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Hubert Lacroix

Le nou­veau statu quo, c’est le changement
Il attendait notre appel, c’est lui qui répond d’une voix enrouée, mais ce n’est pas un rhume qui empêchera Hubert Lacroix de se faire intariss­able sur Radio-Canada, ses pro­jets, les employés et les mem­bres de la direc­tion qui l’entourent. Hubert Lacroix, le prési­dent de Radio-Canada dont le man­dat vient d’être renou­velé pour cinq ans veut con­tin­uer le tra­vail amorcé en 2008 sous sa gou­verne. Ce renou­velle­ment est-il un appui du gou­verne­ment, en dépit des réduc­tions budgé­taires annon­cées? « C’est un appui tacite au plan 2015. C’est comme ça qu’on peut l’interpréter, mais nous n’avons pas ces conversations-là (le min­istre Moore et lui). De toute façon, j’aborde ce man­dat dans la con­ti­nu­ité, » de dire Hubert Lacroix.

À quelques jours des audi­ences publiques sur le renou­velle­ment des licences de la Société Radio-Canada, il est cer­tain le sujet a été au cœur même de notre con­ver­sa­tion. Le plan stratégique 2015, « Partout, pour tous, » est encore dans la ligne de mire, même si sa mise en œuvre a été un peu décélérée par les com­pres­sions de 115 mil­lions de dol­lars. La vision de la SRC demeure claire et rien ne sem­ble pou­voir l’éloigner des objec­tifs qu’elle s’est fixée. Trois axes du plan se retrou­vent dans la demande de renou­velle­ment de licence :

  1. Plus d’histoires dis­tinc­tives pré­parées par, pour et sur les Canadiens;
  2. Une présence régionale accrue – pour être là où les Cana­di­ens veu­lent que nous soyons; et,
  3. Plus de ser­vices numériques – rejoin­dre les Cana­di­ens et engager avec eux un dia­logue sur de nou­velles bases.

Pour attein­dre ces objec­tifs, la demande de renou­velle­ment de la SRC inclut la dif­fu­sion de pub­lic­ités nationales sur Espace Musique et sur Radio2. Pour le prési­dent de la Société cette demande est essen­tielle pour assurer la mise en œuvre du plan 2015.

L’élimination du Fonds d’aide à la pro­gram­ma­tion locale (FAPL) fait très mal à Radio-Canada, par­ti­c­ulière­ment au ser­vice français. « La pro­gram­ma­tion locale qui est présen­tée par les radiod­if­fuseurs privés est sou­vent le résul­tat d’avantage aux trans­ac­tions. Cette pro­gram­ma­tion est main­tenue arti­fi­cielle­ment par des con­di­tions de licence du CRTC. Dès que les avan­tages seront échus, il ne restera que Radio-Canada. Il n’y a aucun radiod­if­fuseur privé qui trou­vera qu’il y a un marché pour présen­ter de la pro­gram­ma­tion locale de langue française en Saskatchewan, mais Radio-Canada sera tou­jours là. »

Enfin le déploiement des con­tenus et des ser­vices sur l’ensemble des plate­formes, par­ti­c­ulière­ment sur le numérique, est l’élément clé de la stratégie de la Société. Plus de sept mil­lions de Cana­di­ens n’avaient pas accès à des ser­vices locaux ou régionaux de CBC/Radio-Canada il y a à peine quelques années, main­tenant il n’y en a que 6 mil­lions. Cer­taines villes sont cou­vertes unique­ment par le Web. C’est le cas de la ville de Hamil­ton en Ontario pour laque­lle CBC a ini­tié un site Web de nou­velles locales, de météo, de dis­cus­sions sur les enjeux locaux, sur la cir­cu­la­tion et les choses à faire. Est-ce l’avenir? C’est cer­taine­ment une façon de s’enraciner dans le numérique et dans la vie des gens.

Mais outre cette stratégie, la con­ver­sa­tion au sujet de Radio-Canada tourne sou­vent autour du mil­liard de dol­lars qui lui est accordé et de l’utilité d’un radiod­if­fuseur pub­lic dans un monde où les con­tenus sont mul­ti­pliés et diver­si­fiés. Amener Hubert Lacroix sur ce ter­rain c’est comme pousser le bon bou­ton. Il devient pas­sionné, intraitable, mais jamais sur la défen­sive. « CBC-Radio-Canada reçoit un mil­liard de dol­lars pour dif­fuser en français, en anglais, pour le Nord, sur la radio, la télévi­sion et le Web; on doit être inno­va­teur, desservir les Cana­di­ens en les diver­tis­sant et en les infor­mant. Le mil­liard que l’on reçoit représente en fait une valeur de 4 mil­liards de dol­lars en retombées économiques, en emplois, en pro­duc­tion. Radio-Canada investit 700 mil­lions de dol­lars en pro­gram­ma­tion cana­di­enne; les autres joueurs? 500 mil­lions$. Tous les mois, 88% des Cana­di­ens vis­i­tent, écoutent ou regar­dent un de nos ser­vices au moins une fois. CBC et la SRC sont les seuls à racon­ter nos his­toires. Chez les privés, seule TVA fait de l’excellent tra­vail dans ce domaine. Nous sommes les seuls à faire la pro­mo­tion des arts et de la cul­ture partout au pays. Ce que je dis à ces gens-là c’est : si vous ne voulez plus de pro­gram­ma­tion locale, si vous ne voulez plus de con­tenu cana­dien sig­ni­fi­catif, si vous ne voulez plus de sou­tien aux arts et à la cul­ture, arrêtez-ça. » Mais avons-nous vrai­ment le goût d’arrêter ça? Pas vrai­ment. Alors nous par­lons de l’avenir.

L’avenir de Radio-Canada, du moins pour les prochaines années, se trouve entre les mains du Con­seil de la radiod­if­fu­sion et des télé­com­mu­ni­ca­tions cana­di­ennes (CRTC). En fait, lorsque le Con­seil élim­ine le FAPL, lorsque le Con­seil refuse de régle­menter l’Internet et la mobil­ité; lorsque le Con­seil main­tient qu’il ne deman­dera pas aux four­nisseurs d’accès Inter­net de con­tribuer au sys­tème de radiod­if­fu­sion, il définit ce que sera le sys­tème de demain. Nous savons que les mon­tants des avan­tages liés aux trans­ac­tions seront bien­tôt taris car il reste fort peu à acquérir! Com­ment alors financerons-nous notre sys­tème, com­ment con­tin­uer à assurer une présence cana­di­enne sur l’ensemble du marché? « Si on veut sauve­g­arder notre écosys­tème, chaque joueur a un rôle à jouer, » affirme Hubert Lacroix.

Mais pour Radio-Canada, comme pour tout le monde en ce moment, l’avenir est au change­ment. « Ça va con­stam­ment changer, cela n’ira pas mieux. Il faut être créatif, non seule­ment dans ce que l’on pro­duit, mais dans la façon dont on nous finance. Les employés de Radio-Canada le savent, le com­pren­nent et on se sou­tient là-dedans. Et quand on pense qu’on a ter­miné, on recom­mence. Change is the new sta­tus quo, » con­clut le prési­dent de Radio-Canada.

Biogra­phie

M. Lacroix a pra­tiqué le droit pen­dant 30 ans dont, jusqu’en 2007, auprès du bureau de Stike­man Elliott. Il a acquis de solides con­nais­sances en matière de radiod­if­fu­sion et auprès de l’industrie de l’édition par l’entremise de sa par­tic­i­pa­tion à Télémé­dia et au sein d’autres entre­prises. M. Lacroix a tra­vaillé à Radio-Canada où il s’est fait con­naître comme ana­lyste sportif lors des matchs de bas­ket­ball des Jeux olympiques de 1984, 1988 et 1996. À cette péri­ode, il tra­vail­lait à la fois pour les réseaux de radio et de télévi­sion. Il a égale­ment été un col­lab­o­ra­teur heb­do­madaire régulier à l’émission du samedi soir Hebdo-Sports à la radio de Radio-Canada, où il traitait prin­ci­pale­ment de sport amateur.

Au cours des dernières années, M. Lacroix a aussi siégé au sein des con­seils d’administration de sociétés telles qu’Aventure Élec­tron­ique, Cam­bior, Circo Craft, Dono­hue, Fibrek, Fonds d’investissement ITS, Miche­lin Canada, Secor Transcon­ti­nen­tal, et Zarlink Semi­con­duc­teurs, en plus d’organismes sans but lucratif comme l’Accueil Bon­neau, la Fon­da­tion de l’Hôpital Général de Mon­tréal, la Fon­da­tion Mart­let de l’Université McGill, et le Fonds de développe­ment du Col­lège Jean-de-Brébeuf. Il est encore fidu­ci­aire de la Fon­da­tion Lucie et André Chagnon, ainsi qu’un admin­is­tra­teur de leur société de ges­tion privée.

 

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