Le printemps économique pour la culture
CCA Bulletin 05/12
Le 28 mars 2012
Il y a la belle saison, la saison des moissons, la saison froide et la saison des budgets. Au cours des deux dernières semaines, on aura pris connaissance de quatre budgets provinciaux et demain du budget fédéral. Ce bulletin vise à faire un rapide tour de piste de la place de la culture et des arts des plus récents budgets provinciaux présentés ce printemps 2012, ceux du Québec, de la Saskatchewan, de l’Ontario et du Nouveau-Brunswick.
Québec : température stable
Pris dans le tourbillon de la grève étudiante et dans le piège d’un déficit que le Québec n’arrive pas à freiner, le gouvernement libéral a fait des choix. Dans un tel contexte, on peut dire que la culture s’en tire passablement bien dans le budget déposé le 20 mars. Le gouvernement reconnaît que la culture ne reçoit pas une grande part du budget mais il désire à tout le moins maintenir les acquis. Parmi les principales mesures on retrouve:
- 60 millions de dollars pour les huit prochaines années au Fonds du patrimoine culturel québécois;
- 11 millions de dollars aux institutions muséales de toutes les régions du Québec;
- Le Conseil des arts et des lettres (CALQ) bénéficiera de 4, 5 millions de dollars sur trois ans pour soutenir le plan d’action du secteur de la danse professionnelle, le grand gagnant du budget 2012–13; et,
- 20 millions de dollars sur les cinq prochaines années seront consacrés à la mise en œuvre de la stratégie numérique de la culture.
Culture Montréal a réagi prudemment en soulignant que rien n’avait été prévu pour la mise en œuvre de l’Agenda 21. L’organisme se réjouit tout de même entre autres de l’augmentation au Programme d’aide financière aux festivals et événements touristiques, de la bonification des crédits d’impôts pour la production cinématographique, ainsi que de l’aide à la production de spectacles et à la production
Saskatchewan : on gèle!
Le 21 mars, c’était au tour de la communauté culturelle de la Saskatchewan de prendre connaissance de ce que le budget du gouvernement conservateur provincial lui réservait. Si au Québec certains ont trouvé les efforts du gouvernement Charest timides, nos collègues de l’Ouest ont été des plus déçus. Le budget du Conseil des arts de la Saskatchewan demeure gelé à 6,4 millions de dollars. En fait, le budget du volet « culture » au ministère du tourisme, des parcs, de la culture et des sports est diminué de 247 milles dollars pour atteindre 993 milles dollars.
Mais ce sont les travailleurs du milieu du film et de l’audiovisuel qui ont eu le plus grand choc. Le gouvernement de Brad Wall a en effet décidé d’abolir le crédit d’impôt pour les productions audiovisuelles, en place depuis 1998, afin de réaliser une économie éventuelle de huit millions de dollars par année. La Saskatchewan sera dorénavant la seule province qui n’offre aucun crédit d’impôt pour la production audiovisuelle. Les travailleurs de ce secteur ont déjà commencé à explorer les possibilités d’emplois au Manitoba, qui risque de bénéficier de l’abolition du programme dans la province voisine.
La Saskatchewan Arts Alliance trouve un peu de réconfort dans le fait que le Fonds pour les familles actives a été étendu afin d’inclure les enfants de 0 à 18 ans et augmenté de 3 millions de dollars. Rappelons que le programme prévoit des avantages fiscaux allant jusqu’à 150 dollars par enfant pour la participation dans des activités culturelles, sportives ou de loisirs enregistrées. Auparavant, l’avantage n’était accessible qu’aux 6–14 ans.
En Ontario, on gèle et on élague
L’Ontario a à faire face à un déficit sans précédent de 15,3 milliards de dollars qui, laissé à lui-même pourrait atteindre 24, 6 milliards de dollars en 2014–2015. C’est dire le défi auquel faisait face le gouvernement minoritaire libéral. Même si on annonce surtout des compressions dans la fonction publique, il est clair que le secteur des arts et de la culture contribuera à éponger le déficit.
En effet, le festival Luminato subira des compressions de 23 pourcent (1,5 millions$ cette année et 2 millions l’année prochaine). Compte tenu du budget de 13 millions annuellement, les dirigeants du festival se sont faits philosophes en admettant que ce n’était pas une question de vie ou de mort.
Nous soulignons les faits saillants suivants :
- Des compressions de 1%, entre autres au Musée des beaux arts de l’Ontario, la collection d’art canadien McMichael, La Fiducie du patrimoine ontarien, le Musée Royal de l’Ontario. Les 8 agences coupées devront donc trouver 900 000$;
- Le Fonds de partenariats pour le secteur du divertissement et de la création se terminera une année plus tôt que prévu
- Les crédits d’impôts pour les industries culturelles sont maintenus;
- Le financement au Conseil des arts de l’Ontario, la SODIMO et la Fondation Trillium est plafonné et,
- Le sort de TVOntario reste nébuleux. Pour le moment, on lui demande de trouver de nouvelles sources de revenus.
Au Nouveau-Brunswick, un printemps frileux
Le gouvernement conservateur de David Alwarda également déposé son budget pour 2012–2013 dans lequel il prévoit réduire le déficit de 448 millions de dollars prévu cette année à 183 millions de dollars à la fin de prochain exercice financier.
Il cherchera à « changer la culture de la fonction publique néo-brunswickoise » : là aussi, comme en Ontario, les fonctionnaires et ministères feront les frais de la réduction du déficit.
En terme d’investissements, le gouvernement provincial investira environ 105 millions de dollars en 2012–2013 afin d’honorer les engagements législatifs et gouvernementaux, y compris, ce qui semble la grande priorité, le logement abordable qui reçoit 10, 3 millions de dollars.
Peu d’investissements en culture. Selon le budget des dépenses, le budget révisé dédié à la culture passe de 10, 02 millions de dollars à 10,48 millions de dollars:
- 2 millions de dollars afin de favoriser l’innovation; et,
- 1 million de dollars pour le programme de développement des médias numériques.
Le gouvernement investit également 2,5 millions de dollars pour l’alphabétisation au primaire.
Nous ferons sous peu une synthèse de tous les budgets provinciaux, territoriaux et fédéral vu de l’angle des arts, de la culture et du patrimoine. Vivons-nous un printemps culturel? On peut en douter car le temps reste frais!