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Les
premiers déserteurs et autres habitants profitèrent sans doute
des jardins plantés de légumes apportés de France. Mais la vie
a dû être dure pendant les premiers hivers, même si les colons
pouvaient prendre du poisson, des lapins et du gibier à plume,
qu'ils attrapaient au piège, et cueillir des baies. Ce n'était
pas là un régime de luxe. Leurs habitations restèrent aussi simples
au début que les cabanes de branchages décrites par Gobineau,
jusqu'au moment où ils purent trouver les moyens de se procurer
du matériel de charpentier. pourtant, au moment où le premier
recensement se fit sur la côte française, en 1857, chaque communauté
recensée semble avoir été bien fournie pour parer aux nécessités
de la vie. Mais avant de regarder de plus près les questions d'ordre
matériel notées dans les recensements concernant le nombre de
bêtes, les prises de poisson, les bâtiments, et ainsi de suite,
il est utile de considérer un instant celle de la population.
Le
recensement de 1857, le premier qui comprend des données sur la
presqu'île de Port-au-Port, signale un total de 39 habitants dans
" Port a port Bay West and Bay East. " De ces 39, 26 sont nés
à Terre-Neuve, les autres dans des colonies britanniques, sans
doute en Nouvelle-Écosse ou au Nouveau-Brunswick. On ne dit mot
de la présence d'un élément français. Bien sûr, le recensement
de 1857 ne recouvrait pas toute la presqu'île; pourtant, nous
savons que les principales communautés françaises existaient déjà,
sans considérer les Français qui travaillaient à l'île Rouge,
dont le nombre à l'époque dépassait de loin la centaine. pourtant,
le géographe français Pierre Biays signale l'arrivée, en 1837,
d'un dénommé Guillaume Robin, de la Roche, un des tout premiers
Français à se fixer à Cap-St-Georges. On peut supposer que, si
les renseignements recueillis par Biays sont valables, Guillaume
Robin n'avait pas passé vingt ans dans un isolement total.