Preferred Language/ Langue préférée

Élection fédérale 2011 : Investissements en culture sous la 40ème législature

Bul­letin de la CCA 17/11

20 avril 2011

 

En 2008 la CCA a pub­lié un bul­letin analysant les investisse­ments publics faits dans le secteur des arts, de la cul­ture et du pat­ri­moine sous la 39ème lég­is­la­ture. Afin de don­ner un peu de per­spec­tive, nous avions alors util­isé plusieurs bud­gets annuels pour mieux souligner les ten­dances de finance­ment pub­lic dans cet impor­tant secteur de l’économie cana­di­enne. Le bul­letin d’aujourd’hui pour­suit le même objec­tif. Nous référant aux prin­ci­paux bud­gets con­tenus dans le porte­feuille du min­istère du Pat­ri­moine, nous allons mener cette analyse selon dif­férents thèmes sur la façon dont l’argent a été dis­tribué. Nous exam­inerons égale­ment com­ment diverses mesures et proces­sus comme les Revues stratégiques des dépenses ont affecté les diverses insti­tu­tions et pro­grammes financés par le gou­verne­ment du Canada.

Notre analyse s’arrête avec le bud­get 2010/11, le dernier adopté sous la 40ème Lég­is­la­ture. Bien que le gou­verne­ment ait déposé en mars un bud­get pour 2011/12, ce dernier est mort au feuil­leton lorsque les élec­tions ont été déclenchées. Pour cette rai­son, nous n’avons pas inclus le bud­get prin­ci­pal des dépenses déposé quelques semaines avant le dis­cours du budget.

Si seul l’essentiel vous préoccupe

Si on exclut le finance­ment ponctuel qui fai­sait par­tie du Plan d’action économique 2009/10, on voit que le finance­ment des pro­grammes et agences qui sont dans le porte­feuille du Min­istère du Pat­ri­moine a été rel­a­tive­ment sta­ble au cours des deux dernières années. Si on tient compte du finance­ment relié au pro­gramme de relance économique, il est donc légitime pour le gou­verne­ment de dire qu’en dol­lars courants au moins, ces bud­gets sont les plus élevés jamais accordés au secteur arts, cul­ture et patrimoine.

Comme le reflè­tent les analy­ses annuelles du bud­get fédéral pub­liées par la CCA, et en dépit de cer­taines coupes qui ont fait mal, on con­state une rel­a­tive sta­bil­ité dans les investisse­ments cul­turels fait par le gou­verne­ment fédéral depuis 2006. Ce qui est nou­veau depuis 2009, c’est que cer­tains pro­grammes impor­tants ont été renou­velés pour une péri­ode de cinq ans. Si on regarde de plus près, on se rend compte que cette sta­bil­ité peut être due en par­tie à l’impact du plan de relance économique. On con­state égale­ment qu’il y a eu un nom­bre d’injections ponctuelles de fonds pour sta­biliser à court terme cer­taines insti­tu­tions qui ont grand besoin d’investissements à long terme

Les fonds con­sacrés aux Olympiques de Van­cou­ver ont égale­ment con­tribué à sta­biliser les bud­gets de Pat­ri­moine cana­dien durant cette péri­ode. Mais avec la fin des pro­grammes olympiques, on ne voit pas ces fonds réal­loués aux investisse­ments dans les arts, la cul­ture et le pat­ri­moine d’où ils prove­naient en par­tie. Au-delà des niveaux de finance­ment, plusieurs pro­grammes ont subi des change­ments quant aux critères d’éligibilité (on peut penser ici au Fonds du Canada pour les péri­odiques) et d’autres fonds ont été trans­férés d’une agence à une autre (e.g. les pro­grammes d’appui à la diver­sité musi­cale). Ces change­ments ont affecté la capac­ité de plusieurs organ­ismes cul­turels et indi­vidus à accéder à des fonds sur lesquels ils pou­vaient compter aupar­a­vant. Finale­ment,  il est clair que le gou­verne­ment va devoir couper dans les pro­grammes en général s’il désire élim­iner le déficit, main­tenant qu’il a renoncé à d’importantes sources de revenu par le biais de réduc­tions de taxes.

À quoi faut-il s’attendre?

On est en droit de crain­dre que cette sta­bil­ité du finance­ment fédéral dans le secteur cul­turel ne dure pas. Même si l’économie cana­di­enne sem­ble per­former mieux que celles de la plu­part des autres pays du G8, la réces­sion de 2008/09 et l’instabilité de l’économie à l’échelle mon­di­ale génèrent beau­coup d’incertitudes. À court terme, le gou­verne­ment a gelé les dépenses, ce qui veut dire que les min­istères, les sociétés et agences publiques doivent toutes trou­ver à l’intérieur de leurs bud­gets respec­tifs les fonds néces­saires pour financer les aug­men­ta­tions salar­i­ales et l’inflation sur les biens et services.

Le gou­verne­ment sor­tant a présenté le 22 mars dernier dans le bud­get fédéral son plan d’action pour rééquili­brer le bud­get, inclu­ant des réduc­tions de 17,6 mil­liards de dol­lars sur cinq ans. Cela devra s’appuyer sur de vraies coupes, si bien qu’abandonnant le sys­tème de revues stratégiques quadri­en­nal, le bud­get 2011 annonçait pour 2011/12 un exa­men stratégique global de tous les bud­gets et pro­grammes gou­verne­men­taux. Cet Exa­men stratégique et fonc­tion­nel portera sur les dépenses de pro­grammes directs votés par le Par­lement. Des dépenses d’environ 80 mil­liards de dol­lars seront ainsi exam­inées dans le but de dégager des économies annuelles per­ma­nentes d’au moins 4 mil­liards d’ici 2014/15, soit 5 % du total des dépenses passées en revue. L’examen met­tra tout par­ti­c­ulière­ment l’accent sur les économies au chapitre des dépenses de fonc­tion­nement et sur l’amélioration de la pro­duc­tiv­ité, tout en éval­u­ant la per­ti­nence et l’efficacité des pro­grammes. Cela veut dire que le min­istère du Pat­ri­moine, ses agences et sociétés publiques seront à nou­veau sous la loupe. Sur la base du bud­get 2010/11, cela promet des réduc­tions d’au moins 175 mil­lions de dol­lars dans les investisse­ments dans le secteur arts, cul­ture et patrimoine.

Pour en savoir davan­tage, par thème

Les sec­tions qui suiv­ent représen­tent les prin­ci­paux thèmes d’intérêt ou de préoc­cu­pa­tion iden­ti­fiés par la CCA con­cer­nant les tableaux pluri­an­nuels de finance­ment inclus ci-après.

Finance­ment ponctuel, stim­uli économiques et engage­ments pluriannuels

Le pre­mier bud­get adopté par la 40ème lég­is­la­ture en 2009/10 com­pre­nait une enveloppe cul­turelle de 3 524,4 mil­lions de dol­lars. En 2010/11, cette même enveloppe s’établissait à 3 421,2 mil­lions de dollars.

C’est dire que d’une année à l’autre, l’enveloppe con­sacrée au min­istère du Pat­ri­moine cana­dien a dimin­uée de 103,2 mil­lions de dol­lars. Cette réduc­tion est due prin­ci­pale­ment à la fin de pro­grammes à durée définie ainsi qu’à des restruc­tura­tions admin­is­tra­tives. Une baisse de 50,3 mil­lions de dol­lars est liée à la con­clu­sion des Jeux olympiques et par­a­lympiques  d’hiver de Van­cou­ver en 2010; une autre de 24,9 mil­lions de dol­lars cor­re­spond à la fin de la com­posante Cen­tres urbains poly­va­lents pour jeunes Autochtones à la Direc­tion des affaires autochtones; enfin, Pat­ri­moine a perdu 28,7 mil­lions de dol­lars par suite du trans­fert du pro­gramme sur le mul­ti­cul­tur­al­isme au min­istère de la Citoyen­neté et Immigration.

Le déclin appar­ent de l’ensemble des bud­gets doit cepen­dant être inter­prété avec pru­dence dû au fait qu’en 2009/10 on trouve par exem­ple un finance­ment ponctuel lié aux Olympiques de Van­cou­ver et un autre de 30 mil­lions de dol­lars sup­plé­men­taires pour le Fonds des espaces cul­turels dans le cadre du Plan d’action économique. Il est intéres­sant de noter par ailleurs que l’investissement ponctuel le plus impor­tant dans le secteur cul­turel est venu du min­istère de l’Industrie qui a injecté 100 mil­lions de dol­lars sur deux ans dans le Pro­gramme des man­i­fes­ta­tions touris­tiques de renom. Ce pro­gramme est main­tenant ter­miné.

Les chiffres pour 2010/11 inclu­ent 15 mil­lions de dol­lars four­nis de façon ponctuelle à qua­tre musées nationaux en avril 2010 : 6,3 mil­lions de dol­lars pour le Musée cana­dien des civil­i­sa­tions; 2 mil­lions pour le Musée des beaux-arts du Canada; 3 mil­lions pour le Musée cana­dien de la nature et 3,7 mil­lions pour le Musée des Sci­ences et de la tech­nolo­gie du Canada. Ce finance­ment spé­cial avait pour but d’aider ces insti­tu­tions à faire face à des besoins dans les bud­gets d’exploitation suite à la réces­sion économique.

Dans le cadre du Plan d’action économique, le gou­verne­ment a changé l’approche adop­tée depuis 2006 selon laque­lle il ne s’engageait que pour un ou deux ans à la fois : en 2009/10, on l’a donc vu s’engager à financer une série d’importants pro­grammes sur une base quin­quen­nale, générale­ment au même niveau que précédem­ment. Pareils engage­ments à long terme doivent être accueil­lis avec pru­dence étant donné que le bud­get fédéral est adopté sur une base annuelle, mais ils ont donné à plusieurs organ­ismes un sen­ti­ment de sta­bil­ité dont ils avaient grande­ment besoin. Au total, le gou­verne­ment s’est engagé à inve­stir 642 mil­lions de dol­lars entre 2010/11 et 2014/15 :

  • 33,8 mil­lions de dol­lars par année pour le Fonds du Canada pour l’investissement en cul­ture (précédem­ment connu sous le nom de Pro­gramme de con­sol­i­da­tion des arts et du pat­ri­moine canadien);
  • 30 mil­lions de dol­lars par année pour le Fonds du Canada pour les espaces cul­turels (connu avant comme le pro­gramme Espaces cul­turels Canada);
  • 18 mil­lions de dol­lars par année s’ajoutent au Fonds du Canada pour la présen­ta­tion des arts  (l’ancien pro­gramme Présen­ta­tion des arts Canada), por­tant ainsi son bud­get annuel à 33,4 mil­lions de dollars;
  • 27,6 mil­lions de dol­lars annuelle­ment pour le Fonds de la musique du Canada;
  • un engage­ment à main­tenir l’ajout annuel de 25 mil­lions de dol­lars au bud­get du Con­seil des arts du Canada (main­tenant ce bud­get à 181 mil­lions de dol­lars par année pour cinq ans) ;
  • le renou­velle­ment d’un engage­ment pris dans le bud­get 2009 de verser 7 mil­lions de dol­lars de plus au Fonds du Canada pour la for­ma­tion dans le secteur des arts (autre­fois connu sous le nom de Pro­gramme national de for­ma­tion dans le secteur des arts), por­tant ainsi son finance­ment total annuel à 24,1 mil­lions de dollars;
  • Enfin, le Fonds du livre du Canada (autre­fois le Pro­gramme d’aide au développe­ment de l’industrie de l’édition) a été renou­velé à son niveau de 36,7 mil­lions de dol­lars annuelle­ment jusqu’en 2014/15. Le fonds a de plus reçu 750 000 dol­lars de plus dans le bud­get sup­plé­men­taire 2009/10.

Change­ment dans les critères d’admissibilité

Même si le finance­ment dédié aux arts et à la cul­ture est resté rel­a­tive­ment sta­ble dans la plu­part des secteurs, plusieurs organ­i­sa­tions ont été affec­tées par des change­ments dans les critères d’admissibilité ou par le trans­fert d’argent d’un pro­gramme à un autre. Ainsi, en 2010 le gou­verne­ment annonçait que les critères pour recevoir du finance­ment du Fonds du Canada pour les péri­odiques (FCP) seraient dif­férents de ceux des deux pro­grammes qu’il rem­plaçait, soit le Fonds du Canada pour les mag­a­zines (FCM) et du Pro­gramme d’aide aux pub­li­ca­tions (PAP). Le FCP four­nit une aide finan­cière aux mag­a­zines et jour­naux non quo­ti­di­ens afin qu’ils puis­sent con­tin­uer à pro­duire et à dif­fuser du con­tenu cana­dien mal­gré les désa­van­tages sys­témiques du marché.

La créa­tion du FCP avait été annon­cée le 17 février 2009 comme un nou­veau pro­gramme mod­erne et effi­cace pour soutenir les mag­a­zines et les jour­naux com­mu­nau­taires. Le FCP main­tient l’appui financier du gou­verne­ment fédéral aux jour­naux com­mu­nau­taires et péri­odiques au même niveau, soit 75,5 mil­lions de dol­lars annuelle­ment. Ce mon­tant inclut le « sub­side postal » de 15 mil­lions de dol­lars que le gou­verne­ment s’est engagé à verser pour au moins deux ans en rem­place­ment du pro­gramme précé­dent qui était la respon­s­abil­ité de Postes Canada.

Le finance­ment du FCP n’a pas changé, mais les règles d’accès elles ont changé. Sous le nou­veau pro­gramme, les pub­li­ca­tions dont la cir­cu­la­tion est inférieure à 5 000 exem­plaires ne sont plus éligi­bles. Les prin­ci­pales vic­times de ce change­ment de règles auront été les revues lit­téraires et les mag­a­zines artis­tiques qui ne ren­con­traient pas ce plancher. Bien que ces revues restent éligi­bles à la com­posante Inno­va­tion com­mer­ciale du nou­veau fonds, elles ont perdu accès à l’appui financier qu’elles rece­vaient sous le régime précé­dent. Ont été exemp­tées de ce change­ment de règles les péri­odiques aborigènes, ceux des minorités eth­niques et les mag­a­zines ser­vant les minorités de langues offi­cielles. Sont égale­ment exemp­tées de cette restric­tion les pub­li­ca­tions agri­coles comme The West­ern Pro­ducer, Cana­dian Cat­tle­men and Grainews.

Un autre exem­ple touche l’annulation en 2009 du pro­gramme d’appui à la diver­sité musi­cale admin­istré pour Pat­ri­moine par le Con­seil des arts du Canada et dont le finance­ment a été trans­féré à FACTOR/MusicAction. Le milieu s’est générale­ment réjoui du renou­velle­ment pour cinq ans du Fonds de la musique du Canada et de l’accroissement des sommes dédiées aux enreg­istrements numériques et au développe­ment des marchés. Ces deux secteurs d’activité ont cer­taine­ment prof­ité d’un tel ajout, mais plusieurs ont cri­tiqué le fait que cela se soit fait au détri­ment d’un investisse­ment con­sid­éré stratégique dans la diver­sité de la musique au Canada : le pro­gramme admin­istré par le Con­seil des arts visait le développe­ment de formes musi­cales qui n’étaient pas néces­saire­ment viables com­mer­ciale­ment mais qui pou­vaient le devenir.

Rien pour le développe­ment des marchés étrangers pour la cul­ture canadienne

En 2008, le secteur a subi des pertes sig­ni­fica­tives, par suite entre autres de l’abolition de deux pro­grammes stratégique­ment impor­tants, Routes com­mer­ciales (9 mil­lions) et Pro­mArt (10,6 mil­lions au total, si on con­sid­ère une pre­mière coupe de 5,8 mil­lions de dol­lars en 2006). CINARS a doc­u­menté l’impact de ces coupures sur le secteur cul­turel québé­cois. Le gou­verne­ment du Québec est inter­venu pour com­penser quelque peu cet impact en injec­tant trois mil­lions de dol­lars annuelle­ment en rem­place­ment des pro­grammes abo­lis par le gou­verne­ment fédéral.

Depuis 2008, de nom­breuses représen­ta­tions ont été faites en vain auprès du gou­verne­ment pour qu’il étab­lisse de nou­veaux pro­grammes visant au développe­ment des marchés étrangers pour les pro­duits cul­turels cana­di­ens et pour con­tribuer à l’image de mar­que du Canada sur la scène internationale.

Avan­tages soci­aux et mesures fiscales

Le bud­get 2010/11 annonçait que cer­tains des avan­tages soci­aux inclus dans l’assurance emploi seraient désor­mais disponibles pour les tra­vailleurs autonomes. Ceux-ci ont désor­mais l’option de s’inscrire au pro­gramme d’AE pour recevoir un appui financier dans les cas de mater­nité, con­gés parentaux, con­gés de mal­adie et con­gés pour pren­dre soin d’un proche.

Étant donné le pour­cent­age élevé de tra­vailleurs autonomes dans le secteur cul­turel, le change­ment pour­rait être bon pour cer­tains. Pour d’autres, cepen­dant, le pro­gramme pour­rait ne pas être avan­tageux. Par exem­ple, une fois inscrits, les tra­vailleurs ne peu­vent se retirer. De plus, quand un artiste se met à retirer des presta­tions de l’assurance emploi sans créer active­ment des œuvres, tout le revenu qu’il reçoit au cours de cette péri­ode pour ses œuvres antérieures (e.g. ventes, droits d’auteur, rede­vances, etc.) réduira les presta­tions d’assurance emploi qu’il reçoit.

Investisse­ments dans la pro­duc­tion audiovisuelle

Au print­emps 2009, le gou­verne­ment a com­biné le Fonds cana­dien de télévi­sion (FCT) et le Fonds cana­dien des nou­veaux médias (FCNM) dans une même entité, le Fonds des médias du Canada (FCM) afin de favoriser la pro­duc­tion d’émissions cana­di­ennes sur au moins deux plate­formes de dis­tri­b­u­tion, dont la télévi­sion tra­di­tion­nelle. Le gou­verne­ment s’engageait pour deux ans à fournir 135 mil­lions de dol­lars annuelle­ment au nou­veau Fonds, ce qui représente en gros le finance­ment accordé précédem­ment au FCT (120 mil­lions) et au FCNM (14,2 mil­lions). Le FCM dis­pose d’un bud­get annuel total de 350 mil­lions de dol­lars, dont 135 mil­lions provi­en­nent de Pat­ri­moine cana­dien et 215 mil­lions des con­tri­bu­tions imposées par le CRTC aux câblodis­trib­u­teurs et aux exploitants de ser­vice satellite.

Le finance­ment de Radio-Canada

Glob­ale­ment, le bud­get de Radio-Canada n’a pas été indexé depuis cinq ans et comme tous les min­istères et agences gou­verne­men­tales, la Société doit depuis l’an dernier, et pour deux autres années, trou­ver elle-même les sommes néces­saires aux aug­men­ta­tions de salaires négo­ciées et assumer la hausse des coûts des biens et ser­vices qu’elle utilise. L’apparente sta­bil­ité qui se dégage d’un exa­men des bud­gets prin­ci­paux est égale­ment démen­tie par l’impact que la réces­sion a eu sur le revenu com­mer­cial de ses ser­vices de télévi­sion, qui représen­tent près du tiers de son bud­get total.

Si, dans son bud­get 2009/10, le gou­verne­ment promet­tait une sta­bil­ité de cinq années pour une série de pro­grammes impor­tants pour le secteur art et cul­ture, il n’a pas cru bon faire de même pour le dif­fuseur pub­lic. Le mon­tant sup­plé­men­taire de 60 mil­lions de dol­lars que la Société reçoit depuis 2001/02 con­tinue d’être attribué sur une base annuelle en dépit de nom­breuses représen­ta­tions à l’effet que cette somme devrait être ajoutée au bud­get de base, inclu­ant une recom­man­da­tion du Comité per­ma­nent du pat­ri­moine (avec dis­sen­sion cepen­dant des représen­tants gou­verne­men­taux). Et en 2009, le min­istère du Pat­ri­moine a refusé d’avancer un finance­ment rem­boursable à Radio-Canada qui fai­sait face à un manque à gag­ner de 170 mil­lions de dol­lars par suite de la baisse de ses revenus com­mer­ci­aux. Ce déficit budgé­taire a mené à l’élimination de quelque 800 postes et de plusieurs émis­sions de radio et de télévi­sion tant en français qu’en anglais. La SRC a par ailleurs dû ven­dre des biens pour boucler son année financière.

Radio-Canada, tout comme le Con­seil des arts du Canada, l’Office national du film et Télé­film Canada, a été soumise à l’exercice de Revue stratégique en pré­pa­ra­tion du bud­get fédéral 2010/11 : on lui demandait alors d’identifier 5% de son bud­get relié à des pri­or­ités moin­dres. Cela se serait traduit par des coupures de 50 mil­lions de dol­lars env­i­ron, mais comme les autres agences visées, elle a pu garder ces sommes, le gou­verne­ment ayant statué que des réal­lo­ca­tions étaient inutiles puisque « les pro­grammes livrés par ces organ­i­sa­tions étaient alignées avec les pri­or­ités des Canadiens ».

Les musées nationaux

En 2009/10 et 2010/11, le gou­verne­ment a versé des con­tri­bu­tions impor­tantes au pro­jet privé de Musée cana­dien pour les droits de la per­sonne. Le bud­get 2009/10 accor­dait 26,7 mil­lions de dol­lars au pro­jet, la majeure par­tie de cette somme (25,2 mil­lions) en dépenses d’immobilisation. En 2010/11, 55 mil­lions de dol­lars ont été attribués dans le Bud­get prin­ci­pal des dépenses, dont 15,9 mil­lions pour l’exploitation et 40 mil­lions pour les immobilisations.

En 2009, Bib­lio­thèque et Archives Canada a pu financer une par­tie de ses dépenses grâce au fait qu’en 2008, le gou­verne­ment a annulé la con­struc­tion du Musée national du por­trait, à cause de « l’instabilité glob­ale de l’économie », ce qui a libéré une somme de près de 29 mil­lions de dol­lars iden­ti­fiée précédem­ment pour ce pro­jet amorcé sous les Libéraux de Jean Chré­tien. Le Musée du por­trait a depuis été relégué au statut de pro­gramme à l’intérieur de Bib­lio­thèque et Archives. Bien que ce pro­gramme fig­ure comme une des pri­or­ités de l’institution pour 2010/11, cela se traduit par des expo­si­tions itinérantes et un accès aux œuvres via internet

Comme on l’a men­tionné précédem­ment, en avril 2010 le gou­verne­ment a accordé un finance­ment ponctuel de 15 mil­lions de dol­lars à qua­tre musées nationaux. Cette même année, le musée du Quai 21 à Hal­i­fax a accédé au statut de musée national, le sec­ond musée national situé hors de la région de la cap­i­tale nationale, avec le Musée cana­dien pour les droits de la per­sonne à Winnipeg.

Les Prix du Canada

Comme on en fai­sait état dans l’analyse du bud­get 2009,  le gou­verne­ment annonçait dans son pre­mier bud­get à la sur­prise générale qu’il allait allouer une somme de 25 mil­lions de dol­lars pour créer une fon­da­tion pour les Prix du Canada pour les arts et la créa­tiv­ité. Les nou­veaux prix allaient être des­tinés à des artistes étrangers et être gérés par une nou­velle entité liée au Fes­ti­val Lumi­nato de Toronto

Face au tollé de protes­ta­tions du secteur, qui soulig­nait des besoins beau­coup plus pres­sants (comme le besoin d’investir dans le développe­ment des marchés cul­turels au pays et à l’étranger), le gou­verne­ment a vite fait marche arrière et ren­voyé le pro­jet à la planche à dessin. Au début de mai 2010, le Min­istre du Pat­ri­moine annonçait que ce serait le Con­seil des arts du Canada quoi serait chargé de l’administration des Prix du Canada, lesquels recon­naî­traient désor­mais des réal­i­sa­tions artis­tiques cana­di­ennes et servi­raient à con­solider l’image de mar­que du Canada comme un cen­tre d’excellence cul­turelle. En juin 2010, le gou­verne­ment nom­mait un comité aviseur chargé de pré­parer des recom­man­da­tions quant aux paramètres exacts des nou­veaux prix. Le comité a remis son rap­port au min­istre à la fin de l’été 2010, mais ni le dis­cours du bud­get ni le bud­get prin­ci­pal des dépenses pour 2011/12 ne men­tion­naient les Prix du Canada.

L’impact des Olympiques sur les dépenses en culture

Comme on l’a men­tionné plus haut, il était prévu qu’à compter de 2009/10 et 2010/11, on assis­terait à une baisse des bud­gets con­sacrés aux trois grands résul­tats stratégiques pour­suivis par le min­istère du Pat­ri­moine cana­dien : réduc­tions de 36,6 mil­lions de dol­lars pour le pre­mier objec­tif («Les expres­sions artis­tiques et le con­tenu cul­turel cana­di­ens sont créés et acces­si­bles au pays et à l’étranger»), de 76,9 mil­lions pour le sec­ond (« Les Cana­di­ens parta­gent, expri­ment et appré­cient leur iden­tité cana­di­enne. ») et 72,9 mil­lions pour le troisième (« Les Cana­di­ens par­ticipent et excel­lent dans les sports.»), pour un total de 186 mil­lions de dol­lars. Les réduc­tions prin­ci­pales visent deux activ­ités de pro­grammes spé­ci­fiques : 1) Pro­mo­tion et appar­te­nance au Canada (53,5 mil­lions de dol­lars), en majeure par­tie dues à la fin des Olympiques et Par­a­lympiques de Van­cou­ver (Relai de la torche olympique, 24,1 mil­lions, et céré­monies d’ouverture, 17,4 mil­lions), et les expo­si­tions inter­na­tionales (11,2 mil­lions) et 2) pour le Sport (72,5 mil­lions), encore une fois à cause de la fin des Jeux de Van­cou­ver.

En ce qui con­cerne le finance­ment du sport olympique, il est bon de rap­peler que ces bud­gets avaient prof­ité de redi­rec­tions provenant de bud­gets cul­turels à l’intérieur de l’enveloppe budgé­taire de Pat­ri­moine suite à la Revue stratégique de 2007. On peut donc con­clure que  ces sommes ont essen­tielle­ment été per­dues par le secteur art et cul­ture puisque qu’elles ne lui sont pas retournées.

Le proces­sus de Revues stratégiques  et gels des budgets

En 2007, le gou­verne­ment met­tait en en place un nou­veau proces­sus de révi­sion stratégique,  selon lequel, sur un cycle de qua­tre ans, les min­istères et agences gou­verne­men­tales doivent procéder à un exa­men pour déter­miner si leurs activ­ités et pro­grammes atteignent leurs objec­tifs, s’ils sont admin­istrés de façon effi­ciente et s’ils sont con­formes des Cana­di­ens et con­formes aux respon­s­abil­ités du gou­verne­ment fédéral.

Le Min­istère du Pat­ri­moine cana­dien, les musées nationaux et Bib­lio­thèque et Archives Canada fai­saient par­tie des 17 organ­ismes soumis à la pre­mière revue stratégique en 2007. Les 15 mil­lions de dol­lars iden­ti­fiés par les musées nationaux ont été réin­vestis sur trois dans leurs bud­gets d’exploitation et d’immobilisations. Les « économies » iden­ti­fiées dans les bud­gets de Pat­ri­moine – inclu­ant l’abolition de Routes com­mer­ciales et, au min­istère des Affaires étrangères, de Pro­mArt – ont été redirigées vers trois pro­grammes : le relai de la torche olympique et la Route vers l’excellence pour les ath­lètes olympiques, et le Plan d’action pour les langues offi­cielles (des com­posantes des sec­ond et troisième objec­tifs stratégiques du ministère).

Les bud­gets en cul­ture ne fai­saient pas par­tie de l’exercice de revue stratégique pré­para­toire au bud­get de 2009. Radio-Canada, l’Office national du Film, le Con­seil des arts du Canada et Télé­film Canada en fai­saient cepen­dant par­tie en 2010. Heureuse­ment pour elles, ces organ­i­sa­tions ont pu garder à l’interne le 5% de leur bud­get iden­ti­fié comme s’appliquant à des pri­or­ités moin­dres, le bud­get de 2010 men­tion­nant que « des redi­rec­tions ne sont pas néces­saires compte tenu du fait que les pro­grammes livrés par ces organ­i­sa­tions répon­dent aux pri­or­ités des Canadiens. »

Mais le bud­get 2010 annonçait que les exer­ci­ces de revue stratégique résul­teraient désor­mais dans des réduc­tions des bud­gets et ne seraient pas allouées ailleurs. De plus, les min­istères et agences gou­verne­men­tales devraient, pour les trois années suiv­antes, absorber l’augmentation de 1,5% des salaires de la fonc­tion publique et l’inflation sur les biens et ser­vices. Cette hausse des coûts d’exploitation doit venir de réal­lo­ca­tions internes. Pat­ri­moine cana­dien a indiqué que pour 2010/11, ces sommes attein­dront deux mil­lions de dollars.

Le Min­istère devait être soumis en plus à une nou­velle revue stratégique l’automne prochain, en pré­pa­ra­tion du bud­get 2012/13. Le Min­istère a indiqué qu’il n’a pas encore été arrêté si le proces­sus allait inclure des con­sul­ta­tions avec les par­ties prenantes.

Mais il se peut fort bien que la revue stratégique de 2011 soit rem­placée par un exer­cice dif­férent par lequel le gou­verne­ment pro­pose d’attaquer la réduc­tion du déficit. Dans le bud­get de mars dernier, le gou­verne­ment annonçait en effet qu’il allait se livrer à un exa­men stratégique global de tous les pro­grammes et bud­gets gou­verne­men­taux. L’Examen stratégique et fonc­tion­nel portera sur les dépenses de pro­grammes directs votés par le Par­lement. Des dépenses d’environ 80 mil­liards de dol­lars seront ainsi exam­inées dans le but de dégager des économies annuelles per­ma­nentes d’au moins 4 mil­liards d’ici 2014–2015, soit 5 % du total des dépenses passées en revue. L’examen met­tra tout par­ti­c­ulière­ment l’accent sur les économies au chapitre des dépenses de fonc­tion­nement et sur l’amélioration de la pro­duc­tiv­ité, tout en éval­u­ant la per­ti­nence et l’efficacité des pro­grammes. Cet exa­men refera sûre­ment sur­face si la 41ème lég­is­la­ture s’ouvre avec un gou­verne­ment con­ser­va­teur majori­taire ou minori­taire, dans lequel cas Pat­ri­moine cana­dien, ses pro­grammes et agences seront à nou­veau scrutés à la loupe.

 

Min­istère du pat­ri­moine cana­dien: sub­ven­tions et contributions

Pro­gramme
2006-07 (après les Bud­gets supp des dépenses A/B)
2007-08 (après les Bud­gets supp des dépenses A/B)
2008-09 (Bud­get prin­ci­pal des dépenses et Bud­get supp des dépenses )
2009-10  

(après les Bud­gets supp des dépenses A/B/C)

2010-11 

(Bud­get prin­ci­pal des dépenses

et Bud­get supp des

dépenses

A)

Pro­gramme de con­sol­i­da­tion des arts et du pat­ri­moine canadien
Ren­force­ment des capacités
6 310 043
6 310 043
6 134 043
4 365 479
Com­posante du pro­gramme terminée
Sub­ven­tions à des fins de dotation
14 884 420
14 884 420
14 884 420
14 884 000
Com­posante du pro­gramme est dev­enue par­tie du Fonds du Canada pour l’investissement en culture
Fonds de stabilisation
626 760
626 760
626 760
Com­posante du pro­gramme terminée
Ini­tia­tives de réseautage
1 000 000
1 000 000
1 000 000
1 000 000
Com­posante du pro­gramme terminée
Pro­gramme Présen­ta­tion des arts Canada (Main­tenant: Fonds du Canada pour la présen­ta­tion des arts  )
21 418 998
20 761 498
28 3621 12
28 362 112
27 878 855
Pro­gramme de Développe­ment des com­mu­nautés par le biais des arts et du patrimoine
3 092 000
7 900 000
17 655 000
19 155 000
Le Canada en fête! a fusionné avec le Pro­gramme des célébra­tions et com­mé­mora­tions en 2009/10 

Pro­gramme des célébra­tions et commémorations

12 951 037
21 988 600
31 970 426 , 36 336 423
45 657 286
11 829 533
Cap­i­tales cul­turelles du Canada
3 862 680
3 862 680
3 862 680
3 862 680
Pro­gramme est  devenu une par­tie du Fonds du Canada pour l’investissement en culture
Pro­gramme Espaces cul­turels Canada  (Maint­neant: Fonds du Canada pour les espaces culturels )
26 901 423
3 0442 423
29 342 801
58 459 560
26 949 850
Pro­gramme national de for­ma­tion dans le secteur des arts (Main­tenant: Fonds du canada pour la for­ma­tion dans le secteur des arts)
15 903 920
16 618 000
16 703 920
23 542 520
22 742 440
Fonds du Canada pour l’investissement en cul­ture
(anci­en­nement le Pro­gramme de con­sol­i­da­tion des arts et du pat­ri­moine canadiens)
18 746 680
25 182 705
Pat­ri­moine
Fonds pour favoriser les pro­priétés pat­ri­mo­ni­ales commerciales
9 873 000
Pro­gramme d’aide aux musées
12 023 284
10 098 000
14 445 845
14 446 000
14 576 284
Indus­tries culturelles
Pro­gramme de développe­ment de l’industrie de l’Édition (Main­tenant: Fonds du livre du Canada)
39 764 798
38 094 798
37 637 660
37 387 660
36 666 301
Fonds de la musique du Canada
22 889 658
22 889 658
22 614 982
23 364 082
25 828 331
Fonds cana­dien de télévision
119 950 000
119 950 000
119 950 000
119 950 000
Main­tenant le Fonds des médias du Canada: 119,950,000 + 14,196,077
Fonds des nou­veaux médias du Canada
17 032 000
14 025 000
14 196 077
Fonds du Canada pour les magazines
16 067 998
15 567 998
15 381 182
14 881 638
Main­tenant le Fonds du Canada pour les péri­odiques 74,774,598
Pro­gramme d’aide aux publications
45 400 000
45 400 000
45 400 000
60 400 000
Autres sub­ven­tions et contributions
Sub­ven­tions et con­tri­bu­tions au sport
Pro­gramme d’aide aux athlètes
27 000 000
27 000 000
26 676 000
266 77 000
27 000 000
Pro­gramme de sou­tien du sport
97 825 345
101 847 481
109 563 183
101 118 596
117 000 972
Pro­gramme d’accueil
167 585 000
148 823 284
78 914 404
80 784 404
16 315 575
Pro­gramme des célébra­tions et commémorations
45 657 286
11 829 553
Langues offi­cielles
Pro­gramme d’amélioration des langues officielles
109 219 100
108 923 289
111 020 927
112 010 600
111 523 131
Pro­gramme de développe­ment des com­mu­nautés de langue officielle
214 828 820
216 344 930
241 113 473
241 695 100
226 031 984
Pro­grammes pour les autochtones
66 787 262
66 203 732
57 757 982
59 362 911
56 214 907

 

Min­istère du pat­ri­moine cana­dien, organ­ismes et sociétés d’État

(Fig­ures en mil­lions de dollars)

Organ­i­sa­tion

Total des

prévi­sions

2006/07      (adop­tées par la 39e législature)

Total des prévi­sions     2007/08 

(adop­tées par la 39e législature)

Total des prévi­sions    2008/09 

(adop­tées par la 39e législature)

Total des prévi­sions     2009/10 

(adop­tées par la 40e législature)

Total des prévi­sions     2010/11
Min­istère du Pat­ri­moine canadien
1 459,5
1 440,5
1 450
1 448,1
1 336,4
Con­seil des Arts du Canada
171,4
181,8
182,1
181,6
181,8
Société Radio-Canada
1 114
1 104
1 157,5
1 112,6
1 137,1
Bib­lio­thèque et Archives Canada
114
154,8
164,9
128,3
127,8
Cen­tre national des Arts
56,3
55,9
52,5
35,2
36,1
Musée des beaux-arts du Canada
46,6
51,4
55,5
50
50,9
Musée cana­dien des droits de la personne
5
26,7
55,9
Musée cana­dien des civilisations
61,5
61,9
69,3
62,7
71,2
Musée cana­dien de la nature
59,6
84,9
62,3
32,4
33,3
Musée national des sci­ences et de la technologie
30,6
32,1
35,5
34,6
35,3
Office national du film
70,9
67,1
67
65,1
68,5
Télé­film Canada
105,2
105,2
107,8
104,7
105,7
TOTAL
3 288,9
3 339,9
3 409,.4
3 524,4
3 421,2

Laissez un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée champs obligatoires

*


*

You may use these HTML tags and attributes: <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>