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Il
serait peu utile de détailler ici la croissance de chaque village
français année par année, et je me bornerai simplement à signaler
les traits saillants de l'évolution de Cap-St-Georges, de la Grand'Terre
et, à un moindre degré, de l'Anse-à-Canards. Cap St. Georges et
l'Anse-à-Canards apparaissent pour la première fois dans la recensement
de 1874, tandis que la Grand'Terre n'est reconnue qu'en 1884,
dix ans plus tard.
Le
recensement de 1874 joint l'Anse-à-Canards à " Port-au-Port Bay
", dont la population totale est de cent vingt-sept habitants.
Comme pour le recensement de 1857, Terre-Neuve et les colonies
britanniques sont les seules sources d'origine ethnique à être
mentionnées. Par contre, Cap-St-Georges, où on ne dénombre que
21 âmes, comptait deux personnes nées dans " Foreign or other
countries ", et on peut supposer que ces pays étrangers comprennent
la France. Dix ans plus tard, en 1884, le recensement ne mentionne
pas Cap-St-Georges, mais parle de Jardins Verts (" Green Gardens
") et donne une population de 147 habitants.
Ces
chiffres mettent en évidence la difficulté d'interprétation des
recensements de la région. Jusqu'en 1921, les communautés sont
très mal définies. Il semble probable que le recensement de 1884
comprenait le village actuel de Cap-St-Georges, sous l'appellation
de " Green Gardens ", ainsi que les villages voisins de Degras
et de Rousseau Rouge (Red Brook). Il est encore plus intéressant
de constater que sur un total de 147 habitants, on ne signale
que quatre personnes nées à l'étranger. On doit soupçonner que
ce chiffre et d'autres du même genre ne sont pas exacts. Il n'était
évidemment pas à l'avantage des déserteurs d'admettre qu'ils étaient
français, puisque ceux-ci craignaient, et avec raison, d'être
repris par les autorités françaises et ramenés en France, comme
le rappelle le témoignage oral noté plus haut, qui signale une
chasse à l'homme à la Grand'Terre, en 1900.