La concession statutaire (ferme) et le concessionnaire (fermier)
Au tournant du siècle, les fermes étaient très petites. Les colons étaient dans la région depuis peu et devaient consacrer beaucoup de temps et d'énergie pour défricher la forêt et la prairie. C'était une tâche très ardue, car tout se faisait soit avec la force des bras ou avec l'aide de boeufs ou de chevaux. Les colons n'avaient pas de tracteurs ou de scies mécaniques pour faciliter leur tâche. Il fallait plusieurs années avant que le fermier ait tout défriché. En attendant, quelques acres défrichés pouvaient assurer sa subsistance et celle de sa famille :
« La ferme avait habituellement 160 acres avec quelques bâtisses en bûches rondes ou équarries. L'eau provenait de puits peu profonds ou de petites fondrières. La plupart des concessions avaient un caveau pour les patates cultivées chez soi ou autres légumes. Toutes les fermes avaient du bétail comprenant chevaux de trait, bestiaux, porcs, moutons et volailles. Quelques concessionnaires avaient des abeilles pour la production de miel. On trouvait aussi sur les concessions des harnais, des charrettes et des traîneaux. Si l'on était en meilleure position financière, on pouvait y voir un boghei ou une démocrate. » (Histoire de Beaumont, 1985 : 99)
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La machinerie agricole
« La machinerie agricole comprenait une charrue d'un ou deux socs, une herse, un disque (ordinairement de six pieds), un traîneau et un râteau. Les outils essentiels consistaient en une faux, une faucille, une hache large, un broyeur, des scies (scie à glace), des tenailles à glace, etc., plus les outils habituels tels que le marteau, le rabot, la plane et les pinces. » (Histoire de Beaumont, 1885 :99)
L'établissement
« À son arrivée, un nouveau colon choisissait un quart de section et y dressait sa tente. Puis il remplissait son application pour sa petite ferme et se mettait au travail. Il devait couper les arbres et éclaircir les arbustes. Normalement, il montait sa cabane en quelques jours, chaque cabane ayant son propre style et ses particularités. Certains n'eurent jamais de plancher. » (Histoire de Beaumont, 1885 : 101)
« Les toits, particulièrement ceux des débuts, furent souvent construits de poteaux et de branches recouvertes de gazon et de terre. Le mobilier était rudimentaire, un poêle, des blocs de bois pour bancs, et même pour table, et le lit comprenait une simple toile goudronnée et une couverte. Des armoires et des tablettes étaient des nouveautés de luxe. » (Histoire de Beaumont, 1885 : 101)
L'agriculture -- Défricher
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Le cassage
À l'exception de la prairie, il fallait couper les arbres et couper les racines avant de pouvoir y semer des graines. C'était un travail ardu, car les concessionnaires n'avaient pas de scies mécaniques ou de tracteurs. Tout se faisait à la hache et avec des chevaux ou des boeufs. « À l'exception de quelques éclaircies, chaque acre à défricher devait se faire en abattant les arbres à la main, en enlevant les souches avec un attelage de boeufs ou de chevaux, en cassant la terre avec une charrue qui ne coupait pas la plupart des racines, lesquelles devaient être coupées à la hache avant de continuer avec la charrue. Après le cassage, on devait arracher les racines, les empiler et les faire brûler. Tout cela était un travail éreintant qui laissa plus d'un fermier brisé et usé avant son temps. » (Histoire de Saint-Paul: 49)
Défricher la prairie
Les colons du Nord de la province devaient défricher la forêt pour parvenir à semer quelques acres. Il fallait couper les arbres, arracher les souches à l'aide de boeufs ou chevaux et couper les racines. Lorsque les arbres de la forêt avaient été coupés, il fallait ensuite labourer le sol pour la première fois. C'était une tâche très ardue, car il y avait toujours des roches et des racines. Dans le sud se retrouvait la prairie. Ces vastes étendues de terres étaient recouvertes d'herbe et les arbres étaient très rares. Les premiers colons n'avaient pas à couper les arbres mais ils devaient défricher la prairie, qui était tout aussi difficile. Les racines de la tourbe étaient très compactes et se coupaient difficilement, même avec une charrue d'acier.
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Les difficultés à défricher la prairie
Les colons ne pouvaient défricher la prairie s'il n'avait pas plu récemment. « Sitôt achevé la préparation de ma jachère, j'essayai de défricher une nouvelle bande de gazon. Cependant, la pluie n'était pas venue et dans la terre déjà sèche mes chevaux n'avançaient qu'avec peine... la charrue rejetée sans cesse à droite et à gauche par les cailloux rencontrés dans le sillon... » (Borel, 1928: 19192)
Un colon français nous décrit sa concession dans la prairie : « C'étaient, au sein de l'immense Prairie dénudée et presque plate, à quarante milles de la voie ferrée la plus rapprochée, deux grands carrés de terre vierge criblés de hideux « brûlés » et semés sur toute leur étendue de nombreux cailloux qui dissimulait mal cette région semi-aride de l'Alberta. » (Borel, 1928: 9)
Les brûlés : « Petites cuvettes dues probablement à l'action d'un feu de Prairie survenu pendant une période de sécheresse excessive, au cours de laquelle la terre végétale même avait brûlé. » (Borel, 1928: 9)
La herse à disques
« Après la charrue, la herse à disques ou pulvérisateur à disques est l'instrument le plus indispensable au colon de l'Ouest. Afin d'effriter les bandes de terres labourées pour la première ou deuxième fois, on passe la herse à disques plutôt que celle à dents, trop faible et trop légère, qui était incapable d'entamer le tissu radiculaire (la tourbe) serré et dur. Elle se compose de dix, douze ou seize disques en formes de cuvettes, d'un pied de haut environ, disposés sur deux axes mobiles situés dans le prolongement l'un de l'autre. Lorsque l'instrument roulait à travers la prairie, les disques ne raient que très légèrement le sol. Dès qu'il arrive sur le défrichage, le conducteur, à l'aide d'un levier, modifie la position des deux trains de disques, qui prennent la forme d'un V à l'angle très obtus. Les cuvettes, tournant dans une position oblique, soulèvent, retournent et émiettent la terre du labour. » (Borel, 1928: 109)
L'eau
Le pionnier de l'Ouest devait s'assurer une source d'eau fiable pour lui-même et son bétail. Dans la prairie, l'eau était rare et celui qui pouvait trouver une source d'eau sur sa concession était très fortuné. Pour trouver les filons ou nappes souterraines qui alimenteraient un puits, les colons essayaient de trouver l'herbe à l'eau. Cette plante possède de très profondes racines et ne prospère que si ses racines atteignent une source d'eau souterraine. C'était un bon endroit pour creuser un puits.
Creuser un puits
« Dès l'aube, Dunkirk et moi, nous mîmes à l'oeuvre. À l'endroit indiqué, à l'aide d'une pioche et d'une pelle, nous enlevâmes le gazon, puis la glaise desséchée, sur un carré de trois pieds de côté. Lorsque nous ne pûmes plus rejeter commodément la terre au loin, Dunkirk resta seul dans le trou. De sa pioche, il détachait les mottes. Je descendais une corde à l'extrémité de laquelle était attaché un vieux seau de zinc. Mon compagnon le remplissait avec une courte pelle; je tirais sur la corde et vidais le seau à quelques pas. » (p. 143.)
Saviez-vous que...
« L'avoine dans cette région produisait en moyenne 44,5 minots par l'acre en 1898.
L'orge produisait dans cette région en moyenne 32 minots par l'acre en 1898.
Le blé produisait dans cette région en moyenne 25 minots par l'acre en 1898.
À l'automne de 1899, les récoltes étant très belles, 38 fermiers formèrent une compagnie pour l'achat d'une machine à battre.
En 1906, le blé se vendait 65 sous le minot. L'avoine, 25 sous le minot, et l'orge à 98 sous le minot.
De 1906 à 1911, Joseph Bolduc et William Brunelle opéraient une scierie mobile.
En 1907, Francis J. Hodgson et S. H. Johnston étaient nommés gardiens de feu pour la région immédiate de Beaumont.
En 1908, Jos Brissard était nommé garde-chasse pour la région de Beaumont. » (Histoire de Beaumont, 1985: 103)
« Courrier de l'Ouest, 13 décembre 1906
M. Bernard Charest vient de faire l'acquisition d'un moteur à gazoline qui fera fonctionner un concasseur de grain. M. Charest est heureux d'avertir le public que son concasseur marchera tous les jours. Les cultivateurs qui voudraient faire broyer leur grain y trouveront de grands avantages. » (Histoire de Beaumont, 1985: 103)
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