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Mémoire prébudgétaire 2010: la CCA presse Ottawa de faire des investissements stratégiques dans l’économie créative

Les faits en résumé

Ven­dredi dernier, 14 août 2009, la Con­férence cana­di­enne des arts (CCA) a fait par­venir son mémoire pré-budgétaire au Comité per­ma­nent des finances de la Cham­bre des com­munes. La CCA y invite le gou­verne­ment à recon­naître trois grandes pri­or­ités dans le secteur des arts, de la cul­ture et du pat­ri­moine: favoriser le développe­ment de marchés tant au pays qu’à l’étranger pour les pro­duits cul­turels cana­di­ens; inve­stir dans l’économie créa­tive et plan­i­fier l’avenir dans les infra­struc­tures et les ressources humaines du secteur culturel.

Le mémoire détaille la façon dont les fonds devraient être dis­tribués et admin­istrés. Voici un résumé des recom­man­da­tions de la CCA :

Recom­man­da­tion 1:

Inve­stir dans le développe­ment des marchés et dans la diplo­matie culturelle.

La CCA demande que 40 mil­lions de dol­lars soient ajoutés au bud­get de base du Con­seil des arts du Canada afin d’accroître sa capac­ité à appuyer le développe­ment de marchés tant au pays qu’à l’étranger pour les artistes, les insti­tu­tions et les indus­tries cul­turelles. Du même souf­fle, s’appuyant sur des preuves mises de l’avant par le gou­verne­ment même, la CCA recom­mande que les arts et la cul­ture jouent à nou­veau un rôle impor­tant d’appui de la poli­tique étrangère du Canada et de sa stratégie com­mer­ciale sur la scène internationale.

Recom­man­da­tion 2:

Inve­stir dans l’économie créative

  • Ajouter un autre 20 mil­lions de dol­lars par année au bud­get de base du Con­seil des Arts du Canada, com­mençant en 2010-11, afin de le porter à 300 mil­lions par année en 2014. Per­me­t­tre au Con­seil de réal­louer à ses pro­pres pri­or­ités les quelque 9 mil­lions de dol­lars iden­ti­fiés au cours du présent exer­cice de révi­sion stratégique.
  • Con­sacrer un mil­lion de dol­lars par année afin que Sta­tis­tique Canada et Pat­ri­moine Canada puis­sent fournir au secteur toutes les sta­tis­tiques cul­turelles dont il a besoin.
  • Porter à 130 mil­lions de dol­lars par année la con­tri­bu­tion du gou­verne­ment fédéral au Fonds des médias du Canada.
  • Radio-Canada: ajouter au bud­get de base de la Société les 60 mil­lions de dol­lars qui lui sont accordés sur une base annuelle depuis 2001 et, comme il a été recom­mandé par le Comité per­ma­nent du Pat­ri­moine dans son rap­port de février 2008, établir un pro­to­cole d’entente pluri­an­nuel por­tant à au moins 40 dol­lars per capita l’allocation annuelle du dif­fuseur pub­lic. Accorder à la SRC la pos­si­bil­ité de réaf­fecter à ses pro­pres pri­or­ités les quelque 50 mil­lions de dol­lars iden­ti­fiés dans le cadre de l’exercice de révi­sion stratégique actuel.
  • Éten­dre à Télé­film et à l’Office national du film (ONF) pareille entente pluri­an­nuelle de finance­ment afin d’assurer la crois­sance et la sta­bil­ité du secteur audio­vi­suel. Per­me­t­tre à l’ONF d’allouer à ses pro­pres pri­or­ités les quelque 3 mil­lions de dol­lars iden­ti­fiés dans le cadre de l’exercice actuel de révi­sion stratégique.
  • Porter à 25% le crédit d’impôt pour les films tournés au Canada et l’appliquer à l’ensemble des bud­gets de pro­duc­tion, comme l’ont récem­ment fait les gou­verne­ments du Québec et de l’Ontario.

Rec­om­men­da­tion 3:

Inve­stir dans les infra­struc­tures cul­turelles; les espaces physiques et les personnes

  • Porter à 60 mil­lions de dol­lars par année le bud­get du Fonds du Canada pour les espaces cultuels.
  • Con­sacrer pour cha­cune des cinq prochaines années un mon­tant d’un mil­lion et demi de dol­lars pour des pro­grammes de men­torats et de stages visant le développe­ment pro­fes­sion­nel de la nou­velle généra­tion de pro­fes­sion­nels de la culture.
  • Dédier un mon­tant de 50 mil­lions de dol­lars par année à la mise en œuvre d’une nou­velle poli­tique muséale en attente depuis déjà plusieurs années.

Pour en savoir davantage

Le mémoire de la CCA com­mence par présen­ter les raisons qui font du secteur arts, cul­ture et pat­ri­moine un can­di­dat par­fait pour des investisse­ments gou­vern­men­taux, tout par­ti­c­ulière­ment en péri­ode de crise économique.

Chaque année, des mil­lions de Cana­di­ens assis­tent à des représen­ta­tions, achè­tent des livres, des mag­a­zines, des films, des créa­tions nou­veaux médias et des enreg­istrements musi­caux. Sta­tis­tique Canada estime que l’argent con­sacré aux biens cul­turels par chaque foyer cana­dien con­tinue de croître. Le secteur art et cul­ture four­nit de l’emploi à plus de 650 mille Cana­di­ens. Col­lec­tive­ment, comp­tant les dépenses directes, indi­rectes et induites, le secteur cul­turel con­tribuait 84,6 mil­lions de dol­lars au pro­duit intérieur brut en 2007.

Il ne s’agit pas ici d’activités de passe-temps ou de pour­suites récréa­tion­nelles: ce secteur est à l’avant-garde de la nou­velle économie créa­tive que notre pays doit embrasser pleine­ment s’il entend main­tenir son statut au sein de la com­mu­nauté inter­na­tionale. Sta­tis­tique Canada rap­porte que l’emploi dans le secteur cul­turel a crû très rapi­de­ment par rap­port à l’ensemble de la main-d’oeuvre entre 1981 et 2001 : durant cette péri­ode, la crois­sance dans le secteur a été de 81%, beau­coup plus que la crois­sance de 32% enreg­istrée pour l’ensemble de l’emploi au pays durant la même période.

Ceux et celles qui pour­suiv­ent une car­rière dans le secteur art et cul­ture comptent parmi les pro­fes­sion­nels les plus dynamiques au sein de la main-d’oeuvre au Canada. Ils sont plus éduqués, sont plus sou­vent des tra­vailleurs autonomes et occu­pent fréquem­ment plusieurs emplois dans une var­iété de dis­ci­plines. Le Cul­tural Careers Coun­cil of Ontario affirme que « les artistes peu­vent servir de mod­èles pour la façon dont nous tra­vaillerons à l’avenir – indépen­dants, entre­pre­neurs et s’appuyant davan­tage sur des réseaux indi­vidu­els que sur des organ­i­sa­tions con­ven­tion­nelles »  (trad. libre)

Il peut sem­bler qu’un investisse­ment dans le secteur cul­turel soit moins con­cret qu’un investisse­ment dans les infra­struc­tures, l’industrie lourde ou les ressources naturelles, mais les faits sont là : le secteur four­nit d’excellents retours sur l’argent investi par le gou­verne­ment. Le secteur cul­turel peut rapi­de­ment met­tre à profit les fonds qui lui sont impar­tis et ce avec des coûts d’administration min­imes. Ce secteur est en con­stante évolu­tion pour sta­biliser sa présence au Canada et dévelop­per des marchés à tra­vers le monde.

Les coûts de créa­tion d’emploi dans le secteur art et cul­ture sont parmi les plus bas com­parés aux autres secteurs d’activité.  Chaque dol­lar versé par le gou­verne­ment assure un excel­lent retour sur l’investissement: Le Con­fer­ence Board du Canada estime que pour chaque dol­lar de valeur ajoutée au PIB par les indus­tries cul­turelles au pays, 1,84 $ est ajouté à l’ensemble du PIB national. Plus spé­ci­fique­ment, Hill Strate­gies note que les arts du spec­ta­cle génèrent 2,70 $ de revenu pour chaque dol­lar investi par le gou­verne­ment. En plus, les niveaux d’emplois aug­mentent d’autant en résul­tat de ces investisse­ments rel­a­tive­ment modestes.

En con­clu­sion, la CCA avance qu’il est très impor­tant que le gou­verne­ment fédéral développe une vision à long terme d’appui au secteur arts et cul­ture au sein de l’économie créa­tive cana­di­enne, secteur qui a souf­fert de n’avoir connu depuis cinq ans que des engage­ments à court terme.

 

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