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Il
est toutefois certain qu'un motif économique poussait la France
à insister sur ses droits. La partie nord de la côte française,
appelée " Le Petit Nord ", entre cap St. Jean et le cap Normand,
donnait une pêche très fructueuse et celle-ci était entre les
mains des pêcheurs malouins. La morue y était abondante, de taille
uniforme, plus petite que la morue prise sur le Grand Banc. C'était
un poisson idéal pour l'exportation vers les Antilles.
Si
la pêche au Petit Nord fut dirigée par des Malouins, entre le
cap Normand et le cap Rai elle tomba, à partir de 1816, entre
les mains des armateurs saint-pierrais qui devaient éventuellement
acquérir le monopole des droits sur cette partie de la côte. Les
liens entre les îles St. Pierre et Miquelon et la côte ouest de
Terre-Neuve se forgèrent après la reprise de possession de l'archipel
par les Français en 1816, à qui les Anglais l'avaient pris en
1793. Cet intérêt saint-pierrais pour la côte ouest fut essentiellement
pratique.
Tous
les cinq ans, les bateaux de pêche qui quittaient la France -
la Bretagne et la Normandie surtout -participaient à un tirage
au Sort qui avait pour but de déterminer l'allocation des havres
sur la côte française. Les armateurs saint-pierrais se plaignaient
de la difficulté qu'ils avaient à participer à ce tirage et, par
conséquent, on finit par leur accorder certaines installations
dans la partie sud de la côte, notamment à Codroy, à la baie St.
Georges, à Port-au-Port et à l'île Rouge. Certains intérêts métropolitains
acquirent une partie de ce monopole, à condition qu'ils se servent
d'une main-d'oeuvre tirée de l'archipel. Si, au cours du dix-neuvième
siècle, la pêche française de la côte ouest de Terre-Neuve joua
un rôle de moins en moins important, l'île Rouge fut un centre
d'exploitation saint-pierrais jusqu'en 1904 et servit de tremplin
à la plupart des Français qui devaient se fixer sur la presqu'île
de Port-au-Port.