PAGE
1/2
D'autres
facteurs, d'ordre culturel, s'ajoutèrent aux influences de la
dépression économique. Depuis la confédération, en 1949, et même
bien avant, le gouvernement de Terre-Neuve avait voulu appliquer
une politique d'assimilation envers les Français. C'était une
politique non déclarée, bien sûr, dont l'instrument principal
fut l'Église, qui dirigeait renseignement dans la région. On essaya
d'imposer, par l'éducation tant profane que spirituelle, l'usage
de l'anglais. Cet aspect positif " d'une politique d'assimilation
fut renforcé par un autre aspect, négatif celui-là, qui était
tout simplement un manque d'égards vis-à-vis des intérêts des
Français.
Cette
négligence, qui avait pour effet de démoraliser les Français,
était appuyée aussi par une attitude dédaigneuse envers ceux-ci,
de la part de nombreux anglophones de la côte ouest, et même d'ailleurs.
Le mot péjoratif le plus courant que l'on adressait aux Français
" Jacotar " ou , " Jackytar " -avait été employé pour désigner
un mélange de Français et de Micmac, depuis les premières années
du dix-neuvième siècle. En l'utilisant, on se moquait de l'accent
des Français, lorsqu'ils parlaient anglais, et d'autres qualités
qu'on leur attribuait méchamment, comme la paresse ou l'immoralité.
Ce
fut le pire moment de leur infortune. Certains Français même se
mettaient à mépriser leur langue et leur culture. Et puis, tout
d'un coup, semblait-il, un intérêt nouveau et apparemment spontané
de la part des Français commença à poindre, pour leur avenir de
Français. Plusieurs facteurs qui se renforçaient mutuellement
contribuèrent à cette renaissance.