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N'oublions
pas, toutefois, que Gobineau représentait son pays et ses intérêts
commerciaux. Il n'allait donc pas peindre un portrait trop déplaisant
des établissements de pêche français. Malgré l'état du logement
qu'il évoque, il ajoute néanmoins:
Il
paraît cependant prouvé par l'expérience qu'il n'en résulte aucun
dommage, et que les équipages de pêche jouissent de la plus florissante
santé. Toujours à l'air, toujours activement occupés, les hommes
n'ont pas le temps de prendre de l'ennui, leur sang circule activement,
et ils ne sont pas sujets aux rhumes dont l'apparition, contrairement
à ce qu'on devrait supposer, est fort rare dans ces parages. On
est toujours plus ou moins mouillé, et on ne s'en trouve pas plus
mal. Il est des grâces d'état.
Mais
il ne faut pas s'étonner d'un tel point de vue sortant de la plume
de l'auteur d'un Essai sur l'inégalité des races humaines. Gobineau
reprend sa description de l'île :
La
grève était couverte, de manière à flatter aussi peu la vue que
l'odorat, d'une couche de débris sanglants de morue; têtes et
entrailles chargeaient le galet aussi abondantes que le sont ailleurs
les plantes marines rejetées par la vague. À quelques pas s'élevait
la paroi presque droite du cône. L'établissement proprement dit
est au sommet. On a construit en planches un escalier roide comme
une échelle, accosté à droite par des rails en bois sur lesquels
montent et descendent, avec l'aide d'un cabestan placé au sommet
du mont, tous les fardeaux qu'on veut faire circuler.