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Le Livre d'or

 

EUROPE ET FESTIVALS

F. Lindsay sur le bateau

ENFANCE À TROIS-PISTOLES

DÉPART VERS LA VIE RELIGIEUSE

LA VIE À JOLIETTE

MUSIQUE - PASSION - CARRIÈRE

L'ENSEIGNEMENT

EUROPE ET FESTIVALS

UN HOMME DE FOI

En 1963, après dix ans d'enseignement, une licence en philosophie obtenue cette même année, la communauté des Clercs de Saint-Viateur envoie le père Lindsay se spécialiser à Paris (philosophie). Il suivra des cours à la Sorbonne puis à l'Institut catholique de Paris. Mais avant de se mettre à l'étude, il dispose de trois mois pour voyager et faire le tour des festivals de musique européens.

Une année en Europe qui n'en finit plus de porter des fruits

Tout dans ce voyage le charme, à commencer par la traversée à bord du France en compagnie de son collègue le père Léo-Paul Hébert, une occasion unique de voir la mer. Et puis par cet accueil très cordial que lui réservent ses confrères séjournant à Paris.

C'est d'ailleurs avec l'un d'eux, le père Prévost, qu'il entreprend le voyage en train qui va le mener de Paris à Salzbourg en passant par la Côte d'Azur - encore la mer - et par Milan. À son arrivée à Salzbourg, il n'a en main aucun billet ni aucune réservation pour les concerts auxquels il désire assister. Il a cependant entrepris des démarches avant son départ, mais sans résultat.

Gilles Lefebvre, le fondateur des Jeunesses musicales du Canada, lui a suggéré d'écrire au pianiste Georg Ebert qui réside à Salzbourg et qui est déjà venu donner des concerts en trio au Québec afin que celui-ci lui trouve deux, trois ou, avec beaucoup de chance, quatre billets. Mais la réponse n'est jamais venue. Nous sommes à quelques heures de l'ouverture du Festival et rien ne garantit que le père Lindsay pourra réaliser son rêve…

 

Le choc de sa vie

Voilà que le miracle se produit. Georg Ebert n'a pas réussi à lui dénicher que quelques billets, il est parvenu à lui en procurer trente, dont un pour le concert d'ouverture: La Flûte enchantée de Mozart. Le père Lindsay pourra donc assister à tous les concerts qu'il avait inscrits sur cette liste idéale qu'il avait postée au pianiste quelques mois auparavant. Trente concerts en vingt-cinq jours. Trente moments de pur délice. Le choc de ma vie, comme il le dira lui-même, près de quarante ans plus tard.

Et puisque cela ne suffit pas et que le Festival Wagner à Bayreuth est aussi au programme, pourquoi s'arrêter ? L'extraordinaire se produit une deuxième fois ! Une annulation de dernière minute… et le père Lindsay se retrouve en possession de six places pour les sept concerts du Festival. Fait à noter, les billets pour ces deux prestigieux festivals sont vendus deux à trois ans à l'avance.

Pendant quelques jours, il baignera dans l'univers Wagnérien en se laissant éblouir par les Maîtres chanteurs, Parsifal et la Tétralogie, ce cycle dramatique de quatre ouvrages comprenant L'Or du Rhin, La Walkyrie, Siegfried et Le Crépuscule des dieux dont les représentations ont lieu dans le théâtre (Festspielhaus) inauguré à Bayreuth en 1876 et spécialement conçu à la demande du compositeur pour y présenter cette œuvre géante.

Le choc de sa vie

J'ai vécu là une expérience unique et majeure […] Il y a une force inouïe dans la musique de Wagner (il se met à décrire cette musique d'opéra) […] Juste pour vous montrer quel genre de public fréquente ce festival, je vous raconte deux petites anecdotes. Je commençais à apprendre l'allemand et, pendant l'entracte, afin de pratiquer, j'essayais de lier la conversation avec mon voisin ou ma voisine.

 

Un soir, j'étais assis à côté d'un monsieur d'un certain âge qui semblait très bien connaître l'œuvre au programme. Je lui ai parlé et il m'a confié qu'il avait entendu ici " La Walkyrie" une centaine de fois et " Le Crépuscule des dieux" une soixantaine de fois… Quelques jours plus tard, je m'entretiens avec ma voisine - qui s'avère être française — qui me raconte qu'elle passait toute la durée du Festival ici - elle réentendait donc 4 ou 5 fois le même opéra — et qu'elle avait fait la même chose l'année précédente. Alors je lui demande si elle ne désire pas se rendre plutôt dans un autre festival et voilà qu'elle me répond: "J'aime trop Wagner pour aller voir ailleurs".

F.L.

Près de 50 concerts en 2 mois

S'il n'a souffert d'aucune indigestion suite à ces séries de concerts, c'est qu'il était bien préparé. Il avait écouté beaucoup de musique, lu considérablement et il s'assurait, avant chaque opéra, - c'était la première fois qu'il assistait à de telles représentations - de bien connaître l'œuvre et d'avoir consulté attentivement le livret et le programme.

C'est au cours de cet été de musique qu'il prend d'ailleurs goût à la voix en entendant et en voyant soir après soir ce qu'il croyait être alors les plus grands noms de l'époque. Avec le temps, il réalise qu'il s'agissait plutôt des plus grands chanteurs et chanteuses du siècle interprétant leurs plus grands rôles.

C'est ainsi qu'il entend Élisabeth Schwartzkopf dans Cosi Fan Tutte de Mozart, dans Le Chevalier à la rose de Strauss et lors d'un récital de lieder de Hugo Wolf ainsi que Leontyne Price dans Il trovatore de Verdi. Et pendant que ces grandes interprètes sont sur la scène, ce n'est nul autre que Herbert von Karajan qui dirige l'Orchestre de Vienne dans la fosse.

Mais après Salzbourg et Bayreuth, la tournée de festivals et de concerts n'est pas terminée. Il se rendra à Munich et à Vienne avant de regagner Paris. En deux mois, le père Lindsay assistera à près de 50 concerts. Il n'aura plus l'occasion de revivre une telle expérience. Bien sûr, il y aura d'autres très beaux moments musicaux, mais jamais une telle concentration.

Tout le reste de ma vie a été nourri de ces deux mois-là. Seulement de penser à ce que j'ai vécu là me rappelle toute une atmosphère. Je n'ai pas besoin de réécouter cette musique entendue en cet été 1963 pour que cela me nourrisse. Le souvenir est resté gravé…

F.L.

Le père Lindsay et les Chœurs de Saint-Eustache

Les mois d'été ont été bien remplis, mais le séjour à Paris ne se termine pas là. Le père Lindsay logera chez les Prêtres de l'Oratoire qui s'occupent de l'église de la paroisse Saint-Eustache en plein cœur de la ville.

À peine est-il arrivé que le directeur des célèbres Chœurs de Saint-Eustache, le Père Émile Martin, l'invite à se joindre à la chorale. Il sait lire la musique, il sait chanter, il passera donc l'audition et participera aux répétitions hebdomadaires en vue des concerts que la formation donne dans l'église en compagnie d'ensembles comme L'Orchestre Lamoureux. En plus des concerts, le Chœur chante la grand-messe de onze heures.

Le père Lindsay qui s'est promis en arrivant à Paris d'assister à la messe à chaque dimanche dans une église différente - il désire visiter de nouveaux lieux et entendre le plus d'organistes possible -, change rapidement d'idée après son premier dimanche à Saint-Eustache.

Il arrive à l'église, on lui remet sa partition et aussitôt la messe commence. Il chante donc une musique qu'il n'a jamais interprétée. Il trouve cette manière de faire si extraordinaire - lire à première vue - qu'il devient incapable d'aller ailleurs.

J'étais curieux de savoir ce que nous allions chanter le dimanche suivant et j'éprouvais un tel plaisir de chanter à première vue un répertoire différent à chaque semaine que je n'ai jamais regretté les autres paroisses. Et puis, c'était tellement agréable d'être accompagné par un organiste comme Jean Guilloux et de pouvoir interpréter de grandes œuvres comme le "Requiem" de Fauré, la "Messe en si" et la "Passion selon saint Jean" de Jean-Sébastien Bach.

F.L.

Pendant un an, le père Lindsay sera littéralement plongé dans un bain de culture: études, théâtre, concerts, musique, rencontres avec des personnalités et… quelques belles découvertes culinaires - une autre passion qui s'est développée avec les années -.

 

Semence d'un festival d'été

Le passage à Salzbourg et Bayreuth est marquant. Il laisse des traces chez cet homme de trente-cinq ans passionné de musique qui s'occupe déjà à Joliette d'activités telles les Jeunesses musicales dont il est le directeur depuis 1957.

Au cours de son été de concerts, la plupart du temps seul, il prend du temps pour réfléchir. Et si… Et si c'était possible d'organiser à Joliette durant l'été des concerts qui continueraient en quelque sorte la saison des Jeunesses musicales  ! Il tourne l'idée dans sa tête...

Joliette possède une tradition musicale, elle est située à proximité de Montréal et de Trois-Rivières, les routes sont bellesEt puis Salzbourg ce n'est pas Vienne et Bayreuth ce n'est pas Munich, ce sont des villes de grandeur moyenne où les gens viennent parce qu'elles ont de belles choses à offrir. Pourquoi pas Joliette ? Tous les rêves sont donc permis. Il ne reste qu'un seul obstacle: la ville ne possède aucune salle climatisée pour recevoir le public durant la chaude saison.

F.L.

Le père Lindsay est patient et il attendra 12 ans avant que naisse l'embryon de ce qui allait devenir le Festival international de Lanaudière. Douze ans de gestation tranquille avant que les conditions gagnantes ne soient réunies, comme il le dit lui-même.

Pour le moment, retour à la vie normale: le professeur continuera à enseigner et l'animateur à s'occuper d'activités musicales.

Malgré l'effervescence qu'il a connue en Europe, le père Lindsay est content de revenir à Joliette, content de retrouver la classe et ses élèves, heureux de reprendre les activités et les organisations musicales qu'il avait dû abandonner au cours de la dernière année.
F. Lindsay - enseignant

 

Europe et festivals

Une année en Europe qui n'en finit plus de porter des fruits

Le choc de sa vie

Près de 50 concerts en 2 mois

Le père Lindsay et les Chœurs de Saint-Eustache

Semence d'un festival d'été

   
 

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UN HOMME DE FOI, SIMPLE ET HEUREUX

   
                 

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