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Les
liens entre la France et Terre-Neuve, établis par les marins et
les pêcheurs, remontent à la période de la découverte même de
l'île par Jean Cabot, en 1497. D'après l'historien américain Samuel
Eliot Morison, les premiers documents authentiques attestant la
présence d'un vaisseau français sur le Grand Banc remontent à
1504, alors qu'un nommé Jean Denys de Harfleur pêcha entre le
cap Bonavista et le détroit de Belle-Isle; en 1506, un dénommé
Thomas Aubert, de Dieppe, y fit campagne dans la Pensée. Déjà,
en 1529, des marchands normands exportaient vers l'Angleterre
de la morue prise à Terre-Neuve. En 1542, pas moins de soixante
vaisseaux quittèrent Rouen le même jour, en partance pour le Grand
Banc.
Il
faut remarquer l'importance de la présence bretonne parmi les
premiers exploitants de ces eaux septentrionales, présence qui
s'est imposée surtout au dix-neuvième siècle, lors de la fondation
des villages français de la presqu'île de Port-au-Port. Jacques
Cartier, Breton lui-même, né à St. Malo en 1491, fut le premier
à longer la côte ouest de l'île, en 1534. Une curieuse coïncidence
relie d'ailleurs Cartier aux villages français actuels.
Au
cours de son voyage de découverte dans le golfe du St. Laurent
en 1534, Cartier découvrit un îlot qu'il nomma l'île Rouge, d'après
la couleur de ses roches et, à une distance d'un mille et demi
de l''île, les falaises imposantes d'un cap qu'il nomma cap de
Latte, en souvenir de Fort la Latte, près de St. Malo. Ce cap,
aujourd'hui Cap-St-Georges, a donné son nom au village qui s'y
trouve situé, et dont l'un des tout premiers habitants, signalé
dès 1837, fut un dénommé Guillaume ou Djillaume Robin, déserteur
de la pêche française et, comme Cartier, malouin de naissance.