Le Sénat du Canada, Sénateur James S. Cowan sur la Conférence canadienne des arts
Pourquoi le gouvernement n’a-t-il pas au moins donné un délai raisonnable à la Conférence canadienne des arts pour lui permettre d’effectuer la transition vers un autre modèle de financement?
Le 31 octobre
L’honorable James S. Cowan (leader de l’opposition) : Honorables sénateurs, ma question s’adresse aussi au leader du gouvernement au Sénat. La Conférence canadienne des arts, la plus grande alliance nationale des arts, de la culture et du patrimoine du Canada, a annoncé hier qu’elle fermait ses portes 67 ans après sa fondation. Depuis 1965, une partie du financement de cet organisme provenait du ministère du Patrimoine canadien. Le gouvernement Harper a décidé de mettre fin à son financement.
La CCA a demandé qu’on lui donne deux ans pour avoir le temps d’effectuer sa transition vers l’autofinancement. Pour la plupart des gens, cela semblait raisonnable. Elle a commencé à élaborer un plan visant l’autonomie financière dans ce délai.
Cependant, en avril, le gouvernement a annoncé sa décision de supprimer le financement de l’organisme après six mois. Le gouvernement a décidé que six mois était un délai suffisant pour que cet organisme réorganise son financement, après avoir reçu des fonds gouvernementaux pendant 67 ans.
Dans le budget de 2012, le gouvernement a dit ceci :
Le gouvernement est convaincu qu’il est essentiel d’appuyer les arts pour soutenir notre économie et la qualité de vie des Canadiens, et il continuera d’accorder une aide importante à la culture canadienne.
Pourquoi le gouvernement n’a-t-il pas au moins donné un délai raisonnable à la Conférence canadienne des arts pour lui permettre d’effectuer la transition vers un autre modèle de financement?
L’honorable Marjory LeBreton (leader du gouvernement) : Honorables sénateurs, le fait est que le gouvernement a donné à la Conférence canadienne des arts un préavis de 18 mois et lui a remis des centaines de milliers de dollars à titre de financement provisoire pour l’aider dans sa transition vers un modèle viable. On parle de 18 mois. Le gouvernement fournit un appui sans précédent aux arts et il continuera d’investir dans des programmes abordables et efficaces qui soutiennent la culture au Canada.
Le sénateur a demandé que je lui fournisse des exemples. Le gouvernement a augmenté de 20 p. 100 le financement accordé au Conseil des arts du Canada, un organisme de calibre mondial qui favorise les arts et en fait la promotion. Il s’agit de l’augmentation la plus importante depuis des décennies. Le gouvernement a également créé deux nouveaux musées au Canada.
Le sénateur Cowan : Je n’ai pas demandé d’exemples, mais je remercie madame le ministre de les avoir fournis. Peut-être que je donnerai des exemples dans ma question complémentaire.
Le gouvernement a dépensé quelque 30 millions de dollars pour célébrer le 200e anniversaire de la guerre de 1812. Il dépense 25 millions de dollars pour renommer le Musée canadien des civilisations, qui s’appellera le Musée canadien de l’histoire. Le budget de 2012 a abondamment parlé de l’aide accordée par le gouvernement aux galeries d’art et aux musées pour attirer au Canada « un plus grand nombre d’œuvres de calibre international ». Parallèlement, le gouvernement de notre leader a approuvé des dépenses de plus de 64 millions de dollars pour se faire valoir auprès des Canadiens au moyen de publicité. Ce sont là des exemples.
Pendant ce temps, le gouvernement a approuvé des dépenses de plus de 64 millions de dollars pour faire de l’autopromotion auprès des Canadiens. Ce ne sont que des exemples.
Comment ce gouvernement qui tient tant à dépenser l’argent des contribuables pour faire de l’autopromotion, à revoir l’histoire canadienne et à soutenir les artistes étrangers qui veulent se faire connaître au Canada, peut-il fermer les portes d’un organisme dévoué à la cause des artistes et des interprètes canadiens qui travaillent ici, au Canada, en 2012?
Le sénateur LeBreton : Je pourrais demander pourquoi l’enseignement de l’histoire canadienne suscite une telle aversion parmi les membres du Parti libéral du Canada et de l’opposition officielle au Sénat. La guerre de 1812 constitue un chapitre marquant de l’histoire canadienne. Certains événements associés à la guerre de 1812 ont modelé de façon importante le caractère et la nature du Canada. Selon moi, les efforts déployés pour éduquer les Canadiens au sujet de notre histoire ne tiennent pas de la partisanerie. L’histoire canadienne est une chose importante qui devrait être célébrée.
Comme je l’ai déjà souligné, nous avons augmenté massivement le financement du Conseil des arts du Canada. Je le répète, nous avons donné à la Conférence canadienne des arts 18 mois et un financement de transition considérable dans l’attente d’une nouvelle formule de financement.
Le sénateur Cowan : La Conférence canadienne des arts établit des statistiques sur l’impact qu’ont les arts, la culture et le patrimoine sur notre économie. Voilà un autre exemple qui illustre la réticence du gouvernement à rendre les faits et les données facilement accessibles aux Canadiens. Selon les renseignements fournis par cet organisme, le salaire médian des artistes au Canada se chiffre à 12 900 $, soit moins de la moitié du revenu moyen des travailleurs canadiens, qui est de 26 900 $.
Voilà de qui il est question. Contrairement à ce que le premier ministre Harper prétend, il ne s’agit pas d’artistes en habit de gala qui se plaignent la bouche pleine.
Certains ont laissé entendre que la véritable raison derrière la décision du gouvernement, c’est la prise de position de la Conférence canadienne des arts, qui avait recommandé des amendements au projet de loi C-11 sur le droit d’auteur, ce qui aurait mécontenté le gouvernement. Le leader s’en souviendra, c’est le projet de loi qui a été adopté au Sénat à toute vitesse en 11 jours.
(1410)
Pourquoi le gouvernement dont est membre le sénateur continue– t-il à faire taire tous ceux dont l’opinion ne correspond pas parfaitement à la sienne?
Le sénateur LeBreton : Honorables sénateurs, je répéterai ce que j’ai dit bien souvent : je souhaite vivement qu’on arrête de poser des questions dont on sait pertinemment qu’elles n’ont rien à voir avec la vérité.
En fait, le ministre du Patrimoine canadien, James Moore, fait des pieds et des mains pour promouvoir les arts et les artistes canadiens. Nous faisons la promotion de l’histoire et de la culture canadiennes. Rien ne prouve que le gouvernement n’appuie pas les artistes canadiens.
Le sénateur Cowan : Honorables sénateurs, permettez-moi de citer des extraits de deux déclarations. Les propos que je pourrais rapporter sont nombreux, mais je me contenterai d’en citer deux. Ces paroles viennent de membres de cet organisme, qui, je le rappelle, représente 200 associations artistiques et culturelles de tous les coins du pays, notamment des conseils des arts, des galeries, le Réseau des arts pour la jeunesse, des associations d’éditeurs, des musiciens, des danseurs, des troupes de théâtre et des entreprises comme le Cirque du soleil, qui, en passant, s’est produit l’autre jour à Québec devant les membres de l’Union interparlementaire. Je pourrais en nommer bien d’autres, la liste est longue.
Voici donc ces déclarations. La première vient du président de l’Agence canadienne des droits de reproduction musicaux :
Nous appuyons le travail de la CCA parce que celle-ci est la seule voix au Canada pour l’ensemble des créateurs, détenteurs de droits d’auteur et investisseurs dans la culture. Seule la CCA peut parler au nom d’un groupe si divers et elle est la seule à le faire depuis des décennies.
La seconde citation vient de Gerry Barr, directeur général de la Guilde canadienne des réalisateurs :
La Conférence canadienne des arts est le seul organisme au pays qui rassemble tous les intervenants du milieu artistique. Appuyer la CCA, c’est contribuer au dynamisme de la culture canadienne.
Encore une fois, pourquoi le gouvernement a-t-il décidé de ne plus appuyer cet organisme qui fait de l’excellent travail depuis plus de 65 ans? Pourquoi a-t-il pris cette décision sans prévoir une période de transition appropriée pour permettre à l’organisme d’adopter un modèle d’autofinancement?
Le sénateur LeBreton : Honorables sénateurs, j’ai déjà répondu à la question concernant le financement de transition. Je ne peux que répéter que le gouvernement continuera de financer des programmes abordables et efficaces pour appuyer la culture et les arts canadiens.