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Moncton et Charlottetown

le 12 février 2012

La journée de mer­credi dernier à Monc­ton a été aussi occupée que je l’annonçais dans mon blogue précé­dent! Trois présen­ta­tions d’affilée dans la salle du con­seil de ville (décidé­ment un lieu de réu­nion pop­u­laire au Nouveau-Brunswick). Cela a com­mencé à 10h avec une séance de con­sul­ta­tion en français, ma pre­mière depuis celle de Saint-Boniface. Plus de trente per­son­nes, atten­tives à mes pro­pos et éton­nam­ment réservées lors de la péri­ode de dis­cus­sion qui suit ma présen­ta­tion. Que sont les Aca­di­ens devenus, que j’ai con­nus si vol­u­biles? La con­ver­sa­tion finit par lever et il est beau­coup ques­tion du prochain bud­get : à quoi s’attendre? Les com­pres­sions seront-elles aussi graves qu’on peut le crain­dre? Je répète ce que j’ai dit partout ailleurs : il est très dif­fi­cile de prédire car le secret le plus total pèse sur Ottawa, au point où même les rumeurs sont rares! On s’attend cepen­dant à ce que cela fasse mal et il sem­ble que la plu­part des agences de Pat­ri­moine s’attendent à être frap­pées de 10% sinon plus dans cer­tains cas. Je m’aventure à sug­gérer que le Con­seil des arts pour­rait s’en tirer avec 5%, mais cela n’est qu’une opin­ion. Dans un autre ordre d’idées, on me demande si une CCA indépen­dante serait écoutée du gou­verne­ment. Je pré­tends que oui, sans doute plus qu’une CCA sub­ven­tion­née à 75%! Si nous réus­sis­sons à asseoir l’indépendance de la CCA sur un mem­brariat organ­i­sa­tion­nel et indi­viduel beau­coup plus vaste qu’actuellement, l’organisation ne peut que gag­ner en crédi­bil­ité auprès des élus. Mais notre mes­sage n’aura d’impact que dans la mesure où ceux-ci enten­dront dire directe­ment de leurs com­met­tants que la cul­ture est cru­ciale à la vital­ité de nos com­mu­nautés et à la for­ma­tion des nou­velles généra­tions de citoyens. Cela nous amène à par­ler des out­ils dont cha­cun a besoin pour faire de telles représen­ta­tions auprès de son ou de sa députée et du rôle que la CCA peut jouer à ce chapitre. En ter­mi­nant, je lance un appel à tous et toutes de nous aider à répan­dre le mes­sage de la CCA si on veut vrai­ment qu’elle devi­enne un mou­ve­ment de masse qui puisse influ­encer les décisions.

Suit une courte présen­ta­tion sur la con­sul­ta­tion de l’Agence du revenu du Canada sur ses lignes direc­tri­ces pour les organ­ismes artis­tiques désir­ant obtenir le statut d’œuvres de bien­fai­sance aux ter­mes de la Loi sur l’impôt sur le revenu. Je ras­sure les par­tic­i­pants : il ne s’agit pas d’une attaque en règle con­tre le secteur cul­turel, les lignes direc­tri­ces ne changent rien à la loi, la régle­men­ta­tion ou la jurispru­dence en la matière. Pour autant qu’ils respectent les con­di­tions générales, les organ­ismes déjà recon­nus n’ont pas de raisons de s’inquiéter des nou­velles lignes direc­tri­ces. Mais il y a des raisons de s’inquiéter que cette cod­i­fi­ca­tion rende plus dif­fi­cile l’obtention du statut d’œuvre de bien­fai­sance pour les nou­veaux organ­ismes représen­tant de nou­velles pra­tiques artis­tiques issues, par exem­ple, de l’évolution tech­nologique. Cette préoc­cu­pa­tion est d’ailleurs au cœur du mémoire que la CCA a présenté la semaine dernière à Revenu Canada.

À peine le temps de manger le sand­wich que m’a gen­ti­ment apporté Jean-Pierre Caissie de l’A.A.A.P.N.B, co-hôte avec la ville de Monc­ton de notre con­sul­ta­tion, et voilà que l’on procède à la ses­sion en anglais. Je suis agréable­ment sur­pris du nom­bre de par­tic­i­pants : plus de trente per­son­nes! Cette fois, l’échange qui suit ma présen­ta­tion est des plus ani­més. Je réponds à un grand nom­bre de ques­tions de l’auditoire, par­ti­c­ulière­ment à savoir si on prévoit accorder une voix aux régions dans l’établissement des pri­or­ités de la nou­velle CCA. Je con­firme que c’est bien notre inten­tion et que nous encour­a­geons la créa­tion d’instances provin­ciales ou ter­ri­to­ri­ales avec un man­dat sem­blable au nôtre. Cela doit se faire dans le respect des par­tic­u­lar­ités de chaque province ou région et ne saurait être un mod­èle para­chuté par nous. On dis­cute égale­ment du nom pos­si­ble de la nou­velle entité, la plu­part con­sid­érant que « con­férence » reflète mal la nature ou le man­dat de l’organisation, le mot « arts » étant par ailleurs trop restric­tif. Quelques sug­ges­tions : Cul­ture Canada, le Con­seil des Cana­di­ens pour la cul­ture, Alliance cana­di­enne pour la cul­ture … La ses­sion ter­minée, plusieurs vien­nent m’exprimer leur appré­ci­a­tion et s’ils don­nent suite aux inten­tions exprimées, nous avons gagné quelques mem­bres ici aujourd’hui.

Mon fidèle chauf­feur Tim vient me chercher à l’hôtel et nous prenons immé­di­ate­ment la route pour Char­lot­te­town. Arrêt d’une heure à She­diac pour souper : débor­dante assi­ette de déli­cieux éper­lans frits accom­pa­g­nés d’une salade césar et arrosés d’une bière locale. Puis on reprend la route : au-dessus de l’horizon, une pleine lune orange immense nous indique le chemin de l’Île-du-Prince-Édouard et c’est vers 21h30 que nous arrivons enfin à Char­lot­te­town. La journée a été pleine et réussie, mais avant de plonger dans un som­meil répara­teur, il faut encore passer du temps à répon­dre aux cour­riels qui se sont accu­mulés dans la journée et don­ner le suivi promis aux groupes ren­con­trés plus tôt cette semaine à Fred­er­ic­ton et Saint-John!

Jeudi matin et je me rends compte en descen­dant déje­uner que la fièvre s’est emparée de Char­lot­te­town… eh non, ce n’est pas pour moi ou pour la CCA! C’est pour la grande messe nationale qui va célébrer tout le week­end notre sport national, le hockey! J’aperçois dans le lobby Peter Mans­bridge qui présen­tera ce soir et demain une édition spé­ciale du National. Don Cherry n’est pas là, mais la coupe Stan­ley, qui a fait le tour de l’île, sera dans un sanc­tu­aire adja­cent au lobby de l’hôtel. Mais le devoir avant tout! En avant-midi, ren­con­tre avec le prési­dent du Con­seil des arts de l’I.P.É., Greg Doran, et son directeur général Dar­rin White. Au sor­tir de notre con­ver­sa­tion, Dar­rin avoue qu’il s’attendait à un mes­sage de détresse de ma part et qu’il est très impres­sionné de voir le dynamisme posi­tif avec lequel la CCA fait face au défi de se réin­ven­ter sans l’appui financier annuel du gou­verne­ment fédéral. Je m’empresse de lui citer, comme je le fais à chaque ren­con­tre, cet admirable proverbe chi­nois qui dit : ne jamais laisser passer l’occasion d’une crise!

En après-midi, sym­pa­thique ren­con­tre avec Ron Atkin­son, agent au développe­ment touris­tique pour la ville de Char­lot­te­town, laque­lle n’a pas à pro­pre­ment par­ler de poli­tique cul­turelle ou de respon­s­able pour le secteur. Il est vrai qu’ici, cul­ture et tourisme riment depuis des décen­nies avec Anne aux pignons verts, mais il y a pour­tant plus en ter­mes d’activités cul­turelles à l’I.P.É. que la fameuse jeune fille aux tresses rousses créée par Lucy Maud Montgomery.

La séance de con­sul­ta­tion publique com­mence à cinq heures dans une grande salle adja­cente à la mai­son Bea­cons­field, pur joyau de l’architecture domes­tique vic­to­ri­enne trans­formé en musée qui illus­tre de façon admirable une rési­dence cos­sue de la fin du XIXème siè­cle. Agréable sur­prise : 25 per­son­nes ont accepté l’invitation lancée par Cul­ture P.E.I. et P.E.I. Her­itage qui m’accueillent ici. Ma présen­ta­tion est accueil­lie avec intérêt, voire même, avec ent­hou­si­asme. Vis­i­ble­ment, l’appel à l’action com­mune et à une plus grande sol­i­dar­ité a des réson­nances ici comme partout ailleurs. Un échange nourri occupe la sec­onde par­tie de la réu­nion et le tout se ter­mine encore une fois avec des engage­ments à devenir mem­bre, ce que je ne man­querai pas de rap­peler dans mon cour­riel de suivi!

Ma courte vis­ite à Char­lot­te­town se ter­mine ven­dredi matin au petit déje­uner par une des dis­cus­sions les plus ani­mées et les plus stim­u­lantes que j’aie eue depuis longtemps sur la CCA, son rôle et son avenir. On m’avait prévenu que Harry Hol­man, Directeur cul­ture et bib­lio­thèques pour le gou­verne­ment provin­cial, me met­trait au défi d’expliquer la rai­son d’être et de con­tin­uer d’être de notre organ­i­sa­tion, et on ne m’avait pas menti. Ce fonc­tion­naire de longue date a fait ses devoirs avant de me ren­con­trer, il a vis­ité notre site inter­net et lu mes blogues et il utilise une dialec­tique ser­rée. Parmi plusieurs de ces com­men­taires, celui-ci : nous avons abusé de l’argument économique au détri­ment des argu­ments soci­aux, mal­heureuse­ment plus dif­fi­ciles à com­mu­ni­quer aux élus. Con­tre toute attente, notre dis­cus­sion aurait sans doute duré plus de l’heure et demie qu’il m’a accordée, si je n’avais pas dû y met­tre fin pour aller don­ner une entre­vue télé­phonique à CBC St. John’s en prévi­sion de ma vis­ite de la semaine prochaine. Il faut croire que je ne me suis pas trop mal tiré de l’épreuve car M. Hol­man me laisse entrevoir la pos­si­bil­ité que le min­istère puisse se join­dre aux sept juri­dic­tions provin­ciales et ter­ri­to­ri­ales qui nous appuient déjà comme mem­bres asso­ciés de la CCA! C’est donc le cœur léger et sous un soleil radieux que je quitte pour un court séjour de 48 heures à la mai­son avant de repren­dre le bâton du pèlerin dimanche après-midi pour la dernière étape de cette tournée pan­cana­di­enne : Québec, Hal­i­fax et St. John’s!
–Alain  

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