Asbestos, une histoire minière et syndicale depuis plus de cent ans
Asbestos, une histoire minière et syndicale depuis plus de cent ans
Asbestos, une histoire minière et syndicale depuis plus de cent ans Asbestos en photos Filons d'histoire Johns-Manville Photo Société d'histoire d'Asbestos
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Cantons de l'Est
Origine
de l'exploitation minière

Naissance d'un village
Milieu en formation
(1907-1918)

Exploitation minière
et urbanisation
(1919-1929)

Dépression
des années 1930
Vie ouvrière,
syndicalisation et grève
Conclusion
Filons d'histoire
Pages : 1-2-3-4-5-6-7-8-9-10-11-12

Vie ouvrière, syndicalisation et grève – Page 7

Mineur à Asbestos 1940-1950
Les années 1940 sont des années charnières pour l'histoire d'Asbestos. Les travailleurs de la compagnie minière sont de plus en plus impliqués dans le quotidien de leur communauté. Face aux nombreuses difficultés, il sont mieux structurés, donc plus en mesure d'influer sur leur destinée. Pendant cette décennie, la Ville d'Asbestos va prendre de l'importance, sa population passe de 5 711 habitants au recensement de 1941 à 8 190 en 1951272. Cette augmentation de la population apporte aussi son lot de diffucultés; problème de logements, d'aménagement, d'infrastructure, etc. Toutefois, le boom que connaît la ville, amorcé durant la deuxième guerre, transforme la communauté qui s'urbanise de plus en plus.

Mineur à la C.J. M.
Expansion de la mine
Expansion de la mine
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Avec le déclenchement de la deuxième guerre, en 1939, commença une nouvelle période pour l'industrie de l'amiante. Les demandes de l'industrie de guerre engendrèrent une augmentation de la production d'amiante. Cette croissance stagne vers 1944 avec le ralentissement de l'effort de guerre273. Ceci en partie à cause du contrôle canadien de l'exportation des substances stratégiques. L'industrie connut un regain avec la reprise dans la construction domiciliaire dès 1945. On peut donc qualifier l'industrie de l'amiante d'après-guerre, d'industrie forte.

Avec la poussée que connut l'industrie de l'amiante, l'embauche s'intensifia à la C. J. M. La guerre transforma le mode de vie à Asbestos, on recruta de plus en plus de femmes pour travailler à la C. J. M. Dès 1942, elles étaient en nombre suffisant pour que le syndicat leur porte attention. Elles se réunissent régulièrement pour des banquets auxquels sont invités les officiers du syndicat274 et l'importance qu'elles prirent amena le Syndicat à permettre aux femmes de se choisir deux représentantes pour siéger à l'exécutif275. Évidemment l'embauche massive des femmes à la compagnie inquiète les autorités d'Asbestos :

« La Ville demande au gouvernement une législation qui impose 1) La prohibition du travail de nuit aux femmes et jeunes filles 2) L'interdiction du travail à l'usine pour les femmes mariées ayant des enfants de moins de 16 ans 3) La journée de travail de 8 heures et la semaine de 40 heures. Ceci en regard d'une lettre collective où 59 évêques du Canada ont exprimé leur poignante inquiétude au sujet « des mesures destinées à attirer les femmes, et les mères surtout, hors du foyer, pour les appliquer au travail à l'usine ou à d'autres occupations peu séantes à leur sexe.276 »

Avec l'imposition de la conscription en 1944, l'enrôlement des hommes s'intensifie. On envoie des officiers recruteurs de l'armée canadienne à Asbestos pour enrôler les jeunes hommes dans l'armée277. Le Bureau Sélectif demande de plus en plus de filles pour le travail dans l'industrie278. À la fin du conflit, à l'été 1945, assez rapidement les femmes cèdent leur emploi aux soldats de retour et aux pères de famille. Dans la deuxième moitié des années 1940, les possibilités d'embauche à la C.J.M. furent telles que plusieurs hommes vinrent à Asbestos dans l'espoir d'y dénicher un emploi à la C.J.M. L'afflut de jeunes des localités rurales environnantes n'est pas bien vu par les ouvriers de l'amiante :

« Que pression soit faite auprès du Service sélectif pour que la préférence soit donnée au fils d'ouvrier sur les fils de cultivateurs.279 »

Malgré les pressions des ouvriers, les demandes d'emplois demeurent nombreuses. Certaines journées, la Compagnie pouvait recevoir jusqu'à 70 personnes originaires des municipalités environnantes280. Le seul fait de se présenter au bureau d'embauche de la C.J.M., pouvait à cette époque vous mériter un emploi. Toutefois, les postulants devaient répondre à quelques règles :

« [...] lorsque vous parlez à une personne qui demande son admission à la compagnie, vous pouvez peut-être mentionner quelques uns des points suivants :

Âge : Normalement, l'âge minimum d'admission à la J-M est de 18 ans. L'âge de retraite est de 65 ans.

Pas de distinction : La J-M ne fait pas de distinction pour personne à cause de sa race, religion, adhésion politique ou sa participation à une organisation légale quelconque. La préférence sera accordée aux résidents de l'endroit sur les candidats des localités éloignées.

Santé : Une bonne santé physique et la volonté de la maintenir sont d'importantes qualifications pour les candidats.

Mine sous terraine en 1946
Mine sous terraine
en 1946
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Femmes mariées : Elles peuvent être employées à la J-M pourvu qu'elles prévoient demeurer assez longtemps pour qu'il soit justifiable de les entraîner pour un emploi.

Réembauchage : Les anciens employés de la J-M seront les bienvenus s'ils possèdent les qualifications requises et s'ils sont recommandés par leurs anciens chefs de département.281 »

Bien qu'en général, les conditions de travail s'améliorèrent au cours des années 1940, elles demeurèrent assez difficiles. Malgré quelques gains salariaux, l'industrie demeurait à risque, relativement aux accidents de travail. Le début des travaux sous terre, au lendemain de la guerre, apporte d'autres types de danger. Avant les années 1950, on voyait surtout les employés des compagnies chargées d'aménager la mine souterraine. Les accidents qui s'y produisaient étaient peu rassurants pour les ouvriers de C.J.M. qui seront éventuellement appelés à travailler sous-terre.

« Chrystone Fynn, 28 ans, a fait une chute de 210 pieds dans le puits de la mine et s'est tué sur le coup. Il était domicilié sur la rue Saint-Jean-Baptiste, il laisse sa femme et un jeune enfant. Il était à l'emploi de la « Foundation Co of Canada.282 »

Inauguration du nouvel hôpital de la Canadian Jonhs-Manville
Inauguration du nouvel hôpital de la CJM
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Il est bien entendu que la C.J.M. resserra les règles de sécurité à la mine. De plus, des concours mensuels de sécurité sont organisés en vue de souligner les efforts des départements qui ont connu le moins d'accidents. Parmi les départements les plus méritants, la compagnie fait tirer des prix pour les employés283. En plus de faire des efforts pour améliorer la sécurité sur les lieux de travail et limiter le nombre d'accidents, la compagnie se préoccupera de la santé des travailleurs. Depuis la décennie 1930, la C. J. M. avait son hôpital équipé de Rayon X et qui desservait également la communauté284. À l'automne 1948, la compagnie inaugurait en grandes pompes son nouvel hôpital-clinique devant une foule de dignitaires285 :

« J'ai été invité à l'ouverture de la nouvelle clinique industrielle de la C. J. M. La clinique est une des cliniques les plus modernes. Plusieurs médecins éminents étaient aussi présent, entre autres : le Dr Viscan de l'Université Mc Gill, le Dr Cartier et le Dr Sirois de Thetford Mines, le Dr Bellemare de Québec. Il y eut une conférence donnée par le Dr Viscan dans laquelle il a fait les éloges de la C. J. M. sur la préoccupation qu'elle apporte à la santé des ses ouvriers et sur l'hygiène industrielle.286 »

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272 Bureau fédéral de la statistique. Ministère du commerce, Recensement du Canada, 1951, Vol. 1.
273 Marc Vallières, Ibid., p. 421.
274 ASNAA, Assemblée générale, 2 mai 1943.
275 ASNAA, Assemblée du personnel féminin, 29 novembre 1942.
276 AVA, Procès-verbal du conseil de Ville d'Asbestos, 3 mars 1943.
277 APSA, Cahier d'Annonces et Prônes (1943-1947).
278 APSA, Cahier d'Annonces et Prônes (1943-1947).
279 SAHRA, Fondss de la Fédération de la Métallurgie P5, Cahiers des procès verbaux de la Fédération Nationale des Employés de l'Industrie Minière, Congrès de la FNEIM, 8 juillet 1945, p. 120.
280 « Un programme...», L'Asbestos, Vendredi 16 avril 1948, p. 2.
281 Cette brochure a vraisemblablement été publiée au début des années 1950, Vers la collaboration au sein de Johns Manville, Johns-Manville, [s. d.], p. 31-32.
282 « Chute mortelle dans une mine hier à Asbestos », La Tribune, 21 mars 1946, page 3.
283 « La manufacture gagne le concours de sécurité », L'Asbestos, 21 janvier 1948, p. 1.
284 « Le Dr Geo.-A. Letendre ouvre l'hôpital Saint-Luc au public », L'Asbestos, Vendredi 14 janvier 1949, p. 1; Souvenir Album, C. J. M. , Asbestos, January , 1939.
285 « Hôpital d'Asbestos », L'Asbestos, 26 novembre 1948, p. 1.
286 SAHRA, Fondss de la Fédération de la Métallurgie P5, Cahiers des procès verbaux des réunions de la Fédération National des Employés de l'Industrie Minière, p. 83.


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