NOUVELLE AGRÉABLE? — Un Avenir en art est prolongé d’une année
Ottawa, le 15 décembre 2004 — Par monts et par vaux, un soupir de soulagement collectif se fait entendre! En cette période dédiée aux personnes de bonne volonté, le gouvernement du Canada a annoncé un réinvestissement dans le secteur culturel de 192 millions de dollars pour l’exercice 2005–2006. [Note : Le programme Un avenir en art , initialement annoncé en mai 2001 pour une période de trois ans, a été prolongé d’une année (exercice 2004–2005) au montant de 207 millions de dollars. Le communiqué du ministère du Patrimoine canadien explique que la somme de 15 millions de dollars a été transférée en permanence à Environnement Canada et à Commerce international Canada.]
Le milieu culturel espérait l’annonce d’au moins un engagement pluriannuel , de préférence à des niveaux plus élevés. La Conférence canadienne des arts a toutefois appris que le budget de 2005 inclurait des détails au sujet d’un soutien financier additionnel de deux ans postérieur à l’exercice 2005–2006, ce qui porterait à trois ans le programme d’appui financier et garantirait que le secteur culturel n’est pas laissé pour compte dans la largesse budgétaire.
Il s’agit d’une position que la CCA , de concert avec de nombreux autres organismes culturels à travers le Canada, défend depuis déjà quelques années (voir le Bulletin 61/04 publié vendredi dernier). Il faut donc féliciter de leurs efforts les particuliers, organismes et associations qui ont exercé des pressions sur les députés, ministres et autres décideurs.
Le directeur général de la CCA , Jean Malavoy , a déclaré : « Je suis ravi que le gouvernement ait enfin annoncé la poursuite de cet investissement important. Ce prolongement initial d’un an permettra maintenant aux organismes artistiques de planifier leur prochaine saison. La CCA suivra les détails du budget 2005 de très près dans l’espoir de voir le financement devenir permanent. Un avenir en art compte pour beaucoup dans le secteur culturel, et nous ne voyons aucune raison de ne pas rendre cet investissement permanent. »
Le financement d’ Un avenir en art a été extrêmement important pour le secteur d’une foule de manières, comme de favoriser la viabilité et le renforcement des capacités, d’injecter des fonds indispensables dans les programmes existants tels ceux qui appuient les établissements nationaux de formation, l’industrie de l’édition du livre et le Fonds de la musique du Canada, de fournir l’appui financier nécessaire pour permettre aux lieux de présentation des arts de moderniser leurs installations en faisant appel à la technologie nouvelle et de promouvoir le programme Routes commerciales pour les exportations culturelles. Les fonds ont également permis de lancer de nouveaux programmes, comme Capitales culturelles du Canada, qui encourage les municipalités à investir dans la culture de leurs collectivités et à élaborer des politiques culturelles municipales.
La CCA fait toutefois une mise en garde au sujet du renouvellement futur : le processus de renouvellement doit absolument commencer beaucoup plus tôt dans l’avenir, étant donné que la confirmation à peine trois mois et demi avant la fin prévue du financement résulte en une mauvaise gestion de la part tant des intervenants du secteur qui veulent dresser des plans que de celle des fonctionnaires du ministère du Patrimoine canadien qui s’efforcent d’assurer l’administration harmonieuse des programmes. Un financement par à-coups traduit un manque de vision à long terme et ne répond clairement pas aux besoins de la communauté. Idéalement, le financement devrait englober une période d’au moins cinq ans et devrait comporter un délai suffisamment long pour le renouvellement, sinon le secteur culturel se retrouvera exactement dans la même situation précaire qu’il y a quelques années. Comme la député Bev Oda (Durham, PCC) l’a af firmé au cours d’une réunion avec Jean Malavoy en octobre : le problème avec Un avenir en art est qu’il s’agit d’un programme de trois ans visant des objectifs à court terme; il serait de loin préférable d’inscrire ce financement dans le budget courant de Patrimoine canadien.
CE QUI A ÉTÉ DIT
Voici des extraits du débat en troisième lecture du projet de loi C-18, Loi modifiant la Loi sur Téléfilm Canada , qui s’est déroulé à la Chambre le 13 décembre. Ils ont trait au projet de loi, au programme de financement Un avenir en art , aux priorités du gouvernement et à la culture en général. (La transcription intégrale se trouve à www.parl.gc.ca ; aller à Derniers débats de la Chambre des communes, puis à Hansard complet à partir d’environ 1250.)
L’hon. Sarmite Bulte (secrétaire parlementaire de la ministre du Patrimoine canadien; Parkdale – High Park, Lib.):
le gouvernement présentera une réponse détaillée au rapport Lincoln sur la radiodiffusion canadienne… d’ici la fin d’avril, le gouvernement aura fait connaître ses principales priorités en matière de radiodiffusion et ce qu’il compte faire pour les mettre en oeuvre.
…Ne nous méprenons pas sur la position du gouvernement à l’égard des af faires culturelles: Qu’il s’agisse du cinéma, de la télé, de la musique ou des nouveaux médias, nos produits culturels parlent en notre nom, en mots et en images qui se propagent partout au Canada, dans nos villes, ainsi que dans les régions rurales et éloignées, mais surtout, partout dans le monde. Ils traduisent nos aspirations, nos valeurs et notre vision à titre de pays. Ils nous aident à mieux comprendre la diversité de nos bagages culturels respectifs. Ils enrichissent nos vies et contribuent à notre économie.
Mme Bev Oda (Durham, PCC):
…J’ai hâte de voir ce que donnera l’examen de l’industrie cinématographique canadienne qu’entreprendra le Comité du patrimoine au début de l’an prochain…. Le projet de loi donne enfin à Téléfilm Canada le pouvoir d’étendre son mandat au-delà des longs métrages pour englober la programmation télévisuelle, les nouveaux médias et l’enregistrement sonore.
… Si le gouvernement était sérieux dans sa volonté de gouverner au lieu de régler les incongruités seulement lorsqu’il est pris la main dans le sac, ce projet de loi représenterait une nouvelle vision pour Téléfilm Canada et pas seulement la rectification des erreurs passées…. Qu’adviendra-t-il si son programme d’aide à la production télévisuelle est transféré dans le Fonds canadien de télévision af in d’aider ce dernier à régler ses problèmes?
… Les Canadiens veulent que le gouvernement fédéral présente une vision, ait le courage d’envisager l’avenir et fasse en sorte que les créateurs canadiens jouent dorénavant un rôle plus substantiel.
M. Maka Kotto (Saint-Lambert, BQ):
…Nous comprenons aussi, en fait, que le projet de loi ne fasse qu’actualiser et officialiser un accroissement des responsabilités de Téléfilm déjà en vigueur. En effet, la loi actuellement en vigueur ne correspond plus au mandat réel de cette agence intrusive fédérale qu’est Téléfilm Canada, et elle doit être actualisée. Le projet de loi C-18 officialise donc la nouvelle mission de Téléfilm, qui est en vigueur depuis des années.
…Rappelons toutefois qu’essentiellement, le texte remplace dans la loi les expressions « activité cinématographique pécuniaire » et « industrie du long métrage » par « industrie audiovisuelle », et le mot « cinématographique » par « audiovisuel ».
M. Charlie Angus (Timmins—Baie James, NPD):
… Nous devons considérer la culture comme un aspect multidimensionnel de la vie. Il ne s’agit pas seulement de nos légendes ni de nos chansons. C’est tout ce dont se sert une collectivité pour interpréter son identité.
… J’appuie sans réserve la direction que nous prenons à l’égard de Téléfilm. Par exemple, on parle ici de consacrer 85 millions de dollars au cinéma, de 95 à 100 millions à la télévision, de 8 à 9 millions à l’enregistrement sonore et 9 millions au nouveaux médias, ce qui englobe les sites Web, les jeux vidéos et d’autres technologies nouvelles. À cet égard, j’estime que nous nous engageons dans la bonne direction… Je suis toutefois très préoccupé du fait que les mesures que nous prenons sont loin d’êtres suffisantes.
… Les arts ont subi d’importantes compressions qui ont déstabilisé plusieurs de nos bases culturelles, les incubateurs même de notre culture… en réalité, un grand nombre d’histoires canadiennes ne sont jamais racontées en raison de l’absence du financement nécessaires dans les régions où naissent ces histoires.
… Cela est d’autant plus af fligeant quand on voit de grandes industries comme celles du cinéma, de la télévision et de l’édition du Canada souffrir d’un manque de fonds à trois mois et demi ou quatre mois du nouvel exercice financier parce qu’on leur dit qu’il n’y a pas d’argent.
Note : Charlie Angus a proposé un amendement au projet de loi C-18, qui n’a pas été accepté, au sujet des nominations partisanes aux conseils d’administration des institutions culturelles. “ Il s’agit du prix que nous attachons aux artistes et du soutien qu’il convient de leur accorder. Or, quand pareils projets de loi sont présentés, quand nous discutons de la question de savoir qui fait partie du conseil d’administration de Téléfilm, de Radio-Canada, du CRTC, nous n’avons aucune assurance qu’une partie des gens nommés sont des protecteurs du monde des arts et connaissent les questions de la base, les questions de première ligne.”
Extrait de la déclaration sur les arts et la culture faite par Maka Kotto après le débat sur le projet de loi C-18:
Monsieur le Président, pouvons-nous imaginer la culture sans les arts, les lettres, le théâtre, la musique, la danse, la littérature, les métiers d’arts, les arts visuels et médiatiques? Non. La culture, c’est le coeur des peuples.
Au Québec, le Mouvement des arts et des lettres représente 15 000 artistes professionnels et milite pour un meilleur soutien aux artistes, car la majorité d’entre eux vit sous le seuil de la pauvreté.
Le gouvernement doit comprendre les enjeux culturels et la nécessité de mieux soutenir nos artistes professionnels. Les artistes et les artisans ne sont pas libres de créer sans les contraintes d’une double vie, imposée par l’obligation d’exercer un autre travail pour survivre.
Ainsi, pour permettre cette liberté de créer une culture digne d’être protégée par une convention future sur la diversité culturelle, le budget du Conseil des Arts du Canada doit augmenter à 300 millions de dollars dès cette année et le programme « Un avenir en art » être reconduit de façon permanente et être augmenté.