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Ces
futurs graviers étaient souvent très, jeunes. Comme je l'ai déjà
noté, la pêche côtière exigeait une main-d'oeuvre beaucoup plus
importante que la pêche du Grand Banc et au cours du dix-neuvième
siècle, elle attirait de moins en moins de pêcheurs expérimentés.
On avait toujours besoin de mousses ou de novices. On avait fixé
l'âge limite à seize ans, au début du siècle, mais nous avons
des raisons de croire que certains novices de la pêche côtière
n'avaient que douze ou treize ans, lorsqu'ils s'embarquaient dans
leur nouvelle carrière. Le prestige associé à la vie du marin
ou du pêcheur, ainsi que le besoin économique, poussaient de nombreux
jeunes Bretons à s'engager dans un métier dont ils ignoraient
toute la réalité.
Une
fois sur mer, pourtant, la réalité s'imposait. En tant que passagers
inutiles, les futurs graviers étaient dotés des pires couchettes
pour une traversée de quatre semaines, et vivaient dans des conditions
malsaines et peu confortables. Après l'arrivée à St-Pierre, il
fallait débarquer, puis embarquer de nouveau pour la factorie
qui les attendait sur la côte française, pour un séjour d'à peu
près six mois, qui ne leur offrirait que de longues heures d'un
travail épuisant. Au contraire de ce qui se passait à Codroy,
à St-Georges et à Port-au-Port, les graviers de l'île Rouge n'avaient
la possibilité d'aucune vie sociale, si simple qu'elle fût. Car,
dans ces trois endroits il y avait des villages qui commençaient
à s'établir, alors qu'à l'île Rouge il n'y avait pas de population
locale, et je crois que cette situation a contribué au nombre
assez élevé de désertions qui eurent lieu sur la presqu'île. Il
faudrait noter, d'ailleurs, que l'île Rouge fut la base de pêche
côtière la plus active, pendant le dix-neuvième siècle.
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