Alfred Pellan
Fillette en rouge

1941
(c) Alfred Pellan/SODRAC (Montréal) 2000

 

Figuration revisitée

 

1941

 

 

 

Au début des années 1940, deux figures s'imposent comme les chefs de file du champ artistique québécois : Alfred Pellan et Paul-Émile Borduas.

À cette époque, Alfred Pellan revient tout juste d'un long séjour à Paris où il s'est familiarisé avec les courants d'avant-garde, notamment avec le travail des cubistes et des surréalistes, et il jouit déjà d'une belle réputation dans le milieu artistique québécois.

 

À Montréal, Paul-Émile Borduas enseigne à l'École du meuble et ses avancées picturales sont déjà remarquées. Tous deux auront une influence majeure sur leurs contemporains en ce qu'ils repousseront les limites de la figuration en imposant une conception plus moderniste de la peinture. On voit clairement, dans ces deux tableaux réalisés en 1941, l'amorce de cette nouvelle approche picturale.

La Fillette en rouge de Pellan met directement en contraste, voire en opposition, deux modes de représentation. Le visage à la facture léchée, modelée et réaliste se trouve coincé entre l'aplat écarlate qu'est devenu le vêtement de la fillette et un fond purement décoratif qui révèle des intérêts plastiques très modernistes.

 

Chez Borduas la représentation est aussi encore clairement identifiable : une nature morte, comme l'indique son titre. Cependant, ce qu'indique aussi le titre, Les raisins verts, c'est tout le réseau de points verts qui anime la nappe, montrant du coup davantage la surface peinte que le sujet représenté, soulignant en fait que ce qui est à voir c'est la peinture, le vert pur des touches davantage que les raisins.

La perspective rabattue par le losange créé par le tissu et par un cerne noir très important, presque un trou noir, autour des fruits et derrière la nappe affirme la surface peinte comme sujet central de l'œuvre.

 

 

 

Paul-Émile Borduas
Les raisins verts

1941

 

Ces questionnements sur les paramètres mêmes de la peinture mèneront les deux artistes au cours des années 1940 vers des avancées picturales importantes, l'un, Pellan, ouvrant les possibilités de la représentation à travers le surréalisme figuratif, l'autre, Borduas, déployant les possibilités expressives de la peinture en créant l'automatisme.

 

A.M.N.