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Une première: un nouveau musée national ailleurs que dans la Région de la capitale nationale

Bul­letin de la CCA 18/07

Ottawa, le mardi 1 mai 2007


Les faits en résumé

Le pre­mier min­istre du Canada, le Très Hon. Stephen Harper, se trou­vait récem­ment à Win­nipeg, Man­i­toba, pour annon­cer la créa­tion du tout dernier des musées nationaux, le Musée cana­dien des Droits de la per­sonne.

La créa­tion d’un tel musée a longtemps été le cheval de bataille d’Israël Asper et sa famille a repris le flam­beau après sa mort afin d’assurer la con­struc­tion de la nou­velle insti­tu­tion à The Forks, à Win­nipeg.  Le gou­verne­ment fédéral s’est engagé à con­tribuer 100 mil­lions de dol­lars à la con­struc­tion de l’édifice, mon­tant qui s’ajoute aux 210 mil­lions de dol­lars qui doivent provenir du secteur privé. Ottawa s’est de plus engagé à fournir 22 mil­lions $ par année pour cou­vrir les frais d’exploitation du nou­veau musée.

La créa­tion du dernier-né des musées nationaux sus­cite l’attention de plusieurs points de vue. Ce sera le pre­mier musée national en dehors de la région de la cap­i­tale nationale et le pre­mier résul­tant d’un parte­nar­iat entre les secteurs pub­lic et privé. Par cette déci­sion, le gou­verne­ment fédéral con­clut ainsi un accord de finance­ment et une for­mule de co-propriété à long terme.

Dans un même ordre d’idées, on ne sait tou­jours pas ce qu’il en est de la rumeur con­cer­nant un autre cas de parte­nar­iat public/privé qui avait fait attirer l’attention des médias il y a quelques mois, à savoir le démé­nage­ment pos­si­ble à Cal­gary, Alberta, du Musée national du por­trait, ini­tiale­ment prévu dans un édifice pat­ri­mo­nial juste en face du Par­lement à Ottawa et pour lequel des réno­va­tions de plus de 9 mil­lions de dol­lars ont déjà été effec­tuées. Le sort de ce musée demeure tou­jours incertain.

Il est intéres­sant de noter que le secteur muséal attend depuis plusieurs mois déjà l’annonce d’une nou­velle poli­tique muséale nationale. Comme on peut le con­stater par suite de l’annonce faite par le pre­mier min­istre à Win­nipeg, il ne sem­ble pas être néces­saire d’avoir une poli­tique muséale fédérale pour procéder à la créa­tion de nou­veaux musées nationaux selon de nou­veaux mod­èles d’affaires.

Pour en savoir davantage

Le pre­mier min­istre a prof­ité de l’occasion pour réaf­firmer l’engagement du Canada et des Cana­di­ens à la cause des droits de la per­sonne. Il a men­tionné les réal­i­sa­tions d’un ancien pre­mier min­istre con­ser­va­teur à ce chapitre, le Très Hon. John Diefen­baker, qui a fait avancer le con­cept et la réal­ité des droits de la per­sonne au pays.

De façon intéres­sante, le pre­mier min­istre actuel a fait remar­quer que « Les fon­da­teurs de notre con­fédéra­tion ont adopté une con­sti­tu­tion qui pro­tège les droits lin­guis­tiques, cul­turels et religieux dans notre sys­tème fédéral, en même temps que les droits démoc­ra­tiques qui sont à la base même d’un gou­verne­ment respon­s­able ». (notre tra­duc­tion et accent)

L’allocution com­plète du pre­mier min­istre vaut d’être lue étant donné qu’on y trouve un engage­ment renou­velé du gou­verne­ment actuel à pro­téger et pro­mou­voir les droits humains et cul­turels des citoyens cana­di­ens tels qu’ils sont enchâssés dans la Charte des droits et libertés.

Musées et lib­erté d’expression

Par­lant de droits de la per­sonne et de lib­erté d’expression, il est oppor­tun de noter qu’un autre de nos musées nationaux fai­sait récem­ment l’objet d’une atten­tion toute par­ti­c­ulière au Sénat : nos séna­teurs ont débattu de l’à-propos d’un texte d’une soix­an­taine de mots util­isé par le Musée cana­dien de la guerre dans un des expo­si­tions pour décrire l’offensive stratégique aéri­enne des forces alliées lors de la sec­onde guerre mondiale.

Le débat a été provo­qué par le sen­ti­ment d’indignation de plusieurs anciens com­bat­tants, repris par le Séna­teur Roméo Dal­laire, con­cer­nant le texte suivant:

« Le bien-fondé et la moral­ité de l’offensive de bom­barde­ment stratégique con­tre l’Allemagne demeurent vive­ment con­testés. L’objectif du Bomber Com­mand était de saper le moral des civils alle­mands en détru­isant les villes et les instal­la­tions indus­trielles. Même si les attaques du Bomber Com­mand et des forces améri­caines tuèrent 600 000 Alle­mands et en lais­sèrent cinq mil­lions d’autres sans abri, ils réduisirent à peine la pro­duc­tion de guerre alle­mande avant la fin de la guerre. »

Le texte con­testé con­tient égale­ment le pas­sage suiv­ant qui porte à réfléchir: « L’Aviation royale cana­di­enne a beau­coup con­tribué à une offen­sive aéri­enne soutenue visant à amoin­drir la capac­ité mil­i­taire alle­mande de faire la guerre (…) Près de 10 000 avi­a­teurs cana­di­ens sont morts lors de cette offen­sive, soit près des trois quarts de tous les mem­bres de l’ARC tués au com­bat au cours de la guerre. »

Le Musée cana­dien de la guerre est asso­cié au Musée cana­dien des civil­i­sa­tions. Il a pour objec­tif de présen­ter une per­spec­tive his­torique équili­brée sur l’implication guer­rière du Canada à tra­vers notre his­toire, un fait claire­ment expliqué dans une expres­sion d’opinion pub­liée sous la sig­na­ture du Dr. Dean Oliver.

De toute évidence, les événe­ments de la sec­onde guerre mon­di­ale ont encore une réso­nance émotive forte de nos jours. Cepen­dant, il ne saurait être ques­tion de restrein­dre la capac­ité des cura­teurs de présen­ter un point de vue équili­bré des événe­ments afin de sat­is­faire celui d’un groupe par­ti­c­ulier, quelles qu’aient été l’importance et la bravoure dont ils ont fait preuve pour défendre le pays et ses valeurs. La Con­férence cana­di­enne des arts (CCA) appuie pleine­ment l’indépendance édito­ri­ale des cura­teurs en cette matière comme l’exprime un com­mu­niqué de presse du 26 avril par l’Association cana­di­enne des musées (AMC) :

« En tant que musée national, le Musée cana­dien de la guerre est une insti­tu­tion fédérale indépen­dante qui agit à dis­tance du gou­verne­ment fédéral. Nous (i.e. l’AMC) appuyons pleine­ment cette indépen­dance; il est impor­tant que ces insti­tu­tions fédérales financées à même les fonds publics puis­sent rem­plir leur man­dat à l’abri de toute inter­férence poli­tique. » (notre tra­duc­tion)

La CCA est fer­me­ment résolue à défendre le principe de l’indépendance cura­to­ri­ale mis de l’avant par l’AMC dans cette affaire ainsi que dans tout autre cas d’intervention à car­ac­tère poli­tique auprès des insti­tu­tions cul­turelles et muséales.

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