DU BUREAU d’Alain Pineau: Mini-conférence Chalmers de John Holden, responsable de la culture pour l’influent think tank britannique DEMOS
CCA Bulletin 03/08
11 février, 2008
Les faits en résumé
Le jeudi, 31 janvier dernier, la Conférence canadienne des arts (CCA), en collaboration avec le Conseil des Arts du Canada, a accueilli John Holden dans le cadre d’une conférence publique qu’il a donnée à l’Université d’Ottawa.
Lors de cette présentation publique, M. Holden a livré une analyse détaillée de ce qu’il a appelé le « système culturel », c’est-à-dire le cadre dans lequel interagissent les différents acteurs ayant un intérêt pour la culture : les politiciens, le public et les professionnels de la culture. À son avis, ce système fait présentement face à une crise de légitimité résultant de problèmes affligeant ce secteur d’activité depuis plus de 30 ans. Les professionnels de la culture réclament constamment des politiciens un engagement envers la culture aussi fort que leur engagement envers la santé ou l’éducation. Or, même si plusieurs politiciens s’intéressent de près à la culture, un tel appui demeurera irréalisable, selon Holden, tant qu’un consensus plus large et ralliant l’ensemble des acteurs du système culturel ne sera atteint.
L’analyse de M. Holden a démontré que les deniers publics dépensés pour la culture génèrent trois types de bénéfices : des bénéfices intrinsèques, des bénéfices instrumentaux et des bénéfices institutionnels. Ces bénéfices n’ont cependant pas un intérêt équivalent pour tous les acteurs du système culturel, alors que les politiciens s’intéressent en premier lieu aux bénéfices instrumentaux (sociaux et économiques) de la culture, plus facilement quantifiables, et que le public et les professionnels de la culture placent les bénéfices intrinsèques et institutionnels plus haut dans l’échelle de valeurs de la culture. John Holden a conclut que le système culturel est devenu dysfonctionnel souvent réduit à un dialogue de sourds entre les politiciens et les professionnels de la culture.
Selon Holden, ce problème systémique doit être pris en compte par les professionnels de la culture dans leur approche visant à justifier leur demande d’un soutien accru de la part de l’État. Cette approche doit inclure un meilleur dialogue avec les politiciens, mais surtout avec le public afin que celui-ci attribue une plus grande valeur à la culture, ce qui ne peut qu’influencer les politiciens qui, pour des raisons évidentes, réagissent en général aux inclinations populaires.
Pour en savoir plus
John Holden est responsable des dossiers culturels à DEMOS où il développe ses recherches sur le développement organisationnel et individuel dans le secteur des arts et de la culture. Actif au sein de plusieurs disciplines artistiques, il a été le principal organisateur de la Conférence Valuing Culture. La valorisation de la culture est devenue, depuis lors, l’un de ses principaux sujets de recherche. À DEMOS, il a par ailleurs publié sur différents sujets, notamment celui de la diplomatie culturelle, sujet auquel la CCA s’intéresse de près depuis plusieurs mois.
Depuis bientôt 15 ans, DEMOS est l’un des think tank les plus influents de Grande-Bretagne, publiant des opuscules et des rapports sur une grande variété de sujets reliés aux politiques publiques. Toutes les publications de DEMOS peuvent être téléchargées gratuitement sur le site Internet de l’organisme à l’adresse suivante http://www.demos.co.uk/publications.