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La ministre de Patrimoine canadien dépose un projet de loi pour la création d’un nouveau musée national

CCA Bul­letin 04/08

14 février 2008

Le 11 février dernier, la Min­istre du Pat­ri­moine cana­dien, l’Hon. Josée Verner, a déposé à la Cham­bre des com­munes le pro­jet de loi C-42 inti­t­ulé Loi pour amender la Loi des musées et d’autres lois en con­séquence. L’objet de ce pro­jet de loi est de créer, à Win­nipeg au Man­i­toba, un nou­veau musée national, le Musée cana­dien des droits de la personne.

Le Musée cana­dien des droits de la per­sonne est le fruit d’un parte­nar­iat entre les secteurs pub­lic et privé, un pro­jet pour lequel feu Izzy Asper avait longtemps mil­ité et qui a été repris par les mem­bres de sa famille. La min­istre a opté pour un amende­ment de la Loi des musées plutôt que de procéder à l’adoption d’une loi spé­ciale. Cette approche assure que le Musée cana­dien des droits de la per­sonne sera admin­istré, dans ses grandes lignes, de façon sim­i­laire aux autres musées nationaux.

Le mod­èle d’un parte­nar­iat public/privé dans ce domaine n’est pas à pro­pre­ment par­ler une nou­veauté. Ainsi, le Musée cana­dien de la guerre a été con­struit grâce à un finance­ment du gou­verne­ment fédéral et à des fonds four­nis par les Amis du musée cana­dien de la guerre, une organ­i­sa­tion non gou­verne­men­tale qui a recueilli des sommes con­sid­érables afin d’assurer la réal­i­sa­tion du pro­jet. Comme c’est le cas pour la plu­part des insti­tu­tions cul­turelles nationales, les Amis con­tin­u­ent de recueil­lir des fonds pour con­tribuer au fonc­tion­nement du musée.

Dans ce cas-ci, le gou­verne­ment fédéral a promis d’apparier les coûts de con­struc­tion du musée à hau­teur de 100 mil­lions de dol­lars et s’est engagé à con­tribuer annuelle­ment 22 mil­lions de dol­lars pour les coûts d’exploitation. Le directeur et le con­seil d’administration du musée seront nom­més par arrêtés en con­seil, comme c’est le cas pour les autres musées nationaux.

Le dépôt du pro­jet de loi con­stitue une mesure inci­ta­tive pour la cam­pagne de finance­ment privé pour la con­struc­tion du musée, une cam­pagne qui en est encore à 20 mil­lions de dol­lars de son objec­tif. Le pro­jet de loi C-42 vise donc à indi­quer claire­ment que le gou­verne­ment est sérieux quant à la créa­tion du nou­veau musée et qu’il est déter­miné à en assurer l’exploitation de façon cohérente avec celles des insti­tu­tions exis­tantes. L’intention est d’assurer la pop­u­la­tion cana­di­enne que si ce mod­èle spé­ci­fique de parte­nar­iat entre les secteurs publics et privés est nou­veau, la manière dont il fonc­tion­nera ne le sera pas.

En réal­ité, le prin­ci­pal élément nova­teur du pro­jet réside dans le fait que le nou­veau musée ne sera pas situé dans la région de la Capitale-Nationale, un précé­dent qui risque d’ailleurs de se répéter dans le cas duMusée national du por­trait pour lequel neuf villes cana­di­ennes, dont Ottawa, ont récem­ment été invitées à présen­ter des soumissions.

L’approche qu’a choisie le gou­verne­ment dans le cas du Musée cana­dien des droits de la per­sonne repousse encore une fois la présen­ta­tion d’une nou­velle poli­tique muséale, depuis longtemps atten­due du milieu et qui avait fait l’objet d’un vaste con­sen­sus de tous les par­tis poli­tiques avant la dernière élec­tion fédérale.

Pour en savoir davantage

En dévelop­pant son approche pour la créa­tion et l’exploitation du Musée cana­dien des droits de la per­sonne, le gou­verne­ment ne fait que con­firmer une longue tra­di­tion dans le domaine des musées fédéraux.

Le tout pre­mier cas con­cer­nait la créa­tion, en 1880, du Musée des beaux-arts du Canada, issu de la pre­mière expo­si­tion organ­isée par l’Académie royale des arts du Canada. Les œuvres qui fai­saient par­tie de cette expo­si­tion sont dev­enues les pre­mières dans la col­lec­tion du Musée et les deux organ­i­sa­tions ont longtemps main­tenu des liens étroits.

Comme on le men­tion­nait plus haut, le Musée cana­dien de la guerre a égale­ment été édifié sur la base d’un parte­nar­iat avec des organ­i­sa­tions comme les Amis du musée, dont la Légion royale cana­di­enne a été l’un des prin­ci­paux contributeurs.

Le présent gou­verne­ment a égale­ment changé de cap pour le Musée national du por­trait en invi­tant neuf villes cana­di­ennes à présen­ter une soumis­sion en parte­nar­iat avec le secteur privé. Ces soumis­sions doivent inclure des engage­ments financiers et pro­mo­tion­nels de la part de chaque com­mu­nauté qui opte de par­ticiper à l’appel d’offre.

Il con­vient de noter que tous les musées fédéraux (et la plu­part des insti­tu­tions cul­turelles nationales) ont développé une exper­tise en col­lecte de fonds pour con­tribuer au finance­ment de leurs frais d’exploitation et de pro­jets spé­ci­aux.  Le Cen­tre national des Arts par exem­ple s’est doté d’une con­sid­érable équipe de développe­ment et se sert de la série Scène pour recueil­lir des fonds tout en met­tant en vedette le tal­ent artis­tique d’une région ou d’une province

La déci­sion du gou­verne­ment de procéder par amende­ment de la Loi des musées sig­ni­fie que même si de nou­velles for­mules de finance­ment sont util­isées, chaque insti­tu­tion nationale opère à l’intérieur d’un même cadre de référence. Cela per­met d’uniformiser les stan­dards pro­fes­sion­nels et les règles qui régis­sent la respon­s­abil­ité quand on utilise les fonds publics.

Le Canada n’est pas seul à la recherche de nou­velles straté­gies visant à assurer la survie et la crois­sance de ses musées nationaux. La France a récem­ment amendé les cahiers de charge du Lou­vre et du Musée d’Orsay afin de leur per­me­t­tre de com­mer­cialiser leur mar­que de com­merce inter­na­tionale­ment. Le Lou­vre s’apprête à ouvrir une suc­cur­sale à Abu Dhabi dont le coût sera entière­ment financé par l’émirat. Il s’agit d’ailleurs là d’une approche dévelop­pée depuis longtemps et avec grand suc­cès par des insti­tu­tions privées comme le musée Guggenheim.

La CCA va con­tin­uer de suivre le dossier de la poli­tique muséale et encour­age la min­istre et les fonc­tion­naires de Pat­ri­moine cana­dien à com­pléter dans les meilleurs délais la poli­tique muséale et la révi­sion des pro­grammes qui l’appuient.

 

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