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Du bureau mobile d’Alain Pineau — Écrit depuis le tarmac à Winnipeg

le 27 jan­vier 2012

WINNIPEG — Les divinités météorologiques me boudent : le ver­glas à Toronto et à Ottawa retar­dent les vols et j’ai un bon trois heures à atten­dre à l’aéroport de Win­nipeg. Dieu sait à quelle heure je serai à la mai­son! Aussi bien prof­iter de ce con­tretemps pour rédi­ger mon rap­port sur ma vis­ite dans la cap­i­tale man­i­to­baine. Nicole Mati­a­tion, mem­bre de notre c.a., et Thom Spar­ling, directeur général de l’Arts and Cul­tural Indus­tries Asso­ci­a­tion of Man­i­toba (ACI), m’avaient aligné un horaire bien rem­pli. Cela a com­mencé jeudi matin par une réu­nion au Cen­tre cul­turel franco-manitobain de Saint-Boniface où s’étaient réu­nis une dizaine de représen­tants d’organismes artis­tiques. Ici encore, la CCA est incon­nue : j’ose espérer qu’elle l’était moins à la fin de notre ses­sion. Je note un intérêt pour ce que nous faisons et pro­posons, mais même thème qu’auprès des franco-colombiens quant à la capac­ité de payer. Il y a seule­ment tant d’organismes aux­quels nous pou­vons souscrire, me dit-on : com­ment pri­oriser compte tenu de nos bud­gets mod­estes? Et com­ment se fait-il que nous n’entendions jamais par­ler de vous par l’entremise de nos organ­ismes para­pluie dont vous nous dites qu’ils sont mem­bres? Bonne ques­tion à laque­lle il fau­dra trou­ver réponse s’il est jugé que la CCA a un rôle unique à jouer dans l’écologie du secteur cul­turel canadien.

C’est d’ailleurs le même con­stat qui ressort de la réu­nion d’après-midi au Folk Exchange,  dans le quartier his­torique de Win­nipeg, où plus d’une trentaine de représen­tants d’organismes anglo­phones s’étaient rassem­blés pour enten­dre par­ler de la Con­férence et de ce qu’elle pro­pose pour assurer un avenir dynamique aux arts et à la cul­ture dans ce vaste pays. Com­ment se fait-il que l’information que vous générez ne nous parvient pas? Le tra­vail de la CCA dans le dossier du droit d’auteur et des sta­tis­tiques, de même que ses préoc­cu­pa­tions quant aux investisse­ments publics en art et pat­ri­moine ou quant à la pro­priété étrangère de nos indus­tries cul­turelles sus­ci­tent pour­tant un vif intérêt ici. J’accueille volon­tiers les recom­man­da­tions qui me sont faites quant à la néces­sité de mod­uler le style de nos com­mu­ni­ca­tions si nous voulons rejoin­dre un plus grand pub­lic et élargir nos appuis : ce n’est vrai­ment pas tout le monde qui est un expert en développe­ment de poli­tiques cul­turelles et nos bul­letins, pour infor­mat­ifs et riches qu’ils soient, sont sou­vent trop arides et tech­niques. Mes­sage reçu!

Cer­tains par­tic­i­pants ont osé soulever des ques­tions déli­cates : en ces temps dif­fi­ciles, ne devrions-nous pas réaligner nos straté­gies? Se pourrait-il que nous dis­per­sions trop nos efforts et que nous ayons trop d’organismes de ser­vice qui fonc­tion­nent en silos et ne coor­don­nent pas leurs activ­ités de représen­ta­tions ou leurs con­férences? Une par­tic­i­pante déclare : « Je fais par­tie de trois asso­ci­a­tions dif­férentes et l’an dernier, les trois m’ont con­viée à quelques semaines d’intervalle à par­ticiper à une journée sur la colline à Ottawa. Je n’ai ni le temps ni l’argent pour toutes ces activ­ités, si impor­tantes soient-elles! Com­ment choisir celle-ci plutôt que celle-là? » Cette excla­ma­tion trouve écho auprès d’autres par­tic­i­pants, ce qui me place dans une sit­u­a­tion un peu embar­ras­sante : la dernière chose dont la CCA a besoin, c’est d’avoir l’air de miner d’autres organ­ismes qui ren­dent des ser­vices impor­tants à tel ou tel secteur en par­ti­c­ulier. Mais il faut bien avouer que la ques­tion n’est pas déplacée et que je l’ai déjà entendu soulevée au cours de con­ver­sa­tions par­ti­c­ulières. Mais c’est un sujet tabou rarement évoqué en pub­lic. Dans un autre ordre d’idées, je ne peux m’empêcher de rap­porter les pro­pos d’un par­tic­i­pant d’origine bri­tan­nique, qui a longtemps œuvré dans les dossiers cul­turels pour la ville de Lon­dres, et qui déclare empha­tique­ment que la Grande-Bretagne pour­rait s’accommoder fort bien d’un forum national comme celui que la CCA offre. Je suis encore plus heureux de rap­porter que quelques heures plus tard, j’ai reçu de lui un cour­riel m’annonçant que lui  et son épouse avaient décidé d’appuyer la CCA en devenant mem­bres : espérons que plusieurs autres fer­ont de même sous peu!

Entre les deux séances de con­sul­ta­tion publique, entre­vue long for­mat pour l’émission radio du samedi matin à CKSB, la sta­tion fran­coph­one de Radio-Canada. Quel plaisir d’avoir une ving­taine de min­utes au lieu de l’habituel clip de trente sec­on­des au cours duquel on vous demande d’expliquer des sujets aussi impor­tants que com­pliqués! Ensuite, lunch dans les locaux de ACI Man­i­toba avec des lead­ers de la com­mu­nauté cul­turelle man­i­to­baine qui tra­vail­lent d’arrache-pied depuis des mois à la créa­tion d’une alliance mul­ti­dis­ci­plinaire dont le man­dat et le mem­ber­ship éventuel sont au provin­cial l’équivalent de la CCA. Comme directeur général de la Con­férence, il s’agit là d’une ini­tia­tive cru­ciale que j’applaudis vive­ment : j’y vois non seule­ment une sol­i­dar­ité qui servira mieux les intérêts des com­mu­nautés cul­turelles man­i­to­baines mais la créa­tion du genre d’affiliés provin­ci­aux dont nous par­lons dans nos propo­si­tions pour ren­dre la CCA plus per­ti­nentes au niveau national. Je me fais un plaisir d’affirmer tout mon appui à ce mou­ve­ment de con­ver­gence par­ti­c­ulière­ment essen­tiel par les temps qui courent.

Enfin, ce matin, réu­nion des plus pos­i­tives avec Mme Veron­ica Dick, sous-ministre adjointe du Min­istère de la cul­ture, du pat­ri­moine et du tourisme, des mem­bres de son équipe et des représen­tants des con­seils des arts provin­cial et munic­i­pal. Excel­lente occa­sion de faire le tour des dossiers d’intérêt com­mun, notam­ment au chapitre des sta­tis­tiques cul­turelles et du droit d’auteur pour lequel la CCA reçoit des félic­i­ta­tions chaleureuses.

C’est ainsi que se ter­mine une semaine bien rem­plie en Saskatchewan et au Man­i­toba. Dès lundi 30 jan­vier, je reprends la route pour Cal­gary puis Edmon­ton. Je ne peux qu’espérer que la météo sera de mon côté!

–Alain

One Comment

  1. Paulette Gagnon says:

    En réac­tion au bil­let d’Alain Pineau, suite aux ren­con­tres à Winnipeg :

    D’un autre côté, la CCA est l’un des seuls organ­ismes cana­di­ens capa­bles de nous informer de façon pointue et intel­li­gente au sujet de dossiers com­plexes qui touchent notre secteur (droit d’auteur, par exem­ple). Il serait triste de niveler par le bas sous pré­texte d’être moins aride. C’est le rôle des organ­ismes provin­ci­aux ou sec­to­ri­aux de vul­gariser au besoin pour leurs mem­bres, selon les dossiers qui leur sont per­ti­nents. À mon avis, il ne faut surtout pas per­dre cette capac­ité d’analyse et de recherche de qual­ité pour laque­lle la CCA est reconnue !

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