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Nous
étions les servants de messe les plus réguliers
à l'époque même si notre tour ne devait pas
revenir plus souvent que les autres, se rappelle aujourd'hui
le père Lindsay.
Ma
mère devait espérer que nous nous orientions vers
la vie religieuse et que nous devenions mon frère et moi
prêtres ou frères. Il s'agissait d'une influence
normale pour cette période-là. Pas plus forte que
dans d'autres familles, raconte-il. Et il était
naturel que nous allions au séminaire une fois notre petite
école terminée.
Au
séminaire à Rimouski
L'abbé
d'Amour fait du recrutement chez les jeunes élèves
de Trois-Pistoles, les invitant à s'inscrire au Séminaire
de Rimouski. La décision se prend toute seule, Fernand ira
rejoindre à 11 ans Jean-Marc parti trois ans auparavant.
De nouveau, le tennis, le hockey et la musique seront au programme.
Jean-Marc poursuit les cours de piano, mais pour des raisons financières
Fernand doit se contenter de travailler l'instrument par lui-même.
Ce qui ne l'empêche nullement de pratiquer abondamment, de
continuer à lire la musique et de s'habituer à déchiffrer
à première vue.
![De l'harmonie à l'orchestre](images/3portrait2_m2.jpg) |
De
l'harmonie à l'orchestre
Toujours
par ses propres moyens - à cause d'un manque de professeurs,
la coutume est répandue d'apprendre avec une méthode
- il se met à l'étude de la clarinette et rejoint
rapidement l'harmonie du collège dirigée par
l'abbé Charles Morin. Parce que musicalement, tout
lui réussit bien, il s'engage aussi dans le petit orchestre
de vingt musiciens sous la direction de l'abbé Perreault.
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Le
répertoire n'est pas constitué d'uvres importantes,
mais le niveau de jeu est rehaussé par la présence
de quelques professeurs dont l'abbé Lamontagne, un bon violoniste.
C'est avec lui et en compagnie d'un ami de ce dernier qu'il fera
de la musique et lira (sans doute pour la première fois)
les sonates de Corelli et de Haendel.
Comme
il a déjà une petite expérience de l'orgue
acquise à Trois-Pistoles, qu'il joue du piano et sait lire
la musique, on lui demande à l'occasion de remplacer l'organiste
de la paroisse. Sans doute avait-il certaines dispositions car il
n'avait jamais suivi de cours et n'avait bénéficié
que d'une initiation sommaire lui permettant à peine d'acquérir
les rudiments.
Les
Community Concerts à Rimouski
Nous
sommes au début des années quarante, l'agence américaine
Columbia organise des séries de concerts offerts tant aux
États-Unis qu'au Canada. C'est la seule occasion pour des
petites villes comme Rimouski de présenter des artistes de
la scène internationale. Un comité local s'occupe
de vendre des billets avant le début de la saison et de déterminer
ainsi, selon le nombre de places vendues, la programmation de l'année.
De cette manière, il devient presque impossible de perdre
de l'argent.
Le
jeune étudiant a donc la chance d'assister à ses premiers
concerts donnés par des interprètes professionnels.
Aujourd'hui encore, il se rappelle la venue du violoniste cubain,
Angel Rejes et du violoncelliste français, Marcel Hubert.
Ce dernier lui donne l'opportunité de voir de proche pour
la première fois toutes les possibilités offertes
par un instrument tel le violoncelle lorsqu'il est mis entre les
mains d'un virtuose.
Le
départ pour Joliette se prépare
Georges
Lindsay, l'oncle de Fernand, un musicien professionnel établi
à Montréal, enseigne le piano et l'orgue à
Sainte-Thérèse et à Joliette. Pendant les vacances
d'été, il lui parle de la musique qui se fait au Séminaire
de Joliette, de l'harmonie et de l'orchestre symphonique du collège.
Pour
la première fois, il entend les noms des pères Lucien
Bellemare qui dirige l'orchestre et Rolland Brunelle qui enseigne
le violon. Quand son oncle lui raconte la soirée consacrée
à Mendelssohn au cours de laquelle ont été
donnés le concerto pour piano no.1 (Georges Lindsay: piano),
le concerto pour violon (père Brunelle: violon) et la symphonie
Italienne (l'orchestre du Séminaire), le jeune garçon
de douze ans s'enthousiasme.
Qu'un
collège possède un orchestre symphonique, des professeurs
capables de monter un tel programme et qu'il se fasse autant de
musique dans une même institution, quelle chose extraordinaire
!
F.L.
![L'Orchestre du Séminaire](images/3portrait2_m4.jpg)
Fernand
Lindsay ne désire plus alors qu'accéder à cette
école de rêve.
Il
lui restera, pour concrétiser son projet, à convaincre
sa mère de le laisser partir pour la lointaine Joliette.
Madame Lindsay finira par acquiescer au désir de son fils
à la condition que son frère Jean-Marc l'accompagne.
Celui-ci n'est guère emballé par l'idée, mais
sous l'insistance de Fernand, il finit par céder. Ils quitteront
donc Trois-Pistoles pour Joliette en septembre 1943.
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