PAGE
1/2/3/4/5/6/7/8/9
Le
témoignage oral est catégorique, Parmi les premiers Français à
s'installer sur la presqu'île beaucoup, sinon tous, étaient déserteurs
de la pêche côtière française. De la Morandière a attiré notre
attention sur la présence de quelques déserteurs dans la région
de St-Georges ; ceux-ci auraient été vite assimilés soit à leurs
cousins acadiens, soit aux colons anglo-irlandais. Il est curieux
de constater que peu d'informateurs peuvent dire pourquoi leurs
ancêtres avaient déserté. On suggère, implicitement, que les conditions
de vie du pêcheur provoquaient la désertion; mais les déserteurs
eux-mêmes étaient, paraît-il, peu disposés à parler de quoi que
ce soit concernant leur vie d'avant la désertion, sauf entre eux.
Quelles
étaient donc les conditions qui poussaient les uns et les autres
à refaire leur vie? Tout d'abord, souvenons-nous que la plupart
des hommes engagés dans la pêche côtière n'étaient pas des pêcheurs
professionnels. C'étaient, suivant le terme de Paul Sébillot,
des " paysans-marins " ou, mieux, des paysans-pêcheurs: des gens
qui, pour des raisons diverses, ne gagnaient pas bien leur vie
à terre et cherchaient à augmenter leurs moyens en s'engageant
dans la pêche. Sans formation de pêcheur, ils étaient obligés
le plus souvent de faire le travail de la côte, de la grave (d'où
leur appellation de graviers).