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Quoique
la plupart des Franco-Terreneuviens ne puissent nommer le lieu
d'origine de leur premier ancêtre à s'installer sur la presqu'île,
certains ont retenu des noms de lieux précis. Si la ville de St-Malo
figure souvent dans ces évocations, c'est certainement à cause
du fait tant de paysans-pêcheurs s'y engagèrent pour la pêche
côtière à partir de St-Pierre. D'ailleurs, la plupart des villages
et cantons notés par Sébillot appartiennent à l'arrière-pays malouin.
La Roche, qui est ''probablement le village de la Roche-Dernien,
non loin de St-Brieuc, l'autre port breton qui armait pour Terre-Neuve,
est un autre nom qui figure souvent dans le souvenir des vieux.
Nous
avons recueilli auprès d'une Franco-Terreneuvienne le souivenir
d'une coutume, malheureusement très fragmentaire, qui, malgré
le manque de détails, se rapproche de très près d'une coutume
observée par Paul Sébillot, celle de noyer Carnaval:
Une
année que les Terreneuvats étaient en retard de vingt jours pour
partir, ils noyèrent Carnaval. Sur un chariot qu'ils avaient pris
à la porte de Dinan, ils avaient installé un énorme mannequin
bourré de feurre (paille), et ils chant aient avec accompagne
ment d'accordéon, leur instrument favori:
Mardi-Gras,
ne t'en vas pas J'f'rons des crêpes et t'en mangeras
Et
tous en coeur :
Mardi-Gras
s'en est allé, J'f'rons des crêpes sur n'un gal'tier .
Puis,
après avoir bien crié, ils enlevèrent la victime et la jetèrent
à J'eau où elle s'en va à la dérive, La " pouchée de feurre "
avait fait changer le vent, dit-on, et les marins purent partir
le jour même.