À quoi s’attendre avec le retour des parlementaires à Ottawa?
Bulletin de la CCA 01/12
27 janvier 2012
Côté budgétaire, le climat outaouais est plutôt morose. Personne ne sait ou ne veut laisser savoir de combien et où le prochain budget fera mal. Mais une chose est sûre : cela va faire mal. Il se pourrait, selon le ministre Flaherty, que le budget soit repoussé plus tard en mars, ce qui reflète des décisions politiques complexes et ne manquera pas de susciter encore plus d’anxiété et de rumeurs dans la capitale nationale.
Côté législatif, peu de surprises à l’horizon. Le principal sujet d’intérêt pour le secteur culturel demeure le projet de loi C-11 sur le droit d’auteur, qui n’a pas encore été adopté en 2e lecture et n’a donc pas encore été confié au comité législatif chargé de l’étudier article par article. Pour plusieurs raisons, le gouvernement a bien l’intention de faire adopter sa loi plus tôt que tard, mais il est trop tôt pour dire si pour ce faire, il devra imposer la guillotine. On ne sait pas non plus combien de nouveaux témoins seront appelés à comparaître devant le comité législatif, mais on peut penser que le nombre en sera restreint. Le comité procédera ensuite à l’étude article par article de C-11, un processus que les membres du parti gouvernemental pourront toujours expédier s’ils le considèrent nécessaire au salut public.
Dès le dépôt l’automne dernier du projet de loi C-11, copie conforme du précédent C-32, la CCA et une équipe de ses membres s’est mise au travail. Et c’est avec beaucoup de fierté que nous avons récemment fait parvenir aux ministres Moore et Paradis, ainsi qu’aux membres du comité législatif, une liste d’amendements entérinés par 71 associations de la majorité des secteurs touchés par la loi sur le droit d’auteur. Il s’agit là d’un consensus sans précédent dans notre secteur, surtout autour d’un sujet aussi compliqué et diviseur que celui-là. Les associations qui n’ont pas signé le document pour une raison ou pour une autre nous ont par ailleurs toutes indiqué qu’elles en approuvaient presque tout le contenu, et dans certains cas demandant l’autorisation d’emprunter le langage proposé, un fait que nous les encourageons à faire connaître le plus possible.
Il serait trop long de remercier la douzaine d’organismes qui ont consacré heures, argent et une infinie patience à la formulation, en termes juridiques et dans les deux langues officielles, d’une vingtaine d’amendements dont le but est de minimiser les impacts négatifs, non souhaités par le législateur, sur le monde des arts et de la culture. Et on doit ajouter qu’il y a eu beaucoup de bénévolat et de générosité d’esprit dans cette opération collective. Tous et toutes sont des collègues que nous au Secrétariat, avons appris à estimer au plus haut point, tant pour leurs capacités intellectuelles que pour leur acharnement à en arriver au consensus le plus large possible. La CCA est fière d’avoir contribué à faire en sorte que nous soyons solidaires et constructifs dans cette recherche d’objectifs communs.
Autre dossier au radar de la CCA : les audiences du Comité permanent des finances concernant les avantages fiscaux accordés aux organismes de bienfaisance. Annoncée juste avant les fêtes, la date de clôture pour les interventions était le 17 janvier, une période bien courte il faut l’avouer. Certains de nos membres, dont CAPACOA, ont présenté des mémoires et demandé d’être entendus. Les audiences publiques sont prévues pour le début mars et la CCA couvrira les travaux du comité en examinant les soumissions et en suivant les débats.
Également au menu de la CCA, la consultation de Revenu Canada sur son Guide concernant l’accréditation des organismes artistiques ou patrimoniaux comme organismes de bienfaisance aux termes de la Loi de l’impôt. Lancée sans tambours ni trompettes sur le site web de l’Agence début novembre, la consultation se terminait officiellement le 13 janvier. La CCA a cependant obtenu l’assurance de Revenu Canada que les soumissions remises d’ici la fin février seraient acceptées. Bien que le Guide ne change en rien les dispositions légales et réglementaires actuelles ou la jurisprudence en la matière, le seul fait de les codifier soulève des préoccupations légitimes pour les organismes culturels jouissant actuellement du statut d’œuvre de bienfaisance et, peut-être plus encore, pour les organisations qui chercheront dorénavant à obtenir ce statut fiscal s’il convient le mieux à leur modèle d’affaires. En consultation avec ses membres, la CCA prépare un mémoire qu’elle fera circuler sous peu et qui pourra servir dans la préparation de tout mémoire que l’une ou l’autre organisation artistique désirerait présenter.
Du côté du CRTC
Pour la première fois depuis 2006, le CRTC désire simplifier son évaluation de l’admissibilité des projets de développement de contenu canadien pour les radios commerciales, le tout avec un aveu de grande impuissance de la part de l’organe réglementaire. La vérification des rapports annuels afin d’assurer la conformité aux exigences du CRTC s’est en effet avérée plus ardue que prévu. Dans plusieurs cas, les stations négligent de donner des détails, omettent de soumettre les preuves de paiement ou présentent des rapports incomplets, rendant ainsi l’analyse impossible.
Le Conseil sollicite des suggestions de changements administratifs qui réduiraient ou élimineraient ces problèmes, tout en s’assurant que les contributions des radiodiffuseurs au titre du DCC se conforment à la lettre et à l’esprit de la politique sur la radio commerciale. Vous avez jusqu’au 21 février pour soumettre vos observations. La CCA s’intéresse au dossier et vous en reparlera.
Vous êtes agressés par le son puissant des publicités à la télévision? Vous ne vous entendez plus? Le CRTC lui, vous a entendu et a annoncé que vous avez jusqu’au 13 février 2012 pour participer aux instances qui permettront de mettre en place des mesures qui contrôleront l’intensité des messages publicitaires. Voyez l’avis ici.
Après trois ans d’opération du fonds pour l’amélioration de la programmation locale, le CRTC en examinera les performances en fonction des objectifs du FAPL et du rendement des stations qui en bénéficient. Le Conseil compte en outre examiner la pertinence de conserver, de modifier ou d’abandonner le FAPL.
Lorsque le CRTC a établi, en 2008, le Fonds d’amélioration de la production locale (FAPL) en exigeant que les distributeurs de radiodiffusion injectent 1,5% de leurs revenus dans cet outil de financement d’émissions locales, la CCA s’est réjouie du fait que cela pourrait être bénéfique pour les artistes et organismes culturels locaux. Nous n’avons pas examiné les rapports des bénéficiaires, mais force est de constater qu’il y a eu peu de diversité dans le type de programmation soutenu par le FAPL. Les actualités locales ont décidément pris la grosse part du gâteau.
Dans l’avis public CRTC 2011–788, le Conseil a fait les constats préliminaires suivants :
- Une grande part du financement a été consacrée aux nouvelles et à des événements locaux;
- Quelque 40 % des stations qui ont déposé un rapport ont augmenté les heures de nouvelles locales;
- Environ 30 % des bénéficiaires ont utilisé le financement du FAPL pour embaucher de nouveaux journalistes, particulièrement des météorologistes et des journalistes sportifs.
Vous avez jusqu’au 15 février 2012 pour soumettre vos observations. Les audiences auront lieu le 16 avril prochain à Gatineau et nous surveillerons les soumissions ainsi que l’audience pour vous. Entre temps, faites-nous part de vos réflexions sur ce Bulletin et sur les sujets abordés en laissant un message dans la boîte de commentaires située plus bas.