Nous aimons Radio-Canada mais…
Il semble que le vieil adage dit vrai : tout le monde est un critique. Le 19 novembre prochain, les audiences de renouvellement de licences de Radio-Canada débuteront. Dans les semaines qui ont précédé les audiences, organismes et individus partout au pays ont soumis leur opinion sur les modifications proposées par le radiodiffuseur public. Il paraît clair, par les soumissions, que les Canadiens aiment Radio-Canada mais ont des opinions tranchées sur la façon dont elle doit être menée. Radio-Canada est une partie intégrante de la société canadienne et comme agence de la couronne, dont mandat est fort différent de celui des radiodiffuseurs privés. Les modalités de renouvellement de la licence auront un impact important sur l’avenir de la SRC et sur sa responsabilité de promouvoir les artistes canadiens. Nous avons recueilli des citations de divers mémoires qui résument les opinions des intervenants au sujet des questions qui seront débattues lors des audiences.
Vue d’ensemble
Comme radiodiffuseur national, Radio-Canada a comme mission de diffuser des émissions à prédominance nettement canadienne. Plusieurs mémoires sont critiques de la télévision anglaise de Radio-Canada et de ses choix de programmation. Ils sont d’avis que l’horaire inclut trop de longs métrages américains et d’émissions de télé-réalité attrayants pour les agences de publicité, sans risque et qui ne racontent pas les histoires canadiennes qu’on ne peut trouver chez les diffuseurs privés. La proposition de CBC-Radio-Canada d’autoriser la diffusion de publicités nationales sur Radio Two et sur Espace Musique, soulève de nouvelles inquiétudes sur la qualité de la programmation radio à l’avenir.
CBC-Radio-Canada a également demandé de modifier les catégories de programmation ce qui lui donnerait une plus grande flexibilité dans la gestion de sa programmation. Par exemple, plutôt que d’avoir une condition de licence sur un nombre d’heures précis d’émissions dramatiques ou de comédies (catégorie 7), la Société inclurait ces émissions dans la programmation d’intérêt national, comme ont droit de le faire les radiodiffuseurs privés. Les mémoires de la Guilde canadienne des réalisateurs et de la Documentary Organization of Canada (DOC) ont exprimé leur désaccord avec ces changements. Ces dernières années, il y a eu une diminution de la production du nombre de longs métrages documentaires canadiens originaux et ces nouvelles modifications pourraient selon eux entraîner une diminution encore plus importante.
La demande de la Société Radio-Canada d’éliminer les quotas d’émissions pour la jeunesse et les enfants a été accueillie avec un malaise semblable. Le nombre d’heures d’émissions jeunesse a déjà diminué. Si Radio-Canada veut demeurer pertinent, il faut construire de nouveaux publics. On fait valoir qu’en ignorant le groupe d’âge des moins de 18 ans, Radio-Canada réduit ses chances de développer des relations à long terme avec des auditoires canadiens.
Principales préoccupations dans la demande de Radio-Canada
- L’impact de la diffusion de la publicité sur la programmation de Radio Two et d’Espace musique
- Les choix de programmation de la CBC : qualité vs poursuite des auditoires
- Les modifications apportées à la programmation régionale
- Une durée de la licence appropriée
- Transparence
La programmation télévisuelle
« Dans un petit marché francophone comme le nôtre, il importe au radiodiffuseur public de contribuer au développement et à la diffusion de nouvelles émissions qui sont le miroir des générations futures. Et malgré la présence des nouveaux médias, les enfants francophones continuent à regarder les émissions télévisuelles, en grande majorité canadiennes. » — AQTIS — ARRQ — SARTEC — UDA
La publicité à la radio
« Il faut plutôt lui fournir un cadre financier qui lui permettra de préserver son caractère distinct, de qualité et de complémentarité dans le système radiophonique canadien. » — Fédération nationale des communications
« La diffusion de publicité nationale sera préjudiciable à la radio commerciale privée. » — Astral
« [N]ous objecterions pas à ce que de la publicité soit permise à Espace Musique pour lui permettre de continuer à remplir son rôle unique dans le paysage radiophonique canadien, pourvu que cette modification de licence soit accompagnée d’un engagement quant aux proportions respectives des principales catégories et sous-catégories de musique diffusées. » — AQTIS — ARRQ — SARTEC — UDA
Programmation régionale
« La FCFA recommande La mise en place d’un fonds d’appui à la programmation télévisuelle locale destinée aux communautés de langue officielle en situation minoritaire. » — Federation des communautes francophones et acadienne
« Il n’y a pas plus d’artistes acadiens ou francophones dans les émissions culturelles, que d’économistes francophones dans les émissions sur les finances ou de commentateurs politiques acadiens dans les émissions d’affaires publiques. Cette situation est très dommageable pour l’Acadie (pour ne parler que pour notre région) qui a le sentiment d’être une citoyenne de deuxième classe à laquelle l’on ne sollicite pas son opinion. » — Société Nationale des acadiens (SNA)
« Nous recommandons que la SRC entreprenne la production de tous les genres d’émissions dans les régions à l’extérieur du Québec : dramatiques, documentaires, variétés et enfance jeunesse et ce en collaboration avec les producteurs indépendants de l’Acadie et de la francophonie canadienne. » — Association acadienne des artistes professionnel.l.es du Nouveau-Brunswick
Le financement
« L’aversion au risque et la dépendance excessive sur les recettes publicitaires — a poussé la CBC a imité les collègues du secteur privé plutôt que de remplir son mandat de champion de programmation canadienne » – ACTRA
« La dépendance de CBC sur les recettes publicitaires a mené à des décisions de programmation peu judicieuses qui cherchent à maximiser les auditoires tout en sacrifiant parfois l’ensemble du mandat du radiodiffuseur public. » — La Guilde canadienne des realisateurs
Tarif de distribution (valeur du signal)
La Transparence
« Chaque année, CBC/Radio-Canada reçoit plus d’un milliard de dollars en crédits parlementaires pour remplir son mandat de diffuseur public. En retour de cette somme, les citoyens canadiens sont en droit de s’attendre à un niveau de transparence suffisant pour être en mesure de s’assurer que l’argent qu’ils versent à la société d’État est bien dépensé, c’est-à-dire de façon efficace, dans le respect de son mandat. »
– Quebecor Media
Commentaires généraux, préoccupations et recommandations
« Malgré toutes ses failles, Radio-Canada reste cependant un outil essentiel. En information, elle seule nous offre un regard vraiment canadien sur le monde. » — Florian Sauvageau
« Seule une institution publique forte et nationale peut soutenir le développement de la dualité linguistique et du multiculturalisme canadien. » — Les Amis de Radio-Canada
« La vie culturelle canadienne ayant besoin d’échanges et de « conversation », nous appuyons les demande de la Société quant à une large distribution des services d’ARTV et du RDI dans les marchés anglophones. » — Alliance des producteurs francophones du Canada
« Le renouvellement de licence devrait encourager le radiodiffuseur public national à poursuivre l’innovation et la prise de risques dans sa programmation afin de mieux servir les Canadiens tout en veillant à ce que ces projets ne se développent pas au détriment de la diffusion d’émissions sur les services de base de la radio et de la télévision. » — Open Media — Public Interest Advocacy Centre
« La SRC a l’obligation et la responsabilité de fournir aux Canadiens un forum où ils peuvent voir leurs histoires et leur patrimoine refléter sur leurs écrans, leurs tablettes ou à la radio. » – ACTRA
« Au cours de la prochaine période de licence, les communautés entendent être vigilantes quant à la manière dont la Société s’acquitte de ce mandat. » — Fédération des communautés francophones et acadienne