L’Office national du film
L’une des principales déceptions du budget 2012–2013 est certainement les coupes imposées au secteur de l’audiovisuel. Efficacité ou pas, les coupes à Radio-Canada, Téléfilm et à l’Office national du film auront des conséquences importantes pour la chaîne alimentaire de cet important secteur culturel.
Regardons le cas de l’Office national du film qui perdra 10% de son budget (6,7 millions de dollars) en plus d’avoir à absorber l’inflation sur les biens, des services et traitements. Il semble que parce qu’il a été proactif au cours des dernières années en adoptant de nouvelles approches et des systèmes de distribution, l’ONF soit raisonnablement bien placé pour gérer le défi: au cours des cinq dernières années. L’ONF a réussi à réinvestir 11 millions de dollars dans ses activités. Il aurait fait encore mieux s’il n’y avait pas eu de compressions, mais il peut encore bien faire. .
Les commentaires du ministre du Patrimoine, James Moore reflète cette approche : « Téléfilm et l’ONF ont adopté les nouvelles technologies avec tant de succès et est de telle façon qu’ils peuvent facilement s’adapter avec un peu moins d’argent. »
Dans un communiqué émis le 4 avril, soit 5 jours seulement après le budget Flaherty, l’ONF annonçait les détails des impacts des coupes et des mesures prises pour y faire face. Les mauvaise nouvelles d’abord, 73 employés perdront leur emploi; le volet « festivals et événements » est coupé immédiatement; la Médiathèque de Toronto et la CinéRobothèque à Montréal seront fermées et la portée du soutien de l’Aide au cinéma indépendant et au Filmmaker Assistance Program seront réduits.
Toutefois, l’ONF est résolu et en demeure positif. Malgré les suppressions d’emplois, il créera 12 nouveaux postes, mettra en œuvre son nouveau plan d’affaires et développera de nouvelles sources de revenus par des contenus web et mobile. Les fonds de production ne seront réduits à court terme, que de 1% de leur budget. En visant être distinct et innovateur, le plan d’affaires de l’ONF lancé à la fin de l’année dernière prévoit une croissance des revenus de 15 à 20% au cours des 3 prochaines années. Tous les revenus seront réinvestis dans la production et dans l’accessibilité. Par exemple, au cours des quatre prochaines années l’ONF entend augmenter le nombre de productions disponibles sur les plates-formes en ligne de deux mille à plus de cinq mille (parmi les treize milles œuvres dans les voûtes).
La réaction du public et des artistes a été moins positive. Un « sit-in » a été organisé à Montréal le 10 avril dernier pour protester contre les coupes « idéologiques » à Téléfilm, l’ONF et à la SRC, devant la CinéRobothèque qui fermera ses portes en septembre prochain. À cet égard, le critique néo-démocrate en matière de patrimoine Tyrone Benskin qui a participé à la protestation a dit : « Toutes ces institutions canadiennes contribuent à ce que nous sommes et sont des piliers de notre société. Lorsque l’on pense aux grandes civilisations, on ne regarde pas leurs plans économiques. » (traduction libre)
Et dans un communiqué émis le 21 avril dernier, Le front des réalisateurs indépendants du Canada (FRIC) estimaient que la communauté francophone avait davantage de questions que de réponses : « Quelles sont les prévisions de l’ONF concernant les ressources humaines et financières consacrées aux CLOSM dans les prochaines années? Comment est-il envisagé de maintenir le volume de production du Studio Ontario et Ouest sans producteur et sans administrateur, et avec une seule adjointe pour desservir 8 provinces? » Bref, le FRIX se demande comment l’ONF pourra respecter l’article 41 de la Loi sur les langues officielles.