PARLONS ÉLECTION
Ottawa, le 21 juin 2004 – En cette dernière semaine d’une campagne électorale acharnée, la Conférence canadienne des arts (CCA) travaille avec ses adhérents pour garder les arts et la culture présents à l’esprit (et dans le coeur) des candidats et des électeurs.
La Toronto Arts Coalition a affiché les résultats d’un sondage à www.torontoartscoalition.org/Elections2004-Feds.htm , présentant les positions des candidats de la région du Grand Toronto sur les questions liées aux arts et à la culture. L’affirmation de la candidate néo-démocrate Paggy Nash (Parkdale-High Park) a notamment retenu l’attention de la CCA :
« Le NPD bloquera tout le financement fédéral des arts et de la culture et garantira une hausse de 3 p. 100 par année de tous les fonds alloués pour tenir compte de l’inflation. Nous injecterons aussi une somme additionnelle de 240 millions de dollars par année pendant les deux prochaines années dans la culture canadienne et porterons ce montant de fonds additionnels à 340 millions d’ici 2007. »
Il s’agit là d’une expression claire du besoin d’un financement pluriannuel accru et stable pour le secteur culturel, que la CCA prône depuis des années.
Réponses des libéraux et du Bloc Québécois à la lettre des directeurs des organizations d’ i ndustries culturelles
Le 11 juin, douze directeurs des organizations d’industries culturelles canadiens ont signé une lettre à l’intention des chefs des cinq principaux partis politiques pour leur demander leur position à l’égard des points suivants :
· La propriété canadienne dans le secteur des télécommunications et de la radiodiffusion.
· La préservation des règlements sur le contenu canadien dans le domaine de la radiodiffusion et de la distribution de la radiodiffusion.
· Des mesures assurant un soutien financier à long terme des industries culturelles canadiennes.
Selon le groupe Friends of Canadian Broadcasting, seuls deux des grands partis ont répondu jusqu’à maintenant. (On trouvera le texte intégral de la lettre et les réponses à www.friends.ca .)
Réponse du Parti libéral
« Le gouvernement libéral a mis en place un solide système de radio et de télévision qui répond aux objectifs culturels des Canadiennes et des Canadiens. Nous allons continuer à le renforcer et à contribuer à sa vitalité, afin qu’il soit à l’image de la vie et des valeurs des citoyens de toutes les régions du pays. […] Le fait que les organismes culturels entreprennent la production de leurs émissions ou de leurs films plusieurs années à l’avance n’échappe pas au gouvernement libéral. Nous appuyons la recommandation du Comité permanent du patrimoine canadien, qui s’est déclaré en faveur de l’octroi d’un financement stable et pluriannuel à ces organismes.[…]Le gouvernement libéral accorde une grande importance au contenu canadien de la programmation. […]Le Canada a le droit et le devoir de protéger son identité culturelle. Les intérêts canadiens dans l’audiovisuel ne seront ni cédés à des intérêts étrangers ni contrôlés par eux. […] La volonté libérale de préserver un système de radio et de télévision de propriété canadienne est inébranlable. »
Réponse du Bloc Québécois
« … le soutien de l’État à la culture doit permettre aux artisanes et artisans du secteur culturel d’exprimer un point de vue sur toute question qui touche l’humanité. […]Le Bloc Québécois croit que le gouvernement fédéral défend bien mal la culture canadienne et québécoise. Les instruments dont dispose l’État pour soutenir, promouvoir et protéger la culture doivent être protégés et renforcés.[…]Le Bloc Québécois s’oppose à cette idée [de lever les restrictions de la propriété étrangère en télécommunication et en radiodiffusion] car permettre le contrôle étranger des entreprises de radiodiffusion et de télécommunications affaiblirait le pouvoir du CRTC. […] Le Bloc Québécois croit que celui qui contrôle l’accès contrôle le contenu. […] Le Bloc est d’avis que le gouvernement canadien devrait renforcer le pouvoir du CRTC afin qu’il puisse mieux accomplir son mandat de surveillance et de réglementation de la radiodiffusion et des systèmes de télécommunication.. [..]Le Bloc Québécois est d’avis que des institutions culturelles […] devraient être assurées d’obtenir un financement stable, prévisible et à long terme. »
Extraits de la Note d’information en matière de politique pour les Canadiens
La CCA a obtenu une copie du guide remis aux 308 candidats du Parti conservateur au début d’avril, élaboré à cause de l’impossibilité de tenir un congrès d’orientation dans le court laps de temps avant le déclenchement de l’élection. Les énoncés de politique cités ci-dessous mettent sérieusement en question les déclarations du parti selon lesquelles le « statu quo » sera maintenu dans les domaines exclus du programme électoral officiel si le parti est élu. (voir le Bulletin 28/04 de la CCA intitulé La CCA apprend à connaître ses voisins .)
« Restrictions en matière de propriété étrangère . Le Parti conservateur est en faveur d’assouplir les règles sur la propriété étrangère dans l’industrie canadienne de concert avec nos principaux partenaires commerciaux dans les industries des télécommunications, de la distribution de la radiodiffusion et des lignes aériennes. Nous entreprendrons un examen immédiat pour déterminer s’il faut réduire ou éliminer complètement ces règles. »
« CRTC . .. en faveur de restructurer le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes pour ramener son mandat à l’enregistrement ou la commercialisation de la largeur de bande et à la conduite des négociations internationales en matière de communications. »
« Radiodiffusion par satellite …croit qu’une politique de radiodiffusion directe à domicile représente une occasion d’appuyer la capacité des Canadiens d’exploiter un marché international pour leurs émissions. Notre approche consisterait à négocier un accord de réciprocité avec les États-Unis pour créer un marché libre dans l’octroi de licences de diffusion par satellite. Cet accord permettrait de diffuser les émissions canadiennes aux États-Unis et d’offrir les émissions étrangères ici au Canada en les laissant au choix et dans l’intérêt de tous les Canadiens. »
« Célébrer la diversité culturelle du Canada . …croit que la société multiculturelle canadienne est une réalité précieuse et reconnaît la nécessité de favoriser la compréhension et l’égalité des chances tout en défendant des valeurs communes à l’échelle du pays. Un gouvernement conservateur défendra la liberté des particuliers et des familles de cultiver des aspects de la culture qu’ils jugent importants. »
« Patrimoine . …affirme le rôle du gouvernement fédéral dans la préservation du patrimoine naturel et historique du Canada (comme les parcs nationaux, les musées et les lieux historiques) dans l’intérêt et pour la jouissance de tous et comme rappel constant à tous les Canadiens de notre héritage commun. »
Absence remarquée à certains débats de candidats
Les candidats Andy Scott (Libéral), John Carty (NPD) et Daron Letts (Vert) ont participé aux débat des candidats sur la culture organisé par la Fredericton Arts Alliance le 15 juin. Selon le Fredericton Gleaner (17 juin) :
« Kent Fox, le candidat du Parti conservateur du Canada, n’a pas assisté à la réunion parce qu’il s’était déjà engagé à rencontrer ce soir-là des propriétaires d’armes à feu. Son absence a été remarquée. Ses opposants en ont profité pour citer des faits et des chiffres tirés du programme même du parti et écraser celui-ci durant le débat. L’indifférence n’est pas recommandée dans cette circonscription, étant donné que M. Scott a une excellente réputation comme défenseur des arts à l’échelon fédéral… »
Le 16 juin, il ne restait pas une seule place assise à un autre débat des candidats organisé à Toronto. Artist-Run Centres and Collectives of Ontario (ARCCO) signale dans son bulletin électronique que trois grands thèmes ont été explorés : la justification des arts et de la culture fondée sur leur valeur sociale plutôt que simplement économique; la souveraineté culturelle du Canada; les préoccupations au sujet de la liberté d’expression et le projet de loi C-12 ( http://www.arcco.ca/html/Information/Current_NewsFlash.html ). Ont assisté à cette réunion les candidats Sarmite Bulte (Libéral), Peter Tabuns (NPD) et Mark Vitala (Vert), mais ARCCO signale dans son bulletin : « Il y avait une place inoccupée à la réunion. Ce vide a préoccupé tous les participants. Deux organisateurs de la soirée […] avaient invité six candidats conservateurs dans l’espoir que le parti soit représenté à la table. Ils ont aussi demandé l’aide du bureau national du Parti conservateur pour obtenir une participation, mais en vain. […] Les candidats présents ont fait des déclarations sincères au sujet de la valeur de la culture. Mais à la fin de la soirée, personne dans l’auditoire n’avait une idée claire de la position des partis. En réalité, ce sont les voix absentes du débat, en particulier celle des conservateurs, qui ont plus inquiété beaucoup de personnes. »
Analyse des budgets proposés dans les programmes électoraux
Le Centre canadien de politiques alternatives, le groupe de réflexion qui produit chaque année le contre-budget, a publié une analyse financière des programmes électoraux des partis ( www.policyalternatives.ca ). Voici un passage tiré de la conclusion de ce document :
« Les conservateurs ne peuvent pas payer leurs mesures proposées. Nous prévoyons qu’ils accumuleront des déficits budgétaires de 11,4 milliards de dollars. Cela les oblige à expliquer aux Canadiens comment ils ont l’intention de combler le manque à gagner. Se proposent-ils de faire d’autres compressions dans les dépenses publiques pour équilibrer leurs livres? Ou prévoient-ils augmenter la dette fédérale?
Les libéraux peuvent payer leurs mesures proposées. Toutefois, leurs excédents cumulés de 24,2 milliards de dollars entre 2004–2005 et 2008–2009 dépassent largement la marge qu’ils se laissent ordinairement comme “réserve pour éventualités”. Ils se gardent habituellement 3 milliards de dollars par année dans ce fonds de prévoyance, soit un total de 15 milliards de dollars entre 2004–2005 et 2008–2009. C’est donc dire que les libéraux sous-estiment encore une fois la capacité financière au titre des dépenses de programmes. Si l’on se base sur leur comportement antérieur, ils utiliseront sans doute ces excédents “surprises” pour rembourser la dette.
Les néo-démocrates peuvent payer leurs mesures annoncées – nous nous attendons même à ce qu’ils aient des excédents plus élevés que ce qu’ils prévoient. Ce montant de 14,6 milliards de dollars en excédents cumulés donne au NPD une capacité supplémentaire à augmenter les dépenses ou à réduire les impôts. Cet excédent de 14,6 milliards de dollars pourrait aussi être utilisé pour absorber tout manque à gagner inattendu dans ses prévisions de revenu ou tout dépassement dans les coûts prévus. »