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Février 2012 : Roland Mahé

Cha­peau à Roland Mahé – futur retraité du Cer­cle Molière

Nous appre­nions en jan­vier que Roland Mahé, à la barre du Cer­cle Molière depuis près de 45 ans, allait pren­dre sa retraite.  Dif­fi­cile à croire, dif­fi­cile à voir le Cer­cle sans lui, même si nous ne dou­tons pas qu’ il aura laissé des traces indélé­biles de son long engage­ment dans toute la com­mu­nauté théâ­trale et dans la fran­coph­o­nie cana­di­enne, au-delà des fron­tières manitobaines.

On oublie sou­vent que le Cer­cle Molière, mem­bre de la CCA depuis 1995, est la plus anci­enne troupe de théâtre au Canada, toutes langues con­fon­dues.  Le théâtre est un des fleu­rons cul­turels du Man­i­toba, poussé par le plus pas­sionné  qui soit : Roland Mahé.

« Le théâtre, nous aide à avoir une meilleure com­préhen­sion de nous-mêmes», affirme M. Mahé,« le théâtre nous amène en poésie ce que nous sommes réelle­ment. Si on per­dait le théâtre, on perdrait notre âme en quelque sorte. »

Dès  1970 Roland Mahé rêve de faire du Cer­cle Molière une troupe pro­fes­sion­nelle. Sor­tant du réper­toire clas­sique français, il ose inviter les Belles-Sœurs de Michel Trem­blay à la table, une ini­tia­tive un peu con­tro­ver­sée, mais surtout, un  grand suc­cès.  Ce n’est pas d’ailleurs la con­tro­verse qui arrêtera cet homme-là. On le soupçonne même d’aimer brasser la cage.  Mais à par­tir de l’expérience des Belles-sœurs, Roland Mahé mise les créa­tions cana­di­ennes et ouvre son théâtre à la dra­maturgie franco-manitobaine … et il gagne le pari. Les pièces de Roger Auger, Jean-Pierre Dubé, Glenn Joyal, Irène Mahé, Réal Cénérini, Claude Dorge, Marc Prescott et plusieurs autres sont mon­tées au Cer­cle Molière avec des comé­di­ens du Manitoba.

Roland a investi énor­mé­ment d’énergie à dévelop­per aussi son théâtre pour jeunes. C’est ainsi qu’en 1986, toutes les activ­ités jeunesses et sco­laires devi­en­nent la respon­s­abil­ité du Théâtre du Grand Cer­cle sous la direc­tion d’Irène Mahé, sœur cadette de Roland. Ce sont ces jeunes devenus grands qui sont les spectateurs,

auteurs et comé­di­ens de ce théâtre man­i­to­bain. L’année dernière, le Fes­ti­val Théâtre-jeunesse souf­flait ses 40 bou­gies et cette année, le TGC célèbre ses 25 ans.

« Ce sont les moyens qui nous man­quent en milieu minori­taire, on doit suf­fire à tous nos besoins. C’est pourquoi la for­ma­tion est aussi impor­tante; nous for­mons des metteurs-en-scène, des auteurs, des comé­di­ens et on leur assure un débouché. »

Roland Mahé croule sous les hon­neurs mais reste hum­ble.  Il est le pre­mier artiste à avoir reçu le prix Man­i­toba (1995) pour sa car­rière et pour sa con­tri­bu­tion aux arts dans la province. En 2001, l’Association des théâtres fran­coph­o­nes du Canada lui décerne le Prix Mar­cus, une dis­tinc­tion accordée à « une per­sonne ayant con­tribué de façon excep­tion­nelle au développe­ment du théâtre au Canada fran­coph­one ». En 2004 il reçoit l’Ordre des fran­coph­o­nes d’Amérique et en 2009,  c’est l’Ordre du Man­i­toba, la plus haute dis­tinc­tion hon­ori­fique de la province.

Mais que restera-t-il des 44 ans de Roland Mahé à la barre du Cer­cle Molière?

« Je crois que j’ai su créer un lien intime entre la com­mu­nauté franco-manitobaine et le Cer­cle, entre les gens et le théâtre. Notre nou­veau théâtre a coûté 10 mil­lions de dol­lars et 3 mil­lions de dol­lars prove­nait de la com­mu­nauté franco-manitobaine.»  C’est tout dire!

Roland Mahé est-il pes­simiste ou opti­miste face à l’avenir ?

«  Par rap­port au Cer­cle Molière, je suis opti­miste. La cul­ture man­i­to­baine a des racines pro­fondes et le Cer­cle Molière est solide­ment implanté dans son milieu.  J’ai un peu plus de craintes par rap­port au cli­mat de coupures dont les con­séquences pour­raient être graves. Et dans ce con­texte, on se demande quelle est la vision d’avenir pour la culture. »

Quand on regarde le legs de Roland Mahé et l’apport du Cer­cle Molière à la cul­ture cana­di­enne, il y a de quoi être fier et pos­si­ble­ment de rêver à l’avenir avec sourire. Quant à Roland Mahé, quelque chose nous dit qu’il ne s’éloignera pas trop du monde du théâtre…à notre grand plaisir.

   

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