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La culture privatisée et la récession: une évaluation du système américain d’appui aux arts

Bul­letin de la CCA 26/09  

29 octo­bre 2009

 

Les faits en résumé

Mardi, 20 octo­bre, en parte­nar­iat avec l’Université d’Ottawa, la Con­férence cana­di­enne des arts (CCA) présen­tait une con­férence du pro­fesseur Kevin Mulc­ahy, Pro­fesseur émérite Shel­don Bey­chok à l’Université de la Louisiane, sur l’évolution du mod­èle améri­cain d’appui à la cul­ture en péri­ode de crise économique.

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La présen­ta­tion cou­vrait l’impact de la réces­sion sur le sys­tème de finance­ment du secteur cul­turel aux États-Unis, sur les poli­tiques et sur la par­tic­i­pa­tion du pub­lic.

Con­traire­ment à la sit­u­a­tion cana­di­enne, le gou­vern­ment fédéral améri­cain ne joue qu’un rôle très mod­este dans le finance­ment des arts et de la cul­ture en général, lequel repose essen­tielle­ment sur les com­mu­nautés locales et sur le mécé­nat privé, les cor­po­ra­tions n’y jouant qu’un rôle sec­ondaire. En plus des dons indi­vidu­els, les arts reçoivent un appui financier d’agences indépen­dantes comme le National Endow­ment for the Arts et, dans une moin­dre mesure, de cer­taines fondations.

Pour la pre­mière fois depuis 1987, on enreg­istre chez nos voisins du sud une baisse dans le finance­ment du mécé­nat privé : les dons privés sont en effet passés de 307 mil­liards en 2007 à 306 mil­liards de dol­lars US en 2008. Cette baisse, même mod­este, sonne l’alarme pour le secteur qui se doit d’examiner com­ment l’appui aux arts et à la cul­ture peut être généré et maintenu.

Com­ment générer l’appui financier néces­saire? Aux É.-U., on note une pres­sion accrue pour que les arts se débrouil­lent seuls plutôt que de compter sur l’appui pub­lic dans la pour­suite de « l’art pour l’art ». Mais le mécé­nat privé peut avoir son prix et imposer aux artistes ou organ­i­sa­tions cul­turelles des exi­gences ou des restric­tions qui ne sont pas dans leur intérêt à long terme.

Le Pro­fesseur Mulc­ahy a évoqué les mil­l­liards d’argent pub­lic que Wash­ing­ton a versé dans l’économie améri­caine au cours des derniers mois et s’est demandé pourquoi il n’y a pas d’appui économique pour les organ­ismes artis­tiques dont 80% ont pour­tant fait état de dif­fi­cultés finan­cières. Les dons privés sont à la baisse et plusieurs organ­i­sa­tions gru­gent l’argent de leurs fon­da­tions pour boucler les fins de mois. La pro­gram­ma­tion des divers organ­ismes cul­turels devient par ailleurs plus con­ser­va­trice de peur d’aliéner les abon­nés et dona­teurs tra­di­tion­nels. Cette ten­dance affecte claire­ment l’innovation et l’exploration d’avant-garde dans les dif­férentes dis­ci­plines artistiques.

Cette diminu­tion de l’appui pour les arts mène vers une sorte de Dar­win­isme cul­turel, un phénomène qui risque d’éliminer grand nom­bre d’organismes cul­turels et d’en réduire les rangs aux plus forts et, para­doxale­ment, aux plus petites organ­i­sa­tions. Le prof. Mulc­ahy con­firme que ce sont les orchestres, théâtres, troupes de danse et autres organ­ismes cul­turels dans les villes de moyenne enver­gure qui sont le plus menacés.

Lié à la ques­tion de l’appui aux arts est le mythe per­sis­tant que les arts sont élitistes. Kevin Mulc­ahy affirme que c’est là un prob­lème sérieux aux USA où la con­struc­tion d’un aréna a beau­coup plus de chance d’obtenir l’appui d’une com­mu­nauté que la con­struc­tion d’une galerie d’art ou d’un cen­tre de spectable.

Il est pour­tant intéres­sant de noter qu’une étude récente * basée sur 17 villes améri­caines a con­clu qu’il y a rel­a­tive­ment peu de dif­férence entre ceux qui par­ticipent à des événe­ments sportifs et ceux qui favorisent les spec­ta­cles et expo­si­tions. On trouve un peu plus d’hommes au sein des ama­teurs de sport et un peu plus de femmes au sein des habitués de la scène artis­tique. Les dif­férences d’âge et de revenu sont égale­ment min­imes. Il sem­blerait que la clé pour dévelop­per et main­tenir des audi­toires passe par une cam­pagne de mar­ket­ing auprès des « omni­vores de la cul­ture », i.e. ceux et celles qui priv­ilégient la par­tic­i­pa­tion à des événe­ments en temps réel.

Le con­férencier a con­clu son exposé avec un appel à un lead­er­ship qu’il a qual­i­fié d’entrepreneurship cul­turel, pour lequel il sug­gère une nou­velle déf­i­ni­tion. Il pro­pose de créer et d’entretenir des liens entre les diverses par­ties intéressées par les arts et la cul­ture et le fac­teur de moti­va­tion qui porte à don­ner (« rela­tional giv­ing ») – i.e. le fait que les gens appuient ce en quoi ils croient. Il s’agit d’assurer que l’objectif d’accroître la qual­ité de vie dans une com­mu­nauté soit impor­tant pour tout un cha­cun et non seule­ment le fait d’un groupe d’intérêt spé­ci­fique.  Cela pré­sup­pose que la per­cep­tion pop­u­laire face au secteur cul­turel doit être changée.

L’exposé du prof. Mulc­ahy a été suivi d’une péri­ode de ques­tions.  Les par­tic­i­pants ont porté sur une explo­ration de sa notion d’entrepreneurs cul­turels ainsi que sur le défi de main­tenir les audi­toires. Le con­férencier a insisté sur le fait qu’il revient aux tra­vailleurs du secteur arts et cul­ture d’assumer ce lead­er­ship et, à tra­vers les liens for­més avec les par­ties intéressées, de créer l’appui com­mu­nau­taire nécessaire.

La ques­tion des audi­toires  a égale­ment fait l’objet d’échanges, notam­ment sur la chute dra­ma­tique de par­tic­i­pa­tion aux con­certs sym­phoniques et à l’opéra auprès des gens âgés de moins de 47 ans. On a sug­géré que le prob­lème sem­ble découler plus de la « for­mal­ité » des lieux de représen­ta­tion que de la nature même de l’œuvre ou de la représen­ta­tion. Un des par­tic­i­pants a fait à ce chapitre référence à une étude du Musée des beaux-arts de Mon­tréal qui con­clu­ait que la cause prin­ci­pale de la non-participation con­siste en une série de per­cep­tions erronées et d’obstacles que l’individu s’est créés lui-même et qui n’ont aucun rap­port avec la réalité.

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* Référence: Sarah S. Mont­gomery and Michael D. Robin­son. “Take me out to the Opera: Are Sports and Arts Com­ple­ments? Evi­dence from the Per­form­ing Arts Research Coali­tion Data,” Inter­na­tional Jour­nal of Arts Man­age­ment, Vol. 8, No. 2, Win­ter 2006 pp 24–37.

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