Asbestos, une histoire minière et syndicale depuis plus de cent ans
Asbestos, une histoire minière et syndicale depuis plus de cent ans
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Cantons de l'Est
Origine
de l'exploitation minière

Naissance d'un village
Milieu en formation
(1907-1918)

Exploitation minière
et urbanisation
(1919-1929)

Dépression
des années 1930
Vie ouvrière,
syndicalisation et grève
Conclusion
Filons d'histoire
Pages : 1-2-3-4-5-6-7-8-9-10-11-12

Vie ouvrière, syndicalisation et grève – Page 8

Nouveaux membres du Club Quart de Siècle
Nouveaux membres du Club Quart de Siècle
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Malgré ces efforts, la salubrité dans les moulins et à la manufacture laisse à désirer. De plus, les maladies industrielles reliées à une forte expositon à la poussière commencent à être de plus en plus étudiées et de mieux en mieux connues. La reconnaissance de l'amiantose et de la silicose comme maladies industrielles va faire partie des luttes du syndicat durant les années 1930 et 1940.

La Johns-Manville profita de l'occasion offerte par la guerre pour activer l'implantation, au sein de la compagnie, de sa culture d'entreprise. C'est au cours des années 1930, sous l'impulsion de Lewis Herold Brown, que s'élabora la philosophie d'entreprise de la Johns-Manville véhiculée jusqu'à la fin des années 1950. Cette culture ou politique d'entreprise reposait sur des principes de gérance élaborés par Lewis H. Brown en 1938 dans le Credo de la gérance J-M. Ce Credo exposait les grands principes de la libre entreprise desquels Lewis H. Brown, et la J-M, se firent les porte-parole :

« Johns-Manville naquit de la sagacité et de l'énergie de ces hommes et des fils de l'un d'eux. Ces pionniers n'avaient aucun privilège de naissance, aucun droit exclusif mais ils jouissaient de la liberté d'entreprise – commune d'ailleurs à tous leurs concitoyens – la liberté de travailler et de recevoir compensation pour leur travail.

Sur ce continent consacré à des principes de liberté, ils peinèrent et firent toutes sortes d'efforts et de sacrifices. Ils rivalisèrent avec d'autres en savoir et en ingéniosité; et ils nous ont laissé un monument... un dépôt, si voulez.

Vous qui servez la Compagnie depuis si longtemps, vous savez comment nous avons administré ce dépôt confié à nos soins : aujourd'hui, Johns-Manville occupe la première place dans son domaine.287 »

La rue Bourbeau
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L'un des principes avancés touchait l'organisation même de la J-M : au cours des années 1930 et 1940, Johns-Manville souhaitait ne plus être perçue comme une compagnie familiale. On désirait couper les liens avec l'héritage de la famille Manville et, surtout, de T.F. (Tommy) Manville Jr., reconnu comme un playboy notoire à travers les États-Unis et faisant mauvaise réputation à la Compagnie288. À partir de ce moment, la compagnie véhicula une tout autre image de l'entreprise multinationale et mit en évidence une structure reposant sur l'actionnariat :

« Aujourd'hui Johns-Manville appartient à 11 800 actionnaires. De ce nombre, 80 pour 100, ou plus de 9 000 actionnaires, sont des hommes et des femmes qui détiennent en moyenne 119 actions chacun [...] Ceci veut dire que la Compagnie n'est plus la propriété d'une poignée de gens riches, mais qu'elle appartient à plus de 10 000 petits actionnaires qui ont placé leurs épargnes dans la Compagnie Johns-Manville et ont droit, en tout justice, à un rendement raisonnable de leur capital.289 »

La J-M mit aussi de l'avant la primauté du marché comme credo de sa compagnie :

« [...] nous devons chercher constamment à offrir de meilleures valeurs à de plus bas prix, afin que plus de gens puissent jouir des fruits de notre production.290 »

L'employé de J-M devait être conscient que l'entreprise évoluait dans un monde de libre concurrence et l'ouvrier était incité à donner son plein rendement :

« Un progrès continu, en face de la concurrence, dépend de la compétence et des ressources financières. La concurrence aide à créer et à développer des débouchés pour les produits que fabrique C. J.-M., ce qui entraîne la nécessité d'une plus forte production. Cela veut dire plus d'emplois pour les ouvriers canadiens.291 »

Évidemment, ces principes avaient une portée universelle292. De plus, on souhaitait faire prendre conscience aux employés que cette philosophie d'entreprise était appliquée dans toutes les usines J-M et que la J-M évoluait au même rythme partout dans d'autres villes d'Amérique du Nord293. Les relationistes qui visaient à diffuser le message de J.-M., étaient pris au sérieux par les dirigeants New-Yorkais de la Johns-Manville :

« Au cours de la semaine dernière, plusieurs officiers de New-York de la Johns-Manville Corp. sont venus à Asbestos, particulièrement pour y discuter des relations publiques de la Compagnie avec le reste de la population [...] Un programme de relations publiques en 6 points vient d'être lancé par la Compagnie. Au premier plan, on y voit une série d'émissions de radio dont l'ouverture a été faite dimanche dernier à C.H.L.T.; 2. Information diverses à être fournies en diverses occasions; 3. des visites industrielles; 4. Distribution de pamphlets à peu près mensuellement à diverses personnes publiques de notre localité, fournissant des informations générales sur l'organisation; 5. Relations avec les journaux pour les tenir au courant de tout développement; 6. Non encore complètement défini, mais on prévoit un programme d'encouragement scolaire par le moyen de concours entre les élèves. On veut par ces moyens créer une parfaite harmonie entre employeur et employés, entre la Compagnie comme citoyen de la Ville avec ses concitoyens; la présence ici d'officiers de New-York pour étudier la situation démontre l'intérêt que l'on attache aux relations avec le public.294»

Comme on le constate, les bulletins, articles de journaux et chroniques radios diffusés par Johns-Manville, les tableaux d'affichage sur les terrains de la compagnie, les bourses d'études, le club Quart de siècle, tous ces outils contribuèrent à transmettre le message « du monde de J-M » à la fois chez les employés et dans la communauté où ils évoluaient295.

Clubhouse A.A.A.A.
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L'omniprésence de la C.J.M. dans toutes les sphères d'activités de la vie municipale fit en sorte de lier très nettement l'avenir de la communauté à celui de la compagnie. De plus, la C.J.M. s'assura d'avoir des cadres la représentant dans presque tous les organismes (Chambre de commerce, organismes de loisirs, organismes caritatifs, etc.). Cet interventionnisme de la compagnie se fit sans discrimination, autant du côté francophone qu'anglophone, catholique que protestant. En 1941, sous l'insistance du département des relations industrielles de C.J.M., les confessions protestantes furent réunies en présence de hauts dirigeants de la compagnie à l'hôtel Iroquois, afin d'unir l'ensemble des confessions pour ne construire qu'une seule église296. Cette omniprésence de la compagnie dans la communauté amena le Syndicat à s'impliquer lui aussi afin de rendre la population sympathique à la cause ouvrière.

Au lendemain de la guerre, les changements idéologiques que connaissait le syndicalisme catholique bouleverseront le climat de conservatisme social dans lequel vit le mouvement syndical à Asbestos. Teintées d'idées de cogestion et de réforme de l'entreprise, les nouvelles orientations de la CTCC contribuèrent au durcissement de la Johns-Manville qui se concrétisa durant la grève de 1949.

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287 Discours de Mr Lewis H. Brown, Président Johns-Manville Corporation. Banquet de réception au Club Quart de Siècle, Canadian Johns-Manville Co. Limited, Asbestos, juin 1944, p. 2.
288 Paul Brodeur, op.cit., p. 272; Canadian Johns-Manville Company, Ltd, Les faits et les chiffres. (s.d.), (s.p.).
289 Canadian Johns-Manville Company, Ltd, Les faits et les chiffres. (s.d.), (s.p.).
290 « Crédo de la gérance J-M » cité dans Canadian Johns-Manville Company, Ltd, Vers la Collaboration au sein de Johns-Manville. (s.d.) p. 41.
291 Canadian Johns-Manville Company, Ltd, Les faits et les chiffres. (s.d.), (s.p.).
292 ASNAA. Procès-verbaux des assemblées du SNAA, 17 février 1946.
293 SAHRA. Fondss Fédération de la Métallurgie. Cahiers des procès
294 « Un programme en six points aux relations publiques de C.J.M. », L'Asbestos, Vendredi 16 avril 1948, Vol. VIII, No 3, p. 1-2.
295 Discours de Mr Lewis H. Brown, Président Johns-Manville Corporation. Banquet de réception au Club Quart de Siècle, Canadian Johns-Manville Co. Limited, Asbestos, juin 1944, p. 2.
296 Archives de l'Église Presbytérienne. Université Bishop's, St-Andrews Presbyterian Church Danville-Asbestos. Minutes of Annual Congregation Meetings 1929-1954.


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