Comité permanent du patrimoine canadien, Jean-Pierre Blais, président, CRTC
Question et reponse avec Jean-Pierre Blais
Le 4 octobre 2012
Lois sur les télécommunications et la radiodiffusion
M. Scott Armstrong:
Merci beaucoup de votre réponse.
Les anciens présidents nous ont recommandé de fusionner les lois sur les télécommunications et la radiodiffusion. J’aimerais connaître votre opinion sur le sujet.
M. Jean-Pierre Blais:
C’est peut-être en raison de ma carrière dans les ministères, mais j’ai toujours pensé que ce n’était pas la meilleure idée pour les administrateurs généraux de spéculer au sujet des orientations de la politique du gouvernement.
La Loi sur la radiodiffusion et la Loi sur les télécommunications sont des documents très bien rédigés. Elles sont uniques, parce qu’elles ont des énoncés de politiques au début qui ont permis aux objectifs d’évoluer au fil du temps et au rythme des changements technologiques.
Si le Parlement souhaite modifier les lois, je serai ravi de donner mon opinion, mais mon travail et mon devoir sont actuellement d’appliquer les lois dans leur version actuelle, et c’est ce que nous faisons, c’est-à-dire moi-même, mes conseillers et tout le personnel du CRTC.
Contenu local
M. Pierre Nantel:
Cela est d’ailleurs un peu inquiétant, parce qu’on n’a pas encore trouvé la trace de ces 2 $ sur le compte de quiconque est abonné à un service de câblodistribution.
De quelle façon comptez-vous, au CRTC, vous assurer qu’il n’y aura pas de perte de contenu local si ce programme n’est plus en vigueur?
M. Jean-Pierre Blais:
Relativement à ce qui se passe pour les compagnies qui avaient refilé ces frais aux abonnés, la décision prévoyait qu’elles devaient déposer un rapport sur la réduction des sommes d’argent. Je crois que le rapport était dû le 17 septembre. Nous sommes en train de les étudier et de faire le suivi nécessaire.
En ce qui a trait aux autres compagnies, je mettrais les sociétés dans deux grands paniers. Il y en a qui font partie de grandes sociétés qui ont des intérêts en radio et en télécommunications. On ne devrait pas considérer leur santé financière uniquement par rapport à ces entreprises. Celles qui sont indépendantes ont un plus grand défi à relever, mais on verra cela à l’occasion des renouvellements, parce que nous étudions toujours ces licences.
Selon moi, une des premières obligations qu’un radiodiffuseur devrait avoir porte plus particulièrement sur les nouvelles et l’information publique. Le contenu de l’information est la clé et c’est une des premières choses qu’il devrait s’obliger à faire. D’ailleurs, on doit étudier bientôt le renouvellement des licences de Radio-Canada et c’est une des questions que nous allons aborder avec ces gens à ce moment-là.
Site internet du CRTC
M. Terence Young:
Merci, monsieur le président.
Je sais que vous n’êtes à la tête du CRTC que depuis 100 jours, mais je sais que vous êtes spécialiste des questions relatives à Internet et de ses effets sur la culture canadienne. Vous avez dit que vous vouliez des consommateurs éclairés et habilités, et je crois que c’est très positif. Vous avez également affirmé que, sans la participation du public, vous ne pouvez pas servir l’intérêt public.
Le site Internet du CRTC n’est pas très convivial. Comment les Canadiens sont-ils censés pouvoir trouver des sujets qui les concernent et en faire part au CRTC, si la navigation est très difficile?
M. Jean-Pierre Blais:
Vous avez tout à fait raison. Si j’ai appris une chose au cours de mes déplacements dans les régions, c’est que les gens trouvent que notre site Web n’est vraiment pas convivial. Il est adapté à notre façon d’organiser le tout avec des numéros d’audiences, et ce n’est pas ainsi que nous en faciliterons l’accès aux Canadiens. Même les sociétés à la fine pointe ont besoin d’une personne qui sait comment naviguer sur notre site Web.
Dans notre plan triennal, nous avons proposé une refonte de notre site Web. De plus, en vue de susciter la participation des Canadiens à nos audiences, nous essayons de les rendre moins intimidantes en nous assurant de nous servir des nouvelles technologies. M. Coderre sera heureux d’apprendre que nous nous efforçons de faire participer les collectivités. Les collectivités de langue officielle participeront, par exemple, aux audiences sur le renouvellement des licences de la SRC. La distance est souvent un facteur qui nuit à la participation. Nous espérons donc tenir des audiences en soirée en vue de permettre aux Canadiens qui travaillent pendant la journée d’y assister et de nous faire part de leurs opinions.
Nous avons l’intention de stimuler la participation grâce à la stratégie relative à notre site Web et à la manière d’organiser nos audiences.
Licence pour une station de radio
M. Jim Hillyer:
J’ai une question à vous poser qui, selon moi, cerne bon nombre des différents objectifs dont vous avez parlé. Une entreprise, qui possède une station de radio située dans ma circonscription, a demandé une licence pour en créer une autre. Quels sont certains des facteurs que vous prenez en considération pour déterminer si vous accorderez la licence?
M. Jean-Pierre Blais:
Cela dépend du genre de station de radio visé par la demande, ainsi que de l’état, de la compétitivité et de la composition du marché.
Supposons que quelqu’un a présenté une demande de licence et que nous tenons une audience. Nous examinerons en premier lieu le format proposé, et déterminerons qui sont les autres acteurs sur le marché et si ce format peut avoir des répercussions indues sur le reste du marché. On ne veut pas, en ajoutant constamment de nouvelles voix, affaiblir les autres acteurs, car ils ont une obligation de service public. Ils diffusent des nouvelles et de l’information.
Essentiellement, au cours d’une audience, un groupe de conseillers cherche à déterminer s’il y a de la place sur le marché et si la nouvelle station ajoutera de la diversité aux voix. Comme vous le savez, les stations favorisent la diffusion de nouvelles sur le marché. Par exemple, dans des endroits où il n’y a aucune station de radio, nous encourageons particulièrement l’arrivée de nouveaux acteurs, car il s’agit d’un service à la communauté. Tout dépend vraiment des circonstances qui prévalent quand nous analysons la région concernée.
Je m’inquiète, à l’instar de certains radiodiffuseurs, de l’incidence néfaste que pourrait avoir la délivrance d’un trop grand nombre de licences sur le marché. Les stations de radio accomplissent un excellent travail. Elles ont une vocation très locale et s’impliquent beaucoup dans la communauté en participant à des activités caritatives. Nous devons donc faire attention de ne pas laisser s’instaurer une concurrence si grande qu’elle empêchera les stations d’honorer leurs obligations à l’égard de la communauté. Nous prenons grand soin de ne pas délivrer trop de licences. D’un autre côté, nous ne voulons pas protéger tellement le marché que cela empêche l’arrivée de nouveaux acteurs.