Élection fédérale 2008 – Que demander aux candidats quand ils sollicitent votre vote? (première partie)
CCA Bulletin 36/08
15 septembre 2008
Afin d’aider tous ceux et celles qui se préoccupent d’art et de culture et de leur place dans le débat électoral actuel, la Conférence canadienne des arts (CCA) a identifié sept grands enjeux primordiaux pour les artistes, créateurs, institutions et industries culturelles. La CCA et préparé une série de questions à poser aux candidats des divers partis lorsqu’ils viennent frapper à votre porte ou qu’ils participent à un débat public.
Cette première série de questions à poser aux candidats locaux porte sur trois sujets de grande importance: le rôle du gouvernement fédéral dans le financement et l’encadrement législatif et réglementaire des arts et de la culture; le rôle de la culture dans la politique étrangère du Canada et la croissance de l’économie créative au pays. Chaque série de questions est précédée d’une courte mise en contexte. Nous vous encourageons à diffuser le plus possible les réponses que vous obtiendrez soit par écrit soit dans le cadre d’un débat public.
Enjeu : Le financement fédéral du secteur des arts et de la culture
Mise en contexte
La Constitution canadienne est muette à propos de la culture. C’est un secteur que le gouvernement fédéral et les gouvernements des provinces se sont toujours partagé. En 2007–2008, le gouvernement fédéral a consacré plus de 3,3 milliards de dollars aux diverses activités du secteur de la culture au sens large, incluant le budget du ministère du Patrimoine canadien, la CBC/Radio-Canada, le Conseil des Arts du Canada et les autres institutions nationales des arts et de la culture.
Selon l’Analyse annuelle du Budget fédéral de la Conférence canadienne des arts, les dépenses totales pour les arts et la culture ont été relativement stables au cours des trois dernières années. Il y a toutefois eu des réaffectations matérielles de crédits à l’intérieur de l’ensemble du budget fédéral consacré aux arts et à la culture. Le Conseil des Arts du Canada a reçu une augmentation ponctuelle de 50 millions de dollars de son budget et, cette année, une augmentation récurrente de 30 millions de dollars de son budget de base. Le gouvernement a investi 100 millions de dollars dans des infrastructures culturelles très nécessaires (au Centre national des Arts et dans les musées nationaux). Un investissement important a été promis pour la construction et le maintien du premier musée national à l’extérieur de la région de la capitale nationale (le Musée canadien des droits de la personne, à Winnipeg). Le financement de la plupart des organismes culturels (la CBC/Radio-Canada, le Fonds canadien de télévision, l’Office national du film, etc.) n’a pas vraiment varié. Un nouveau budget annuel de huit millions de dollars a été attribué au soutien des festivals locaux de tous les types et le budget du Programme Présentation des arts Canada du ministère du Patrimoine canadien a été accru de sept millions de dollars par année.
De l’autre côté du grand livre, il n’y a pas eu de progrès en vue de l’élaboration d’une nouvelle politique muséale fédérale et de l’augmentation du budget qui l’accompagnerait afin de préserver notre patrimoine commun, tandis que des réductions considérables ont affect la communauté muséale avec la réduction au Programme d’aide aux musées (4,6 millions de dollars) et l’élimination des Services de transports d’expositions. Le projet de Musée national du portrait a été mis à l’encan auprès de neuf villes canadiennes et du secteur privé. Au ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, le Programme PromArt, qui avait d’abord été réduit de 5,9 millions de dollars en 2006, sera complètement aboli à la fin de l’année financière courante (4,7 millions de dollars). Routes commerciales, un autre programme de promotion de notre culture à l’étranger, a été supprimé (neuf millions de dollars). Le programme E-Culture, incluant l’Observatoire culturel canadien, a été aboli (4,4 millions de dollars) et les budgets pour les statistiques culturelles à Statistique Canada ont été considérablement réduits. D’autres réductions dont nous avons pris connaissance au cours du dernier mois ont ajouté une autre tranche de 60,5 millions de dollars (incluant PromArt et Routes commerciales) portant à 72 millions les réductions totales des programmes et des services pour le secteur des arts et de la culture. Les dernières réductions affectent principalement la diffusion de la culture canadienne à l’étranger, la formation d’une main-d’oeuvre de la création pour positionner le Canada à l’échelle internationale, et la production, la distribution et la préservation du contenu des nouveaux médias.
Questions proposées
- Votre parti soutient-il l’idée que la culture est un secteur de responsabilité partagée entre le gouvernement fédéral et les gouvernements des provinces? Si c’est le cas, est-ce que votre parti reconnaît que le gouvernement fédéral a la responsabilité d’investir dans les arts et la culture au Canada comme dans d’autres secteurs de l’activité nationale?
- Votre parti convient-il que le gouvernement fédéral a la responsabilité d’aider le développement des marchés internationaux pour nos artistes, nos créateurs, nos institutions et industries culturelles comme c’est le cas pour d’autres secteurs de l’économie?
- Est-ce que votre parti investira plus dans la production des arts et de la culture, y compris dans le secteur de l’audio-visuel, en augmentant les budgets des organismes dans le portefeuille du ministère du Patrimoine canadien et en adoptant la réglementation appropriée du secteur privé? Expliquez-nous vos plans de façon précise s’il vous plaît.
- Votre parti a-t-il des plans pour remplacer certains des programmes supprimés dernièrement? Lesquels allez-vous remplacer, pourquoi et comment?
Enjeu : La promotion de la culture canadienne sur la scène internationale
Mise en contexte
De 1995 à 2005, la promotion des valeurs et de la culture canadiennes à l’étranger a été le soi-disant troisième pilier de la politique étrangère du Canada. De nombreux artistes, créateurs et universitaires ont été envoyés autour du monde comme ambassadeurs et représentants de l’excellence de notre pays.
En 2006, on a réduit pour la première fois les programmes de diplomatie publique grâce auxquels les artistes, les créateurs et les intellectuels canadiens ont pu voyager à l’étranger. Le reste de ces programmes a été éliminé avec l’annulation de PromArt et des Routes commerciales. Le personnel responsable des arts et de la culture dans les missions étrangères a été réduit, les budgets d’exploitation également, obligeant le personnel demeuré au poste à trouver du financement s’il veut aider les artistes et les créateurs canadiens.
Cela se produit à un moment où de nombreux pays du monde réinvestissent dans la diplomatie publique pour mieux se positionner dans le monde. C’est le cas, par exemple, aux États-Unis où l’administration Bush a décidé d’injecter un milliard de dollars dans les programmes de diplomatie publique pour améliorer le profil des États-Unis, particulièrement dans les pays musulmans.
Questions proposées
- Votre parti convient-il que les artistes, les intellectuels et les institutions culturelles contribuent autant à l’image internationale du Canada que les athlètes et les gens d’affaires?
- Si c’est le cas, quels programmes et quelles politiques votre parti mettra-t-il en place pour assurer que les artistes, les créateurs et les intellectuels participent à la stratégie de la politique étrangère du Canada?
- Votre parti a-t-il l’intention de remplacer les programmes consacrés à l’internationalisation de la culture canadienne (PromArt et Routes commerciales)? Veuillez fournir des détails précis.
Enjeu : L’économie de la création – nouveaux horizons ou occasions perdues?
Mise en contexte
Les gouvernements du monde sont en train d’élaborer des politiques et des stratégies pour assurer que la transition d’une économie agraire et industrielle à une économie de la création avantage leurs citoyens et leurs économies. L’économie de la création repose largement sur les travailleurs autonomes de la création, dont beaucoup sont des artistes, des créateurs et des professionnels des arts et de la culture.
Pour que le Canada soit concurrentiel à l’échelle internationale et renforce notre économie nationale et notre population active, nos leaders politiques doivent donner l’exemple. La capacité de chaque parti politique de répondre de façon constructive à ces défis intéressera les électeurs concernés.
Questions proposées
- Qu’est-ce que votre parti prévoit faire pour stimuler et maintenir l’économie de la création au Canada?
- Votre parti est-il prêt à traiter les besoins socio-économiques des travailleurs autonomes de l’économie de la création en trouvant des façons de leur offrir le filet de protection social?
- Quels sont les incitatifs pour la créativité et l’innovation que votre parti est prêt à proposer pour optimiser la productivité dans l’économie de la création?
- Quels sont les plans de votre parti pour remplacer le Fonds des nouveaux mé