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Si
l'on peut considérer les premières décennies du dix-neuvième siècle
comme une période de fondation et celles de la fin du siècle et
du début du vingtième siècle comme une période de consolidation
pour les villages français de la région, l'année 1940 inaugure
une période de rupture et d'assimilation. Certes, les années trente
ont exercé une influence néfaste sur la vie économique des Français,
mais la grande dépression en a fait autant pour tous. Le seul
fait traumatisant notoire, avant 1940, fut la " colonisation "
du village de Clam Bank Cove par des Anglais et Irlandais transplantés
de la baie de Fortune, au sud-est de Terre-Neuve.
Cet
établissement d'un village anglophone au beau milieu d'une communauté
française eut lieu en 1935-36, sous la direction du curé irlandais,
le père O'Reilly. Il est assez ironique de constater que le seul
village sur la presqu'île au nom carrément français (du moins
sur les cartes officielles) doive son nom à un curé anglophone.
Cette implantation tardive eut pour effet de se mer le désaccord
entre Français et Anglais, ces derniers apportant avec eux des
valeurs différentes de celles qui y étaient déjà établies. Le
nouveau village de Lourdes (c'est ainsi que le père O'Reilly avait
rebaptisé l'ancien Clam Bank Cove), prospéra ensuite, pour devenir,
dans les années soixante, le plus grand noyau de population de
la presqu'île.