Preferred Language/ Langue préférée

Plaider de la même voix pour les arts — une perspective internationale

CCA Bul­letin 41/08 

 

8 octo­bre 2008

Les faits en résumé

En pré­pa­ra­tion pour les con­sul­ta­tions qu’elle tien­dra au cours des deux prochains mois dans 14 villes à tra­vers le Canada, menant à sa Con­férence poli­tique à Ottawa les 11 et 12 mars 2009, la Con­férence cana­di­enne des arts (CCA) a com­mandé des doc­u­ments de recherche qui four­nissent des éléments de réflex­ion pour les dis­cus­sions avec ses mem­bres et d’autres par­ties prenantes aux arts et à la cul­ture au pays.

Il nous fait plaisir aujourd’hui de pub­lier Plaider de la même voix pour les arts : une per­spec­tive inter­na­tionale qui exam­ine les défis et les enjeux de posi­tion­ner art et cul­ture dans notre société et de les inscrire à l’ordre du jour de nos décideurs. Pré­parée pour la CCA au cours de l’été par Alexan­dra Slaby, pro­fesseure asso­ciée de l’Université de Caen, l’étude exam­ine spé­ci­fique­ment le cas des Etats-Unis d’Amérique, la Suède, le Roy­aume Uni et l’Australie. Vous trou­verez ci-après un som­maire du rap­port que nous vous invi­tons à lire en son entier en pré­pa­ra­tion pour les Forums régionaux.

Résumé

Au Canada, le secteur des arts et de la cul­ture est diver­si­fié et plutôt frag­menté et, pour une var­iété de raisons, il n’a pas été pos­si­ble à ce jour de dévelop­per une poli­tique cul­turelle cohérente à l’échelle nationale. Il fut un temps où la Con­férence cana­di­enne des arts était la seule organ­i­sa­tion para­pluie qui représen­tait les intérêts de toutes les dis­ci­plines artis­tiques de toutes les régions du pays. Aujourd’hui, des organ­ismes pro­fes­sion­nels spé­ci­fiques à chaque dis­ci­pline ont vu le jour pour représen­ter les intérêts par­ti­c­uliers de chaque sous-secteur. La CCA garde cepen­dant le man­dat d’être “le forum national des arts et de la cul­ture au Canada” et de faire la pro­mo­tion de poli­tiques sus­cep­ti­bles d’assurer la vital­ité du secteur cul­turel dans son ensemble.

Ce dou­ble man­dat de cen­tre de recherche objec­tive et de pro­mo­tion du secteur cul­turel soulève un nom­bre de ques­tions, surtout dans un con­texte poli­tique où le con­cept de lob­by­ing est perçu plutôt néga­tive­ment. Ce rap­port exam­ine com­ment d’autres pays ont traité cet enjeu et réussi à établir un mode de col­lab­o­ra­tion per­me­t­tant à chaque organ­isme d’articuler ses poli­tiques cul­turelles pour plaider de la même voix en faveur des arts et de la cul­ture.

Le “plaidoyer pour les arts”: un nou­veau phénomène

Le finance­ment pub­lic des arts et de la cul­ture est réor­gan­isé à l’échelle plané­taire, dans un con­texte où d’autres préoc­cu­pa­tions pres­santes comme la santé et l’éducation deman­dent une part de plus en plus grande de l’argent des con­tribuables. Pour pro­mou­voir le sou­tien des arts, les organ­ismes ont décou­vert qu’il serait dans leur intérêt de se fusion­ner et de for­mer des réseaux de pro­mo­tion des intérêts.

Plaider pour les arts

Les études sur l’incidence des arts sont un préreq­uis pour ral­lier les organ­ismes du secteur afin d’articuler un seul mes­sage, réu­nis­sant tout, pour le pro­poser à des bailleurs de fonds poten­tiels. Au cours des dernières années. il a été vital pour le secteur des arts que ceux qui représen­tent les intérêts des arts soulig­nent les aspects plus « util­i­taires » des arts. Le groupe de réflex­ion bri­tan­nique Demos a pub­lié des études démon­trant la néces­sité de con­stru­ire une base plus large pour le sou­tien pub­lic des arts afin de rétablir la légitim­ité de la cul­ture. Selon cette recherche, la pro­mo­tion des arts et de la cul­ture gag­n­erait en effi­cac­ité si elle s’appuyait sur une approche qui com­bine les valeurs intrin­sèques, instru­men­tales et insti­tu­tion­nelles qu’elle génère et si elle ajus­tait son mes­sage en fonc­tion de ses publics cibles.

Afin d’explorer des sit­u­a­tions par­al­lèles dont le secteur cul­turel cana­dien pour­rait s’inspirer dans sa quête pour mieux posi­tion­ner les arts et la cul­ture dans le débat pub­lic, on a entre­pris une analyse d’organisations inter­na­tionales. Le rap­port met l’accent sur un cer­tain nom­bre de points qui illus­trent com­ment ces organ­ismes réus­sis­sent à créer des con­sen­sus au sein de leurs mem­bres. On trou­vera ci-après un résumé des prin­ci­paux éléments de réus­sites des qua­tre organ­ismes exam­inés lors de l’étude.

États-Unis: Com­ment l’AFTA atteint un consensus :

  • C’est un réseau indépen­dant sur le plan poli­tique et par con­séquent entière­ment voué au monde des arts.
  • Il sur­veille chaque palier de la scène des arts—la scène locale, d’État, régionale, fédérale—et facilite le réseau­tage entre les organ­i­sa­tions faisant face à des enjeux communs.
  • Il forme des défenseurs à chaque niveau—du niveau pop­u­laire au niveau professionnel—et améliore con­tin­uelle­ment les ressources qu’il four­nit à chaque niveau afin qu’un plus grand nom­bre d’organisations soient en mesure de défendre les arts.
  • Il place le con­sen­sus au-dessus de tous les intérêts par­ti­c­uliers lorsqu’il incor­pore d’autres réseaux ou tra­vaille avec eux.
  • Il inclut tous les mem­bres au moment de décider des ques­tions qui seront défendues durant le Arts Advo­cacy Day.
  • Il favorise les causes vastes et con­sen­suelles, à savoir appuyer une aug­men­ta­tion de l’aide finan­cière, l’éducation artis­tique ou la lég­is­la­tion en faveur des arts.
  • Il effectue con­tin­uelle­ment des recherches d’impact sur les arts.
  • Il a élaboré des out­ils fondés sur le Web afin que les citoyens puis­sent défendre des causes prédéfinies.
  • Il sol­licite la par­tic­i­pa­tion de con­férenciers célèbres de la com­mu­nauté artis­tique et récom­pense les dona­teurs des secteurs pub­lic et privé durant des événe­ments prestigieux.

Suède: Com­ment KLYS atteint un consensus :

  • C’est un réseau indépen­dant de l’État entière­ment voué au monde des arts.
  • Il peut exercer des pres­sions lui-même.
  • Il a acquis une influ­ence con­sid­érable sur le plan poli­tique en rem­por­tant diverses causes.
  • Il insiste forte­ment sur la col­lab­o­ra­tion, réus­sis­sant à unir les voix de toutes les par­ties intéressées.
  • Les organ­i­sa­tions mem­bres de KLYS en tirent des avan­tages, surtout les petites étant donné que KLYS four­nit des ser­vices juridiques.
  • KLYS est perçu comme représen­tant l’ensemble du secteur culturel.

Royaume-Uni: Com­ment NCA atteint un consensus :

  • C’est un réseau indépen­dant de l’État.
  • Il fait bon usage de sa petite structure.
  • Il accorde une place impor­tante à la  communication.
  • Il réus­sit sou­vent à attein­dre ses buts.

Aus­tralie: Com­ment NACA atteint un consensus :

  • Le groupe est formé dans un con­texte dif­fi­cile pour les arts, assur­ant un sou­tien à sa cause.
  • Il place ses attri­bu­tions générales devant les intérêts particuliers.
  • Il vise une vaste représentation
  • Il se con­cen­tre sur la défense populaire.

Con­clu­sion

Au Canada, les réseaux n’ont pas été capa­bles de s’étendre dans l’ensemble du pays. Depuis la créa­tion de la CCA, les niveaux d’administration du secteur des arts se sont mul­ti­pliés, mais la coor­di­na­tion n’a pas suivi à cause de divers prob­lèmes qui dis­tinguent le Canada des exem­ples étrangers décrits ci-dessus :

  • Con­traire­ment à la sit­u­a­tion des autres pays exam­inés, le sys­tème par­lemen­taire cana­dien com­plique le lob­by­ing auprès des députés.

 

  • Con­traire­ment à deux autres pays anglo­phones qu’il émule d’autres façons, soit le Royaume-Uni et les États-Unis, le Canada perçoit néga­tive­ment le lob­by­ing et la représen­ta­tion des intérêts, pour­suite du bien commun.
  • Con­traire­ment aux autres pays qui ont un Con­seil des Arts, il n’existe pas de rela­tion formelle chez nous entre le Con­seil des Arts du Canada et les activ­ités de représen­ta­tion des intérêts du milieu des arts.

  • Con­traire­ment aux organ­ismes sem­blables ailleurs, la CCA n’est pas indépen­dante de l’État qui lui verse annuelle­ment une part impor­tante de son budget.

 

  • Con­traire­ment aux autres pays exam­inés, l’histoire cana­di­enne a com­pro­mis l’articulation d’une iden­tité cul­turelle com­mune qui aiderait à définir des man­dats plus larges et plus consensuels.

À titre de con­clu­sion, on peut dire qu’il existe au Canada une abon­dance d’activités et de ressources visant la pro­mo­tion des arts et de la cul­ture pour le bien pub­lic qui deviendraient beau­coup plus effi­caces et gag­n­eraient du poids en joignant leurs efforts pour mieux servir cette cause. Cer­tains prob­lèmes sont cul­turels, mais d’autres sont con­jonc­turels et peu­vent être traités. Il nous appa­raît cru­cial pour attein­dre cet objec­tif d’étendre les réseaux au-delà du milieu cul­turel à d’autres par­ties prenantes dans la société civile canadienne.

 

Laissez un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée champs obligatoires

*


*

You may use these HTML tags and attributes: <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>