents doukhobors, les « Fils de la liberté » a été fondé en 1902. Lors d'un conflit avec le gouvernement de cette province au sujet de l'enseignement, ils ont brûlé quelques écoles. (Information tirée de l'Encyclopédie du Canada.)
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