Feux du mauvais temps
Diane Thériault : Avez-vous déjà
entendu parler des feux du mauvais temps?
Ah oui. Les feux du mauvais temps. Ça
j'l'ai vu moi-même. C'était un bateau là,
la mer était assez grosse là, pis i voulait
aller au large, pour traverser une place. Pis l'monde qu'était
le long d'la côte i ont dit : « Traversez pas
pareil temps, vous allez vous perdre ». l ont dit :
« Y a rien qui nous arrête ». Toujours i
ont pris le large, pis quand i ont atteint un certain boutte,
comme dépassé le ch'nal là i aviont callé.
l sont perdus. Pis après ça c'te bateau-là
i voyiont ça comme la veille d'un mauvais temps. Pis
là le soir j'travaillas là pis c'était
à 12 milles de che nous. Pis j'restais là toute
la semaine. Pis une fois i était de bonne heure le
matin. Pis là i fallait que je descende à l'ouvrage,
j'avais de l'ouvrage à faire avant 7 heures. Je coupais
des pierres à faux. Pis toujours i fallait que je descende
au havre. Pis quand j'ai arrivé au havre, j'ai vu un
gros bateau qui était comme toute allumé. C'était
pareil comme quand on allume une lumière le soir. Pis
là j'voyais toutes les châssis. Pis c'était
toute allumé ça la dedans. Ça fait j'ai
pensé que ça pouvait être les feux du
mauvais temps. Ça c'était comme un gros bateau.
l était là, pis i grouillait pas en toute là-bas
au large. Ça fait j'ai dit ça à un mes
oncle où ce que je pensionnais. Toujours i dit c'est
le feu du mauvais temps. Moi je l'ai vu passer icite de bonne
heure le matin. Ben j'ai dit moi aussi i était de bonne
heure quand j'l'ai vu passer. l était pas plus que
7 heures du matin.
Honoré Robichaud (87)
Caraquet (Gloucester) NB
1983
Université de Moncton, Centre d'études
acadiennes, Collections Diane Thériault
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