Le Vaisseau Fantôme
Plan de site Accueil
Le Bateau de Feu
Légendes Histoires Pièce de théâtre Revue de presse Témoignages Bibliographie La Baie des Chaleurs Catherine Jolicoeur Carte géographique liens
Témoignages
51
57      
Précédent     Suivant

 

 
Témoignages

Le bateau-fantôme

Diane Thériault : Avez-vous déjà entendu parler du bateau-fantôme?

Ça le bateau-fantôme c'était comme un gros feu orange qui se faisait du côté de Maisonnette. Pis ça, ça changeait de place. Mais après ça quand on a venu à vieillir, c'était certainement des gaz qui sortaient qui faisaient ça.

D.T. : Le monde avant qu'est-ce qu'ils pensaient que c'était?

Ah ben ils pensaient que c'était le feu du mauvais temps.

D.T. : Les feux du mauvais temps, qu'est-ce qu'ils pensaient que c'était?

Ah ben là, il y a une histoire là-dessus. Ben moi, d'un autre côté, j'étais aux Îles-de-la-Madeleine l'année passée, pis il y a quelqu'un qui me contait d'eux autres qu'ils en voyaient de ces feux-là aussi. Ben ils n'ont jamais pensé aux feux du mauvais temps. Rien de ça. Ben le terrain était humide pis des soirées avant qu'il fasse mauvais, ben ça se promenait ces feux-là. Pis c'est supposé que c'est des gaz qui sortaient d'la terre. Mais le feu du mauvais, il y avait une autre histoire là-dessus. Il paraît que c'était un bateau qui s'en venait pour porter d'la marchandise ou quelque chose. Pis il y avait des brigands qui voulaient voler le bateau. Ça fait, ils s'en ont venu par derrière le premier bateau pour l'attaquer. Mais quand ils l'ont attaqué il y avait un prêtre à bord. Ça fait, ils ont pris le prêtre et il paraît qu'ils l'ont attaché au mât. Pis ils ont mis le feu sur le bateau. Ça c'est l'histoire qu'ils nous ont racontée.

D.T. : Vous me disiez que vous aviez trouvé quelque chose sur le feu du mauvais temps?

Oui. J'ai trouvé un récit que ma grand-mère Allard me racontait souvent. C'était à propos du feu du mauvais temps. Ça c'est le récit de grand-mère Alard :

Dans ma plus petite souvenance, on parlait du feu du mauvais temps. Chaque fois qu'il apparaissait, on était sûr d'avoir une tempête en dedans de 24 heures. Ma mère nous a raconté souvent, souvent des fois. En premier temps, il n'y avait pas de quai le long des côtes, quand un navire arrivait il fallait une petite barque pour venir au rivage ou aller au navire. Les gens de la côte avaient l'habitude de trafiquer avec les navires toutes sortes d'effets vendus.

Un jour il y a bien longtemps, un fermier du nom de Roussy de Paspédiac, je crois avec des amis, s'en fut vendre du boeuf et du porc à un gros brigg mouillé au large; on ne sait pas au juste ce qui s'est passé. Le fait est que ces gens ne revinrent jamais à terre. On les a décompté pour toujours. Sans doute l'équipage du brigg était des forçaires ou pirates de la pire espèce. On a supposé qu'ils ont massacré les Roussy après les avoir volés. N'importe comment c'est depuis ce temps que le feu du mauvais temps apparaît la veille des grosses tempêtes. Des pêcheurs courageux se sont approchés du feu du mauvais temps et voici ce qu'ils ont vu : Un grand brigg à trois mâts enveloppés de grandes flammes. On entendait un vacarme infernal, on voyait les matelots perdus, courir sur le pont, grimper dans les mâts, sonner la cloche, tirer du canon, le capitaine hurler des ordres, tirer du mousquet. Des chaînes grinçaient des portes, un lambeau battait au vent et les flammes ne les consumaient pas. Au pied du grand mât, un prêtre en soutane était garrotté et entouré de flammes. Des matelots le frappaient en vociférant des blasphèmes. Quant aux Roussy, ils étaient amarrés aux autres mâts et des matelots les torturaient. Pour tous les pêcheurs qui se sont approchés du bateau en feu, ils ont constaté la même chose; il n'y a pas de fiance au feu. Plusieurs pêcheurs ne voient pas le bateau ou d'autres s'aperçoivent qu'il a basi, disparu en quelque sorte. La veille des plus grosses tempêtes, le feu se divise en deux. Ce sont ces lignes-là que ma grand-mère Allard nous parlait tout le temps, pis moi j'avais copié ça, pis je l'avais oublié là. Ça m'est venu l'autre jour.

À noter : La mère de Mme Yvonne Cormier est morte à 104 ans.

Yvonne Cormier (86)
Caraquet (Gloucester) NB
1983

Université de Moncton, Centre d'études acadiennes, Collections Diane Thériault

Haut de la page

 
© 2002 Centre culturel Marie-Anne-Gaboury d'Edmonton. (Tous droits réservés)