RIEN DE CE QUI PRÉCÈDE!
Ottawa, le 8 juin, 2004 — Les principaux partis viennent de publier leurs programmes officiels, qui risquent de susciter certaines appréhensions parmi les défenseurs des arts. Pour épargner aux adhérents de la CCA la triste tâche de filtrer tout cela, nous avons produit une matrice comparant les programmes électoraux, disponible à http://www.ccarts.ca/fre/01new/matrice.html
Ainsi que l’affirme dans son rapport la commission Massey-Lévesque (Commission royale d’enquête sur l’avancement des arts, lettres et sciences au Canada, 1949–1951) : « On nous a dit qu’une mesure du degré de civilisation d’une nation pouvait fort bien être la mesure dans laquelle ses artistes créateurs sont appuyés, encouragés et estimés par l’ensemble de la nation. » Si cela est vrai, le Canada risque de devenir bientôt un des pays les moins civilisés du monde occidental!
Pour tenter d’obtenir de plus amples renseignements sur des points précis, la CCA a communiqué, de manière plus ou moins fructueuse, avec nombre de sièges de partis.
On aurait pu s’attendre à ce que le Parti libéral, qui jouit de solides antécédents d’appui de la culture (surtout depuis 2001), fasse fond sur ses réussites. Nos rapports directs avec ses représentants nous ont révélé qu’il a l’intention, à tout le moins, de maintenir le financement en place. La question est de savoir pourquoi cela n’est pas dit explicitement dans le programme électoral. Il ne fait aucun doute qu’en énonçant clairement son appui pour les arts, le patrimoine et les industries culturelles, le premier ministre améliorerait son classement dans cette campagne.
· Tout en mentionnant les succès passés, le programme passe sous silence le renouvellement prévu du financement d’ Un avenir en art (qui expire à la fin du présent exercice), malgré les garanties données par les porte-parole du gouvernement que le renouvellement était en cours.
· Bien qu’ils mentionnent leur appui pour le traité sur la diversité culturelle produit par l’UNESCO, les libéraux omettent de dire s’ils maintiendraient les restrictions s’appliquant à la propriété étrangère dans l’industrie de la radiodiffusion, dont l’existence est actuellement menacée par un rapport du Comité de l’industrie.
· Le programme signale l’accroissement des fonds destinés au Conseil des Arts pour les « principaux organismes artistiques », mais ne traduit aucun engagement à préserver et grossir l’injection de 25 millions de dollars ajoutée au budget en 2001 pour une période limitée. D’après les garanties données verbalement, cette somme sera maintenue.
· Symptôme d’un parti sans cadre d’action ferme, le siège du Parti libéral a été incapable de répondre à des questions précises sur le programme et a dirigé les membres du personnel de la CCA vers le bureau de la ministre du Patrimoine canadien – tactique habituelle durant une campagne électorale.
· En ce qui concerne la position du parti sur la question de la valeur artistique comme moyen de défense et la menace à la liberté d’expression que présentait le projet de loi C-12, la CCA a été renvoyée vers le ministre de la Justice, qui nous a à son tour dirigés vers les fonctionnaires du Ministère, lesquels ont murmuré, avec étonnement, « pas de commentaire ».
Le NPD n’a pu répondre à certaines des questions explicites qui lui ont été posées et a soutenu qu’il ne pouvait pas présenter toutes ses politiques dans le document sur son programme électoral, puisqu’il serait alors trop long. Il aurait toutefois été encourageant de voir des politiques plus détaillées sur les arts et le patrimoine de la part d’un parti qui manifesté son appui par le passé.
· Il est notamment décevant de voir que le NPD n’a pas fait fond sur le travail accompli par Wendy Lill dans son projet de loi d’initiative parlementaire M-293 de 2003 (exemption d’impôt sur le revenu provenant du travail artistique) afin de proposer une nouvelle mesure fiscale pour les artistes.
· Le NPD a appuyé vigoureusement la coalition des syndicats et groupes d’art appelée Le Canada n’est pas à vendre , qui préconise le maintien des restrictions s’appliquant à la propriété étrangère dans l’industrie de la radiodiffusion et qui tiendra une conférence de presse durant le festival de la télévision de Banff, la semaine prochaine.
· Le NPD a travaillé avec acharnement à préserver le moyen de défense de la valeur artistique qui était attaqué dans le projet de loi C-12; il défendra sans doute cette position sous un nouveau gouvernement. Pour témoigner son appui, le parti a organisé en février dernier, durant la Semaine de la liberté de lire, une séance de lecture sur la colline du Parlement. Pourquoi ne pas avoir inscrit cela dans son programme?
Un porte-parole du Parti conservateur a déclaré que « rien dans le programme électoral ne laisse sous-entendre un statu quo durant un premier mandat du Parti conservateur ». Il a aussi ajouté que la fusion des éléments constituants du parti était si récente que celui-ci n’avait pas une le temps de tenir un congrès d’orientation avant le déclenchement de l’élection et qu’il défend par conséquent ses positions « de principe » dans certains dossiers. Toutefois, l’absence d’un si grand nombre de mots et d’expressions jugés essentiels par le secteur culturel (voir l’analyse de la CCA incluse dans la matrice) a de quoi inquiéter. S’il n’est question nulle part de « qualité de vie » dans le programme électoral, il ne faut pas s’attendre à ce qu’il y en ait si les conservateurs sont élus. (En passant, il est intéressant de noter que, malgré l’antipathie traditionnelle des conservateurs à l’égard de la SRC, le représentant de la CCA a eu le plaisir d’écouter la radio du radiodiffuseur d’État pendant qu’on l’a mis en attente!)
Le Bloc l’emporte sur tous les partis pour son énoncé de mesures sensées en matière de politique culturelle et son appui des arts. Toutefois, cet appui se limite aux questions culturelles qui concernent « la belle province »; il ne faut pas s’attendre à ce que le Bloc appuie des mesures qui avantagent les artistes dans les autres régions du Canada.
La CCA exhorte ses adhérents non seulement à examiner la matrice, mais aussi à lire attentivement l’analyse du budget intitulée Chère Prudence ( http://www.ccarts.ca/fre/01new/chereprudence.pdf ). Voici plusieurs décennies qu’il n’y a pas eu d’élection au résultat incertain, de programmes en matière culturelle si chancelants et de ramifications pour le secteur culturel si dangereuses.
La CCA communiquera des mises à jour de cette information au fur et à mesure qu’elle les obtient.
Autres activités culturelles sur le front électoral
· Le mercredi 16 juin, le Toronto Media-Festivals Network parraine un « débat sur la politique culturelle » dans la salle de bal du Gladstone Hotel (1214, rue Queen Ouest, angle Gladstone); les portes seront ouvertes à 8 h 30. Les participants seront Olivia Chow (NPD) et Sarmite Bulte (Parti libéral); le candidat conservateur n’a pas encore été confirmé. Les candidats répondront aux questions des panélistes, y compris Atom Egoyan et Barri Cohen. Cela promet d’être une soirée très animée et de grande importance pour le secteur culturel. Pour de plus amples renseignements, prière de communiquer avec Judy Wolfe au 416–598-2662 begin_of_the_skype_highlighting 416–598-2662 end_of_the_skype_highlighting (jwmatrix@eol.ca).
· À son assemblée générale annuelle tenue à Vancouver le 5 juin, l’Alliance des arts médiatiques indépendants (AAMI) a adopté à l’unanimité la motion suivante :
« Attendu que le ministère du Patrimoine canadien a lancé à Toronto l’initiative Un avenir en art qui a fait une contribution énorme aux arts médiatiques au Canada;
Attendu que le financement de cette initiative englobe le programme Présentation des arts Canada, qui permet de financer des festivals d’arts médiatiques, et un accroissement de 25 millions de dollars par année des fonds destinés au Conseil des Arts, qui a en retour augmenté les fonds attribués à ce secteur;
Et attendu que ce financement est indispensable aux secteurs vulnérables des arts médiatiques, y compris ceux de la diffusion des oeuvres médiatiques autochtones et de diverses origines culturelles, et que l’appui accordé aux petites organisations d’arts médiatiques risque de ne pas être renouvelé;
Qu’il soit résolu que l’AAMI exercera des pressions sur Patrimoine canadien en vue de la préservation, de l’accroissement et de l’élargissement du financement destiné aux arts médiatiques prévu par l’initiative Un avenir en art. »
Félicitations à l’AAMI d’avoir adopté une position ferme sur la question du renouvellement du financement d’ Un avenir en art . La CCA exhorte d’autres groupes voués aux arts à adopter une position analogue et à insister pour que le financement de cette initiative soit renouvelé, avant d’entrer dans le détail des besoins particuliers des différentes disciplines.