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J'ai
traité des origines des communautés françaises de la région et
il est temps maintenant d'évoquer quelques étapes de leur évolution,
Il faut voir comment ces premières familles survécurent et arrivèrent
à prospérer, de sorte qu'aujourd'hui les villages francophones
de la presqu'île comptent plus de 1 500 habitants, dont la langue
française reste la langue maternelle, même s'ils sont tous, à
quelques exceptions près, bilingues.
Malheureusement,
il existe peu de documents pour décrire la vie des premiers habitants
de la presqu'île, Nous disposons, bien sûr, des rapports préparés
par des officiers de la marine française et, depuis 1857, des
recensements faits dans la région; mais il faut parfois se méfier
des chiffres, dont l'interprétation n'est pas toujours sûre.
On
doit se demander tout de suite comment les tout premiers habitants
purent se nourrir, Charles de la Morandière nous donne des renseignements
utiles, quant à la source de certains aliments. Citant un M, Carpon,
chirurgien qui avait fait plusieurs voyages pour la pêche côtière
à Terre-Neuve, et qui en fit le compte rendu dans un livre publié
en 1852, de la Morandière nous dit que:
Le
navire emporte avec soin beaucoup de jeunes choux plantés dans
des paniers remplis de terre, On suspend ces paniers au-dessous
des hunes afin que les frimas de la mer n'entamassent pas les
végétaux qui s'y conservent et y poussent parfaitement bien. On
conserve de cette manière tous les troncs de choux garnis de leurs
racines et dont les feuilles ont servi pendant une partie de la
traversée à faire la soupe, En arrivant à Terre-Neuve, on les
plante ainsi que des pommes de terre. On y sème encore navets,
pois, salades, cerfeuil, épinards, cresson, raves et radis que
l'on a le plaisir de voir croître très promptement, Ces travaux
s'exécutent sous la direction du chirurgien.