Asbestos, une histoire minière et syndicale depuis plus de cent ans
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Origine
de l'exploitation minière

Naissance d'un village
Milieu en formation
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Exploitation minière
et urbanisation
(1919-1929)

Dépression
des années 1930
Vie ouvrière,
syndicalisation et grève
Conclusion
Filons d'histoire
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Vie ouvrière, syndicalisation et grève – Page 2

Début et consolidation du syndicalisme minier à Asbestos
Malgré des conditions de travail et de vie difficiles apportées par la croissance rapide de l'industrie de l'amiante, les ouvriers avaient peu conscience de leur pouvoir en tant que classe. Le contexte industriel peu favorable freina l'émancipation des travailleurs et on peut parler d'une classe ouvrière en formation. La volonté d'affirmation des mineurs se manifesterait bientôt dans un premier mouvement de syndicalisation.

C'est le 12 octobre 1919, à une assemblée où « presque tous les travailleurs étaient présents », que fut fondée à Asbestos l'Union Nationale des Mineurs d'Amiante d'Asbestos. La fondation du syndicat visait à répondre aux réclamations des ouvriers :

« Depuis longtemps les ouvriers de la mine d'amiante d'Asbestos cherchaient des moyens pour améliorer leur sort et voir cesser les nombreux griefs dont plusieurs avaient à se plaindre; plusieurs souffraient injustement et ce qui était cause que quelques travaillants, locataires comme propriétaires étaient obligés de laisser la paroisse ne pouvant plus avoir d'ouvrage.217 »

La Fédération des Syndicats catholiques des ouvriers de l'amiante en 1946
La Fédération des Syndicats catholiques des ouvriers de l'amiante en 1946
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Les initiateurs du syndicat bénéficièrent du support de membres du clergé et du syndicat catholique de Thetford qui vint démontrer les bienfaits des syndicats catholiques :

La conciliation patronale-syndicale semblait être à la base du syndicat catholique. C'est en fait, selon les théoriciens catholiques, ce qui différencie le syndicat catholique des unions internationales218. Dans les réunions d'organisation, les syndicats internationaux sont vigoureusement pris à parti par le clergé catholique. Suite à l'assemblée, 300 personnes signifièrent leur intention d'adhérer au nouveau syndicat219.

Très tôt, les ouvriers firent connaître leurs revendications et souhaitèrent voir leur syndicat les défendre auprès de la compagnie minière. Les griefs portaient essentiellement sur les salaires et les congés. Ainsi, au mois de décembre 1919, le syndicat délégua le président pour rencontrer les autorités de la compagnie afin de faire cesser le travail durant les jours de fêtes catholiques. Quelques mois plus tard, les mineurs récidivèrent et demandèrent une augmentation de salaire.

Le syndicat prit bien soin de maintenir des relations harmonieuses avec l'employeur. Ainsi, plutôt que de brandir la menace du recours à la grève, le syndicat assura à la compagnie son entière loyauté. C'est donc avec un certain soulagement que le syndicat obtint l'augmentation de salaire demandée et n'hésita pas à en remercier la compagnie.

Il semble toutefois que ce ne soit pas tous les travailleurs qui aient pu bénéficier des hausses de salaire. Le syndicat dut répondre à de nombreux griefs de certains membres qui affirmaient ne pas avoir obtenu satisfaction. Ainsi, lors d'une assemblée spéciale, le syndicat fit une nouvelle demande :

« Considérant la disproportion existant entre le coût de la vie et le salaire qui laisse un déficit dans le budget (sic) annuel de la plupart des familles, il est résolu que l'Union nationale des mineurs d'amiante d'Asbestos par son comité exécutif représenté à la compagnie minière tout en la remerciant de son bon vouloir jusqu'à ce jour qu'il serait nécessaire de relever les salaires de 5 cent de l'heure ou de 500 par jour en sus de l'augmentation qui doit prendre effet le 24 mai 1920 et que enfin de porter remède au malaise financier ouvrier actuellement existant et entretenir les bonnes relations devant exister entre patrons et ouvriers la dite compagnie minière veuille prendre en sérieuse considération cette demande et lui donner la solution que nous attendons dans un avenir prochain.220 »

N'ayant aucun pouvoir de négociation face à l'employeur et n'osant pas employer les moyens qui feraient avancer sa cause, l'Union perdit vite de sa crédibilité auprès des travailleurs. Ainsi, moins d'un an après sa fondation, seulement 52 membres se présentèrent à l'assemblée générale de l'Union des mineurs d'amiante d'Asbestos221.

Le syndicat d'Asbestos possédait peu de compétence en relations industrielles et l'Union ne reposait sur aucune tradition syndicale. Il n'est donc pas surprenant de constater que l'existence du syndicat dépendait des liens qu'il pourrait développer avec l'extérieur. Le mouvement d'implantation de syndicats catholiques s'étendant à l'échelle provinciale, on sentait le besoin d'une organisation centrale. Le syndicat de Thetford participa à l'élaboration d'une centrale. Sans être active dans ce dossier, l'Union des mineurs fut informée des différentes démarches.

« Monsieur Cléophas Adams de Thetford Mines est de passage ici pour rencontrer les ouvriers pour leur donner le rapport de la convention de Chicoutimi qui a eu lieu en juillet dernier.222 »

Lors de ce congrès de 1920, à Chicoutimi, les délégués des syndicats catholiques chargèrent l'exécutif de rédiger un projet de constitution en vue de la fondation d'une centrale syndicale. Celle-ci sera définitivement fondée en 1921, lors du congrès de Hull et se nommera la Confédération des travailleurs catholiques du Canada (CTCC). Le siège social de la centrale sera à Québec. Pierre Beaulé, ouvrier de la chaussure de Québec, fut choisi président et l'abbé Maxime Fortin, qui avait suscité la formation de l'Union des mineurs d'amiante d'Asbestos, fut nommé aumônier général de la CTCC223.

C'est au début de l'année 1922 que l'Union des mineurs d'amiante d'Asbestos choisit d'adhérer à la CTCC224. Cela ne semble pas freiner le désintéressement des travailleurs envers le syndicat, désintéressement qui devint vite apparent.

À cette époque, les dirigeants de l'Union des mineurs semblent manquer d'encadrement de leur centrale. Tout porte à croire que c'est uniquement la peur du clergé de voir s'implanter un syndicat international, comme il y en avait eu à Thetford Mines, qui a initié la création de l'Union à Asbestos.

Faute d'encadrement suffisant, l'Union ne semblait pas savoir quelles orientations donner à son action syndicale. De plus, elle avait de la difficulté à répondre aux préoccupations des travailleurs, ce qui lui aurait permis de s'enraciner en milieu ouvrier. L'Union des mineurs souhaitait voir la CTCC devenir une courroie de transmission des revendications des ouvriers de l'amiante voyant ainsi à les défendre auprès des patrons et des gouvernements.

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217 APSA, Cahier des délibérations de l'Union Nationale des Mineurs d'Amiante d'Asbestos, Procès-verbal de l'assemblée générale, 12 octobre 1919, p. 1-2.
218 Marc Vallières, op. cit., p. 130; Jacques Rouillard, op. cit., p. 125-126.
219 APSA, op. cit., 31 novembre 1919.
220 APSA, op. cit., 23 mai 1920.
221 APSA, op. cit., 6 juin 1920.
222 APSA, op. cit., 10 octobre 1920.
223 Jacques Rouillard, op. cit., p. 122-123.
224 Ibid., p. 124; APSA, op. cit., 8 janvier 1922.


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